Les Boîtes en carton de Tom Lanoye

Les Boîtes en carton de Tom Lanoye
(Kartonnen dozen)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Dirlandaise, le 4 octobre 2013 (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 719ème position).
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Homosexualité naissante

Au cours d’un voyage scolaire, un jeune garçon tombe en amour avec un autre garçon participant lui aussi au voyage. Incapable de se déclarer, il se contente de fantasmer jour après jour en observant l’objet de sa vénération. Il détaille toutes les parties de son anatomie avec délices et laisse son imagination vagabonder. Il se voit faisant l’amour et caressant cette beauté juvénile si attirante. Quelques années plus tard, un autre voyage réunit les deux amis. Cette fois, l’attirance est réciproque. Le fantasme deviendra-t-il réalité ?

Très beau roman autobiographique décrivant l’éveil de la sexualité chez l’enfant puis l’adolescent que fut Tom Lanoye. Cet amour obsessionnel remplit la vie et les rêves de sa jeunesse. Tout est décrit avec pudeur et retenue. Les sentiments douloureux issus de cette attirance trouvent une compensation dans l’extase de la masturbation.

Ce récit empreint d’humour m’a fait sourire à plusieurs reprises surtout lors de la description du deuxième voyage qui a amené la petite troupe en Grèce. Certaines situations décrites sont très amusantes. C’est raconté avec une verve et un sens certain de la dérision. La société belge puritaine et catholique de l’époque constitue la toile de fond des aventures sulfureuses de Tom Lanoye au pays du sexe et de la jouissance. Rien n’est choquant cependant et le talent de raconteur de l’auteur m’a charmée au plus haut point. Tout est finesse et subtilité : regards tendres, petits gestes furtifs, non-dits, communication muette ou codée. Même éphémère, l’amour trouve toujours son chemin malgré les embûches et les contraintes sociales rigides des années septante. Savoureux !

« Je n’ai pas d’armoire à archives, mais sept planches accrochées au mur, dont celle du haut est pleine de boîtes. Dans six d’entres elles repose mon enseignement secondaire, dans les autres, mes années d’université. Je les ai longtemps conservées par autosatisfaction, comme un hommage rendu à moi-même. Avec l’excuse qu’il était utile de garder sous la main, tout le substrat de mon développement intellectuel, afin de pouvoir rechercher rapidement un élément quelconque si ma mémoire me trahissait. Durant toutes ces années, je n’y ai jamais rien recherché, quoique j’aie oublié des tas de choses. Mais j’ai conservé les boîtes. On ne jette pas aux éboueurs un parent décédé, non ? Alors ?"

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Les éditions

  • Les boîtes en carton [Texte imprimé], roman Tom Lanoye traduit du néerlandais (Belgique) par Alain Van Crugten
    de Lanoye, Tom Van Crugten, Alain (Traducteur)
    la Différence / Littérature étrangère (Paris. 1998)
    ISBN : 9782729120122 ; 3,48 € ; 03/01/2013 ; 191 p. ; Relié
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Des boîtes à l’odeur de nostalgie.

8 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 22 juin 2015

Ce court roman évoque l’adolescence de l’auteur au cours de laquelle s’est révélée son homosexualité.
Considéré comme un ouvrage contemporain de référence pour la Belgique néerlandophone, ce livre est sur plusieurs points remarquables, certainement au sens étymologique du terme.

Il est d’abord d’un bon niveau littéraire, mais surtout il a abordé un thème à une époque où il était encore peu évident de le faire dans cette Flandre bourgeoise et catholique au sein de laquelle l’auteur a grandi. Habitant moi-même à quelques encablures de Saint-Nicolas-Waas, ville natale de l’auteur, mais non explicitement nommée, on peut aussi reconnaître assez aisément le fameux établissement scolaire décrit dans l’histoire.

A travers des personnages familiaux et du corps professoral qui ont marqué sa jeune existence, Tom Lanoye fait une description critique mais assez objective d’une société flamande des années 70, celle qui était, comme il le présente «encore belge», et pas consciente de ses futures contradictions. On respire l’odeur du papier des ouvrages de rhétorique, on voit le crucifix suspendu au-dessus du tableau noir et ces professeurs en soutane à l’autorité naturelle.
Le personnage assume ici aisément ses propres orientations sexuelles, mais par contre il semble ne pas vouloir admettre tout de suite que celles-ci restent minoritaires bien que chacun d’entre nous possède en lui ou en elle une part de l’autre genre.

S’agit-il de l’histoire d’un amour impossible ? Je ne le crois pas, car il ne semble avoir eu que l’illusion que ce fût à un moment possible. S’agit-il d’une réussite littéraire ? Certainement par l’art de raconter des choses difficiles de manière simple et non choquante.

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