Bonbons assortis
de Michel Tremblay

critiqué par Libris québécis, le 29 mai 2003
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Enfance dans une famille ouvrière de Montréal
Avec cette oeuvre, Michel Tremblay retourne à son enfance. Une enfance passée dans la rue Fabre de Montréal, alors un quartier peuplé de familles ouvrières, qui ont été chassées par la faune branchée des universités et du monde culturel.
L'auteur se délecte de sa petite enfance heureuse au sein d'une famille unie de la décennie des années 40. L'éditeur a cru bon de préciser qu'il s'agissait de récits. Que le matériel soit autobiographique n'enlève rien au fait que ce soient des nouvelles qui répondent au canon normatif du genre. L'élément déclencheur projette le héros vers un dénouement inattendu, qui, six fois sur huit, est bien amené. Michel Tremblay évoque avec magie un monde pas si lointain, qui répond aux normes standards de la famille francophone québécoise. Ceux de mon âge auront connu ce modèle nucléaire, répandu à l'ensemble du Québec. Des familles nombreuses, catholiques, conviviales et dignes malgré des conditions sociales peu avantageuses. C'est peut-être là le plus bel héritage de nos prédécesseurs, qui nous ont laissé une joie de vivre et un vouloir bien faire qui nous protègent des dérives d'aujourd'hui.
Que ce soit à Noël ou à la première communion, Madame Tremblay, la mère de l'auteur, sait organiser son petit monde pour qu'il soit heureux. Que ce soient pour les tartes à la « falourche » (aux raisins secs) ou pour les « tourtières » (pâtés de viande hachée), elle y met de l'ardeur pour tenir son microcosme. Cette femme, traversée d'une énergie peu commune, trône dans son foyer tout en se dépensant sans limites pour transmettre à ses enfants le désir de vivre dans la dignité. Ce n'est pas la vie de la mère sacrifiée. Elle sait aussi goûter aux plaisirs de la vie en savourant ses chocolats et en écoutant Tino Rossi à partir d'un vieux tourne-disques
Tout un petit monde vivant sous l'oeil vigilant d'une mère et d'une belle-mère qui ont de la jugeote et qui savent rire aussi. L'auteur se plaît à montrer leur générosité et leurs travers bien visibles dans un foyer habité par neuf personnes. Le crêpage de chignons est inévitable quand la tension monte, mais tout finit par une entourloupette ou un pieux mensonge qui sert de vérité. Le père est plus effacé, mais il est fait de la même farine que sa femme. Dans les moments importants, il sait s'occuper de son fils pour le sécuriser.
C'est avec talent que Michel Tremblay décrit le bonheur familial, qui faisait l'envie des voisins. Dans des dialogues délicieux empruntés à l'oralité, il fait revivre un univers que les plus vieux se rappelleront avec nostalgie. De quelques traits, il peint un portrait moqueur des siens, mais combien aimant. On entre facilement dans son jeu pour vivre ces moments de l'enfance, doux comme des bonbons «assortis»(différentes sortes).
Un concentré de bonheur... 10 étoiles

Magnifique livre de M. Tremblay. Je l'ai découvert alors que je vivais en France, rêvant déjà du Québec et de Montréal... j'ai imaginé le Plateau de M. Tremblay, puis, quelques années plus tard, je l'ai découvert...
J'ai une tendresse particulière pour ce livre drôle, touchant, plein de sensibilité... l'enfance du petit Michel, sa "drôle" de famille, sa merveilleuse utilisation du joual dans ses romans, ce qui les rend plus authentiques encore !
Un livre trop court à lire et relire encore...

Izza - - 51 ans - 1 décembre 2015


Moi qui ne suis pas fanatique des bonbons en général... 10 étoiles

... Je me suis régalé ici avec ce (trop) petit recueil de huit nouvelles 'friandises" comme autant de souvenirs d'enfance de l'auteur dans le Montréal des années quarante.

Dans son style si savoureux (mi français soutenu, mi joual (parler québécois de Montréal utilisé pour les dialogues)), Michel Tremblay narre avec émotion et humour quelques moments savoureux de son enfance qu'il a su si bien (re)créer dans toute son oeuvre.

On retrouve une partie des personnages de la comédie humaine familiale de l'auteur : sa mère (l'inoubliable Nana), son père (à la présence discrète mais si aimant), sa grand-mère paternelle, sa tante Robertine (Albertine dans d'autres œuvres de l'écrivain), ses frères, ...

La dernière nouvelle est à l'image de l'ensemble des écrits de cet auteur majeur : drôle et touchante.

JEANLEBLEU - Orange - 56 ans - 28 novembre 2015


Un souvenir de fondant dans la bouche! 9 étoiles

« "Tu vois c'que t'as faite? A' s'en va pleurer dans sa chambre!"
Ma tante Robertine lança un soupir digne des plus mauvais mélodrames français dont elle faisait une consommation abusive au cinéma Bijou, sur la rue Papineau, le samedi après-midi, et qui la laissaient épuisée d'avoir trop versé de larmes pour des histoires qui, selon ma mère, n'avaient ni queue ni tête.
Elle croisa les pieds sous la table. "A' m'énarve assez, quand a' fait sa martyre de même, elle!" » - page 17
La truculence et la faconde des personnages de Tremblay ne sont plus à prouver depuis belle lurette. À commencer par celui de sa mère adorée, cette Nana au coeur d'or mais à la rigueur de fer, cette conteuse hors pair et cette fabuliste avant l'heure. Si son influence sur l'écriture et l'imaginaire de l'enfant du Plateau Mont-Royal est indéniable, l'amour mutuel entre Michel et Nana l'est bien davantage.
Il y a, dans ces huit courts récits, beaucoup plus de temps forts que de moments faibles.
Dans l'ensemble, le meilleur de Tremblay se retrouve dans ces Bonbons assortis: le dialoguiste hors pair, le portraitiste surdoué, le mémorialiste attentif, et surtout, l'écrivain qui arrive à retrouver le don, propre à l'enfance, de s'émerveiller, et ce, toujours dans la langue de chez nous...
Un souvenir de fondant dans la bouche!

