Le journal de mon père de Jirō Taniguchi

Le journal de mon père de Jirō Taniguchi
(Chichi no koyomi)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Manga

Critiqué par Vince92, le 25 mars 2019 (Zürich, Inscrit le 20 octobre 2008, 47 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (24 612ème position).
Visites : 3 662 

Du pur Taniguchi

Le plus européen des mangakas japonais signe ici un très bel album, empreint de nostalgie et de poésie : Un jeune cadre urbain, Yoichi apprend au téléphone la mort de son père. Malgré sa réticence, il se rend à Tottori, sa ville natale pour participer à la veillée funèbre. Là, il revoit pour la première fois depuis quinze ans sa famille, sa sœur et son oncle et nous entraîne dans une suite de flash-backs qui expliquent au lecteur les raisons de ce silence et de l’hostilité sourde que cet homme a nourri envers les siens en général et envers son père en particulier.
Il s’avère cependant qu’au cours de cette veillée funèbre, Yoichi s’est trompé toutes ces années sur le compte de l’homme qu’était son père et que ce dernier n’était pas ce personnage distant et consacrant son temps et son énergie au travail uniquement. Les amis, l’oncle révèlent des informations, des anecdotes qui révèlent la vraie nature de ce père, qui certes fier et taiseux, n’en était cependant pas moins cependant gentil, prévenant envers les autres et notamment envers son fils… son fils qui l’ignorera tout ce temps et finira par regretter son éloignement.
Profondément centré sur les relations pères-fils, cet album donne l’occasion à Tanigushi de signer une belle fresque, très réaliste et très humaine. Allié au trait très sûr du maître japonais, l’ensemble donne un album vraiment agréable, qui procure au lecteur un plaisir certain, celui de plonger dans une nostalgie habituelle à l’auteur. Quatre ans avant son magnifique « Quartiers lointains » Taniguchi avait donc dans ce qui s’apparente à un galop d’essai déjà utilisé ce thème qu’il parvient à exploiter avec finesse : ainsi cette magnifique case, répétée plusieurs fois au cours du récit dans laquelle le jeune Yoichi joue dans le salon de coiffure de son père baigné de soleil. Ou encore l’évocation de ce cliché réalisé par Yoichi dans lequel on voit son père et sa belle-mère travailler en riant. L’auteur nous semble dire qu’ainsi va la vie, au milieu de cette longue agonie, entre frustrations et malheurs viennent s’intercaler des moments de joie et de purs bonheurs. C’est l’histoire que raconte Taniguchi, la vie de Yoichi agit comme un miroir pour le lecteur et ce dernier est immanquablement accroché car cette histoire est aussi la sienne.

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La veillée funèbre

9 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 8 février 2021

Voilà des années que Yochan n’a pas revu son père. Quand il apprend sa mort, il hésite même à assister à la veillée funèbre. C’est son épouse qui le pousse à quitter Tokyo pour se rendre à Tottori, taisant toujours les raisons qui l’ont poussé à couper tous les ponts avec sa famille.
Il arrive devant le cercueil de son père où se trouvent réunis, sa belle-mère, sa sœur Haruko et ses oncles. Dont celui dont il était le plus proche, qui, l’alcool aidant, va lui dire combien son père a souffert de son départ.
"Les parents sont obligés de penser aux enfants même quand ceux-ci ne pensent pas à eux."
Des souvenirs vont remonter mais surtout à l’écoute des membres de sa famille, Yochan va découvrir que son père était un homme bien, aimé et apprécié de tous.
"Moi qui n’étais plus revenu dans ma ville natale depuis plus de dix ans, je découvrais peu à peu des facettes de mon père qui m’étaient inconnues."

Encore une fois, Taniguchi explore le domaine des souvenirs, des regrets, des liens qu’on n’a pas voulu garder, de ses racines qu’on a voulu couper. Alors qu’elles font partie intégrante de notre vie. Avec toujours autant de sensibilité, il livre une partie de son cœur, de sa vie avec beaucoup d’émotion.

Une belle nostalgie

7 étoiles

Critique de Mimi62 (Plaisance-du-Touch (31), Inscrit le 20 décembre 2013, 71 ans) - 23 mars 2020

Un récit nostalgique, sur l'enfance revisitée avec le regard adulte d'où émergent les erreurs de perceptions ayant entraîné des attitudes adultes sans rapport avec la réalité non déformée par le prisme de cette enfance. Pour certains c'est bien souvent un idéal qui se brise, ici c'est plutôt l'inverse, c'est la prise de conscience de la valeur d'une personne que le héros a négligée.
C'est la découverte de la vraie personnalité d'une personne que l'on a mal connue avec le regret d'être resté sur cette fausse idée et de ne s'être pas donné la peine de tenter de revisiter cette impression.

Une histoire dans laquelle chacun trouvera un ou plusieurs passages voire l'ensemble du récit semblables à sa propre vie.

Des graphismes précis, nets, évoquant immanquablement la ligne claire belge, dégageant bien souvent une certaine poésie étroitement liée à la nostalgie que cela titille chez le lecteur

Un très agréable ouvrage qui mérite largement le détour.

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