L’ypérite n’en a pas gazé assez, les poux se multiplient chez les Tommy; à l’origine protégés par le mouchoir, ils sont atteints d’une angevine de poitrine

Avec "La Grande Guerre de Charlie" de Pat Mills et Joe Colquhoun, comme avec l’ensemble des productions de Tardi, on est dans l’idée que l’ennemi du combattant allié ce n’est pas le boche (forçat sur la même galère que le Tommy ou le poilu) mais l’officier. Il faut d’abord bien comprendre que c’est là un parti pris permettant de développer un scénario. En effet les officiers que le soldat (sans-grade) a l’habitude de côtoyer, ce sont essentiellement les sous-lieutenants, lieutenants et capitaines, termes utilisés dans l’armée française qui ont leur équivalent en anglais avec la même racine latine. Or en partageant leur quotidien, ces officiers ont suffisamment conscience de leur demander l’impossible journellement pour ne pas aller leur chercher les poux (quoiqu’au sens propre, cela serait fort utile). Par ailleurs ils se sentent responsables de leur troupe et ensuite ils savent très bien que durant l’assaut une balle peut ne pas être perdue pour tout le monde.

Il faut avoir conscience que cette morgue d’officiers britanniques dans ce volume (faisant par exemple descendre trois de ses soldats en les exposant par souci de son unique élégance physique), voire ailleurs la bêtise de certains sous-officiers dans d’autres volumes, est le ressort fictionnel qui permet de mettre bout à bout de multiples expériences du front. Une fois bien assimilé cela, on puise dans ce récit de nombreuses informations matérielles et stratégiques. Le scénario, tout au long des tomes, suit la chronologie et celle-ci est heureusement rappelée depuis le début à chaque tome. Si le second volume est celui qui permet le mieux d’approcher la Bataille de la Somme qui fut la tentative d’offensive la plus sanglante chez les Britanniques (elle soulagea la pression allemande sur Verdun en ce début d’été 1916), ce cinquième tome nous amène à Ypres en Belgique en mars 1917 où les batailles se succédèrent. Nous prenons l’initiative de rappeler qu’un des gaz mortels employé par les Allemands, connu aussi sous le nom de gaz moutarde, vient de son premier emploi devant cette cité belge en avril 1915.

Il est à noter que le graphisme porte une très belle esthétique de visages torturés et contient une foule de détails qui permettent de retrouver l’univers des tranchées.

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  La grande guerre de Charlie, Tome 5 : Les tranchées d'Ypres

  de Mills, Pat Colquhoun, Joe (Illustrateur) Jennequin, Jean-Paul (Traducteur)
  Delirium Editions
  ISBN : 9791090916081 ; 22,00 € ; 23/10/2013 ; 100 p. ; Relié

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