Ford Galaxie

Banlieue de Chicago, Rho prépare le dîner pour ses convives. Son mari, Wylie, tarde à arriver. Elle traverse une période difficile. Il y a tout d'abord ses jeunes enfants, source intarissable de questionnement et d'inquiétude et puis il y a aussi son boulot qu'elle ne supporte plus. Les relations avec son mari se sont distendues au fil du temps. Les invités arrivent enfin et son mari se présente quelques instant plus tard. La soirée peut commencer, joute immuable des convenances sociales prédéfinies. Wylie s'absente quelques instants et disparaît.

A quelques pas de là, un couple s'affaire dans le tumulte de leur vie tourmentée, sous l'emprise de la drogue ces deux junkies se livrent aux joies de la chute libre sans être parfaitement certains que leurs parachutes soient brevetés. Mister CD est disquaire, Latisha est une infirmière qui a en horreur des corps malades. Jetés, projetés et rejetés ils se cognent contre les parois d'une vie sans autre vision qui ne soit au-delà d'une bonne pipe de hasch ou de films gores qui remplissent leurs têtes de cadavres. La voiture de Mister CD (une Ford Galaxie) disparaît.

Tout s'enchaîne ou plus exactement se déchaîne dans une furieuse et paroxystique aventure à travers les Etats-Unis, en passant par l'Indonésie, au cours duquel nous rencontrons des personnages étranges et inquiétants.

Un vagabond errant sur les routes, très prompt à se servir de sa lame. Perry qui fraie dans l'industrie de porno en espérant pouvoir y trouver sa place. Jessie qui, après des expériences catastrophiques avec deux hommes, vit maintenant avec Nikki une relation passionnelle. Toutes les deux travaillent dans la chapelle de l'amour, dirigé par le père de cette dernière, où tout est organisé pour produire des mariages à la chaîne, jusqu'au jour où un incident va faire s'écrouler l'édifice.

Amanda et Drake effectuent un périple à travers la jungle Indonésienne afin de parvenir à se redécouvrir l'un et l'autre, espérant que le vernis d'une vie sans consistance craquellera sous la chaleur des tropiques.

Will est un séducteur invétéré, adepte du déguisement qui lui permet d'être multiples et personne en même temps. Il vit avec Tia et son fils. Il erre sans cesse sans trouver à quoi raccrocher son existence. Tia aimerait bien qu'il se débarrasse une fois pour toute de cette vieille voiture (une Ford Galaxie) qui rouille dans le garage depuis tellement longtemps. Mais il lui est difficile de se défaire du seul lien qui lui permet de se souvenir.

Ce roman, constitué en fait de nouvelles liées les unes aux autres, nous entraîne dans un tourbillon de rencontres étourdissantes et déjantées avec pour fil conducteur un individu plus qu'inquiétant au volant d'une Ford Galaxie. L'écriture prend la forme d'une lame tranchante qui éventre tout les mythes d'une société fragmentée par les doutes. Une société sous perfusion de drogues en tout genres, de films pornos et gores qui excitent ou terrorisent les sens. Les corps et les esprits des personnages sont dissous dans la putréfaction de leurs propres pensées. Des personnages devenus des fantômes égarés dans un monde sauvage.

J'ai eu quelques difficultés pour entrer dans le récit, et après il m'a fallu tenir bon pour ne pas lâcher, mais à la finale j'ai bien aimé le style de l'auteur qui m'a embarqué, malgré une première impression négative, dans une aventure originale et fascinante au bout du compte.

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  États sauvages [Texte imprimé], roman Stephen Wright trad. de l'anglais par Serge Chauvin

  de Wright, Stephen Chauvin, Serge (Traducteur)
  Gallimard / Du monde entier (Paris)
  ISBN : 9782070738496 ; 23,20 € ; 30/09/1996 ; 391 p. ; Broché

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