L'affreux pastis de la rue des Merles
de Carlo Emilio Gadda

critiqué par Frunny, le 7 octobre 2013
(PARIS - 59 ans)


La note:  étoiles
La littérature élevée au rang de Farce !
Grâce à Louis Bonalumi et François Wahl, la France des années 60 a pu découvrir les grands livres d’un passionné de mathématiques et de philosophie qui fut longtemps ingénieur avant de devenir un écrivain italien célèbre; Carlo Emilio Gadda (1893-1973).
Son livre le plus populaire est incontestablement L’AFFREUX PASTIS DE LA RUE DES MERLES publié en 1957.

Une oeuvre indéfinissable...
Le fil du récit est policier: dans un immeuble cossu d'un quartier populaire de Rome, immeuble baptisé "la ruée vers l'or", à trois jours d'intervalle, une comtesse vénitienne est victime d'un vol de bijoux et- sur le même palier, porte en face- une petite bourgeoise pieuse, est retrouvée morte au milieu d'une mare de sang.
Don Ciccio, possédant une certaine routine de notre monde dit "latin" mène l'enquête.

"Le Pastis est une farce, et le sexe en est la clé".
On comprend rapidement que l'enquête policière n'est qu'un prétexte. La puissance de ce roman est ailleurs.
Un roman de tous les genres littéraires, de tous les pastiches, de toutes les parodies, de toutes les ressources de la rhétorique. Des histoires de famille complexes où faut bien s’accrocher aux branches généalogiques au point qu’il a fallu dessiner un arbre.
Pas un chapitre sans un passage savoureux; Jugez plutôt :

" A Marino, y avait mieux que l'ambroisie ! Chez Pipo, en effet, on trouvait un blanc homicide, un p'tit salopard d'quatre ans, couché dans certains biberons, un blanc qui aurait pu électriser, cinq ans plus tôt, le défunt Cabinet Facta, si le Facta factorum en question eût été à même d'en soupçonner l'existence " .

Une oeuvre incroyable, dense, singulière.
On se plait à lire et à relire certains passages ou l'humour, la volupté féminine et le cynisme politique s'entremêlent pour constituer un roman unique.
Un ouvrage taillé pour Feint !!!