De Bécassine à Botrel en passsant par Roger Vercel pour la distraction, du colonel Desgrès du Loû au caporal Lucien Lechat pour l'action

Une très belle initiative des Presses universitaires de Rennes car l’on est ravi que deux enseignants de faculté aient trouvé là une écoute pour proposer une rigueur des commentaires autour de plus de deux cent images qui permettent de raconter quelle fut pour la Bretagne la perception de la Grande Guerre pour les combattants d’origine bretonne et les populations civiles aussi comment se fit le retour à la normale (plutôt après la paix signée, qu’aux lendemains du 11 novembre) mais aussi la façon dont on commémora les morts et on a entretenu le souvenir de l’évènement.

Les six parties de l’essentiel du livre intitulée "Guerre des images, images de la guerre" sont :

1. Défendre la grande et la petite patrie : une mobilisation sans faille
2. Combattre
3. Tenir
4. Accueillir le monde en Bretagne
5. Faire face loin du front
6. Sortir de guerre et retrouver la Bretagne
7. Commémorer
8. Construire et utiliser une image

Dans la préface, Alain Croix souligne que la Première Guerre mondiale a modifié de manière fondamentale les relations qu’entretiennent les Bretons à l’état républicain français (n’oublions pas l’importance du souvenir chouan jusqu’en 1914 dans certaines parties de la province) mais aussi les rapports entre hommes et femmes. Le dernier point qui sert de conclusion est intitulé "La Grande Guerre, une forme bretonne". Il souligne malignement que le Breton de la Belle Époque n’est plus pour le Parisien "le plouc têtu" mais "un soldat tenace" et que la Bretagne n’est plus le bout de la France mais une région qui est ouverte au monde (présence importante des Américains car lieu de débarquement, accueil de réfugiés belges ou des départements occupés, place importante de la main d’œuvre indochinoise et chinoise, civils et soldats ennemis internés …).

L’iconographie est extrêmement variée : peintures et dessins, photographies, sculptures, monuments aux morts, pages de journaux ou de livres (en particulier "Bécassine" qui fait son devoir patriotique dans quatre albums), vitraux, lettres de poilus illustrées partiellement, plans de tranchées, images de film, avis officiels… Beaucoup de ces documents peuvent faire l’objet d’une étude par des jeunes d’âge varié. Ce livre mérite une place dans tous les collèges et lycées de la région Bretagne et du Pays nantais certes mais aussi de la région parisienne.

En résumé un contenu dont on aimerait qu’il serve de modèle pour des régions qui ont encore aujourd’hui gardé une forte identité comme l’Auvergne, la Franche-Comté et la Savoie et remplirent leurs devoirs patriotiques avec des modalités différentes dues en particulier à leur proximité du front et à leur rôle dans l’accueil de réfugiés et de blessés.

Pour en savoir plus sur les Bretons et la Première Guerre mondiale, on se reportera à de nombreuses interventions de "Petites patries dans la Grande Guerre" (titre paru sous la direction de Yann Lagadec, Ervan Le Gall et Michaël Bourlet), au témoignage "Mémoires d’un poilu breton" d’Ambroise Harel.

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  Les bretons et la grande Guerre

  de Guyvarc'h, Didier
  Presses universitaires de Rennes
  ISBN : 9782753527263 ; EUR 45,00 ; 10/10/2013 ; 200 p. ; Broché

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