Une jeune femme de soixante ans
de Jean Chalon

critiqué par Bolcho, le 12 mai 2003
(Bruxelles - 76 ans)


La note:  étoiles
J'en reste sans titre
Les amours d’une jeune femme de soixante ans. Lisez le « verso du livre » pour l’ambiance.
Elle est femme et jeune à soixante ans ? Pourquoi pas. Mais elle est snob, inutile, laborieusement hors norme comme le livre lui-même. Et les autres personnages sont vains et sophistiqués comme des distractions de riches. « Pétillant comme vin de champagne » dit la 4 de couverture. Pétillant ? Je ne sais pas. Mais les bulles sont très vides comme chacun sait.
On nous assène de prétendues originalités charmantes. Par exemple, cette vieille évaporée qui « (…) laisse des pourboires royaux plutôt que de payer ses dettes ». Je suppose que dans le Tout-Paris du Figaro, ce genre de comportement est perçu comme infiniment classe, et sans doute fait-il même passer un délicieux frisson d'interdit sur ces peaux de ploutocrates qui, le temps d’un chuchotement canaille, se prennent pour les Che Guevara de la « Tour d’Argent ». L’auteur parle à plusieurs reprises de l'hebdomadaire « Le Nouveau Snob ». L'allusion est transparente, perfide et pas forcément fausse. Mais elle vaut son pesant de souffrance : le dédain pour « Le Nouveau Snob » est celui qu'affichent d'Anciens Snobs qui se sentent oubliés, eux, dont les originalités souffreteuses n’intéressent plus personne. J'ai noté aussi cette curiosité. L’héroïne a donc soixante ans et son amant en a trente. « A nous deux, nous avons un siècle » dit-elle. Le jeunot rectifie : « Dans dix ans seulement ». Zéro en calcul. Moi je dis qu'on rate son Certificat d’Etudes de Base pour moins que ça.
Et puis, c’est dommage que l’auteur nous tartine tout ce clinquant niais et guindé. Il y avait là un vrai sujet de société possible sur les amours vieillissantes.