Fraternités, Tome 1 : 1792, l'Ordre guillotiné
de Jean-Christophe Camus (Scénario), Ramon Rosanas (Dessin), Dimitri Fogolin (Couleurs), Ronan Toulhoat (Autre)

critiqué par JulesRomans, le 7 octobre 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Francs-maçons que de haines envers vous !
Cette BD a reçu la "bénédiction" de Didier Convard, (scénariste du "Triangle secret") qui en assure la préface. Ce premier tome démarre au moment de la Révolution française et entend être le premier d’une série qui d’étape en étape nous montrera, sinon la franc-maçonnerie, du moins des francs-maçons dans des moments cruciaux de l’histoire de France. La première phrase de Didier Convard est :

« Ce fut et ce sera toujours ainsi : le frère tue le frère ».

Elle est bien adaptée à ce tome où les pires ennemis des francs-maçons trouvent un sérieux appui auprès de "renégats". Ils sont deux ici, un est un personnage historique le duc d’Orléans devenu alors Philippe-Égalité ; celui-ci a été grand maître du Grand Orient de France de 1771 à 1792 et a rompu définitivement avec les francs-maçons début 1793 (il meurt en novembre de la même année). L’autre traître à la franc-maçonnerie est un être appartenant à la fiction qui entend détruire les frères trois points pour se venger d’un de leurs dirigeants à qui il reproche certaines actions qui ont bouleversé sa vie.

Le récit introduit habilement l’idée qu’avant la Révolution la présence dans les loges des hommes d’Église est chose courante. D'autre part à travers l’évocation de la réception de Voltaire dans la confrérie (trois pages entières à la cérémonie d’initiation de ce dernier) est approchée le fait qu’à l’époque des Lumières une bonne partie de l’élite intellectuelle française fréquente peu ou prou les loges. Une autre volonté didactique honorable, est de tenter d’expliquer comment l’abbé Lefranc (mort lors des massacres de septembre 1792) fut à l’origine de l’idée que la Révolution française était un complot franc-maçon. Dans la partie documentaire on a eu l’élégance de ne pas signaler que ce personnage était natif de Vire, ville bien connue pour ses andouilles…

Le graphisme est très en phase avec ce qui se fait en matière de BD historique, la mise en page est très dynamique variant taille des vignettes, angles de vue et choix des plans. Les couleurs sont (déjà) d’une tonalité thermidorienne (époque des incroyables et des merveilleuses).