Le Charretier de la providence
de Georges Simenon

critiqué par Le_squasheur, le 6 novembre 2013
(Paris - 49 ans)


La note:  étoiles
Beau titre et beau roman

Le charretier de la Providence, c’est d’abord un titre. Beau, mystérieux, lyrique, en un mot : attirant !
Et ça vaut le coup de se laisser attirer. Dès les premières lignes, on est plongé dans l’ambiance ; celle des écluses, des bateaux qui vont lentement sur les canaux, des mariniers qui rythment leurs journées à coup de verres de blanc et des charretiers donc. Un charretier, c’est un métier qui consiste, on l’apprend vite dans le roman, à conduire les chevaux qui tirent les péniches dépourvues de moteur.
Qui dit chevaux, dit écurie et dans une écurie justement, on trouve le cadavre d’une femme du monde. Maquillée, habillée élégamment, ses bijoux encore sur elle. Que fait-elle là ? C’est tout le mystère. Car pour deviner qui est l’assassin, le titre laisse quand même un très gros indice…
Maigret débarque dans cet univers où il trouve très vite ses marques. Le rythme très lent des péniches et l’usage immodéré du vin blanc lui conviennent à merveille. Son enquête l’amène à s’intéresser à un yacht de plaisance appartenant à un étrange anglais, colonel des Indes à la retraite qui trompe son ennui dans le whisky et les femmes. Et justement, il s’avère que le cadavre dans l’écurie, c’est « son » femme, ce qui ne semble pas l’émouvoir plus que ça. Il ferait un coupable idéal mais quelques indices prouvent que ce n’est pas lui.
Alors notre commissaire, la pipe au bec et le verbe rare, enquête. Son truc à Maigret, c’est d’observer. Il se pose là, avec sa stature imposante (je verrai bien Jean Reno en Maigret), insensible à la pluie qui tombe en continu, et il attend que la vérité apparaisse. Il ne s’agite pas Maigret, laissant les tâches secondaires à son assistant Lucas. C’est tout le contraire d’un Sherlock, d’un Poirot ou d’un Rouletabille, ces prétentieux qui en font des tonnes. Bon, c’est vrai dans cette aventure il parcourt des dizaines de kilomètres à vélo pour suivre les péniches, mais c’est pour mieux « sentir » les situations. Car Maigret comprend les hommes, il lit en eux. Il n’a même pas besoin de beaucoup questionner, sa présence suffit à révéler la vérité. Le coupable le sent et doit se résigner : il sait qu’il va être découvert. C’est presque trop facile.
Donc je recommande vivement, d’autant plus que l’intrigue est bonne, ce qui n’est pas toujours le cas dans les Maigret que j’ai lu jusqu’ici.
Avec un ciel si gris qu’un canal s’est perdu... 8 étoiles

Avec un cette pluie qui tombe toujours par séquences, qui rend le paysage si sombre, mais aussi attachant. Avec ces autochtones qui cheminent lentement, aux côtés des péniches qui glissent lourdement. Avec cette Providence qui sert si bien d’abri, pour finir ces jours sans même, pousser un cri …
Le paysage ici, saute aux yeux par sa mélancolie par son âpre beauté et gauchement je me demande, si des fois ? Simenon ne se serait pas essayé à l’art pictural ?
Avec bien sûr une histoire humaine, qui fugitivement apparait, au deuxième plan à peine…
C’est aussi pour ça, que j’aime les romans de Simenon.

Pierrot - Villeurbanne - 72 ans - 19 décembre 2016


Sur les canaux 9 étoiles

Le long d’un canal pas loin de Paris, une femme est découverte morte étranglée. Il s’agit de Mary, l’épouse d’un ancien colonel anglais qui se la coule douce à bord du « Southern Cross «. A son bord, il y a également Willy, Vladimir, Madame Negretti et, à bâbord et à tribord, d’autres chalutiers dont « La Providence ». Maigret, d’apparence un peu lymphatique comme d’hab, laisse les événements venir gentiment à portée de main et suit tout ce petit monde … à vélo.
Un Maigret qui a bonne réputation et dont on a tiré un film.

Catinus - Liège - 73 ans - 7 avril 2014