FranBlan - Montréal, Québec - 82 ans - 17 février 2011


Savoureux 9 étoiles

Savoureux, ces souvenirs d'enfance de Michel Tremblay!
Dans ces anecdotes tendres , émouvantes et drôles, on retrouve un peu de sa propre enfance, même si l'on n'a pas vécu du même côté de l'Atlantique que l'auteur.
Savoureux aussi les dialogues en parler québécois qui ajoutent un charme supplémentaire à ce livre.

Anne-Lise - - 76 ans - 14 avril 2006


La douceur de l'enfance 9 étoiles

Bonbons assortis est un bon choix pour découvrir Michel Tremblay. Recueil de récits sur l’enfance de l’auteur, c’est une suite de petits plaisirs savoureux, tendres et suintants d’amour familial, sans oublier une bonne dose d’humour ! Ce qui peut dérouter chez Tremblay, c’est ce parler québécois auquel nous lecteurs outre-atlantique sommes peu familiarisés, mais on comprend assez vite le sens des tournures. Bercée pour ma part aux jokes de Lynda Lemay en concert et aux films de Denys Arcand (cf. entre autres les Invasions Barbares), j’avoue à un certain plaisir à ressentir « l’accent » en lisant. Après cette mise en bouche débordant de drôlerie (j’ai beaucoup aimé la première nouvelle sur le cadeau de noces à trouver et le fameux plat à pinottes, et celles facétieuses démontrant l’existence du Père Noël), j’ai très envie de découvrir ses Chroniques du Plateau-Mont-Royal.

Laure256 - - 52 ans - 7 août 2005


Mon premier Tremblay ! 8 étoiles

Pour goûter à la littérature québécoise, rien de mieux que Michel Tremblay et ses "Bonbons assortis", une compilation de récits de son enfance (vers les huit ans approximativement). Il y a huit histoires dans ce recueil, des souvenirs heureux, chaleureux et poilants, autour du petit Michel et de sa famille (sa maman, les tantes, frères, cousines, oncles, et la grand-mère) !

D'entrée de jeu, les dialogues en québécois sont assez crispants et déconcertants, pas facile d'y entrer quand on s'y connaît peu ! Et puis, on se laisse bercer, prendre au filet, c'est la lecture d'anecdotes simples, sans calculs, des moments d'une enfance ordinaire, aimante. Il y a le souvenir du cadeau de noces pour la fille Allard et la fameuse pirouette autour du plat à pinottes ! Que j'ai ri !!! De toute façon, au sortir de ce livre, il y a un trio impayable auquel on s'est forcément attaché : le petit Michel, sa mère Nana et la grand-mère Tremblay ! Entre ces trois là, diantre ! ça fuse dans tous les coups, je t'aime bien, t'es plouc, t'es nouille, mais bon ...

Dans "Bonbons assortis", on s'intéresse aussi au mythe du Père Noël et aux preuves irréfutables de son existence, à la légende de la foudre qui traverse la maison, au Teddy Bear, à Luis Mariano, aux souliers de satin et aux petits chinois à vendre. Une joyeuse et pétaradante concentration de bonne humeur, d'humour, de choses simples et saines. Ouah, ça fait du bien !!!

Clarabel - - 48 ans - 26 avril 2005


Dragées de bonheur 10 étoiles

J'ai toujours aimé la candeur de Tremblay. Elle est d'autant plus rafraîchissante, il me semble, dans ces délicieuses nouvelles de son enfance. Considérant que cette enfance a été vécue dans la pauvreté et la contiguïté d’une grande famille peu éduquée, il aurait pu très bien en faire un drame, une autre saga larmoyante comme en font souvent les écrivains américains pour s’attirer la compassion. Mais Tremblay est plus intelligent. Le regard qu’il porte sur cette époque de sa vie est subtil, drôle et empreint de ce qu’il a de plus romantique dans la nostalgie. Tremblay est un incontournable au Québec. On en vient à le prendre pour acquis, en oubliant par moment qu’il est un de nos plus grands raconteurs d’histoire.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 8 mars 2005


Le monde de l'enfance.... 9 étoiles

8 toutes petites histoires, toutes tirées de l'enfance de Michel Tremblay, toutes emplies de délicatesse, d'humour, de sensibilité, que l'on lit en effet comme on mangerait des petits bonbons.
Où l'on a (2 fois) la preuve irréfutable de l'existence du père Noël (même s'il a l'accent d'un mononcle bien connu ), où on peut acheter l'âme de petits chinois pour 1 dollar, où un plat à pinottes devient un moutardier, et où Nana dira encore plusieurs fois qu'il y a "ben des émittes, quand même !"....

Mais justement, nous, on aimerait bien les repousser très très loin, les limites, pour continuer à lire encore et longtemps Michel Tremblay.....

(gros soupir déçu que ce soit fini...)

Cuné - - 57 ans - 1 février 2005