Balzac : Le forçat des lettres
de Gérard Gengembre

critiqué par Dirlandaise, le 7 novembre 2013
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
Une vie de forçat
Biographie écrite par un auteur extrêmement bien documenté mais qui comporte des passages un brin soporifiques en particulier lorsque monsieur Gengembre énumère les publications de l’écrivain au cours d’une année. Tout est décrit en détails : les publications en feuilletons et chez les éditeurs ce qui devient fastidieux à lire et assez ennuyeux. Par contre, la vie personnelle de Balzac est bien exposée de même que son caractère et son comportement. Son goût du luxe, du beau, l’a incité à dépenser tout ce qu’il gagnait et à accumuler un passif persistant. Le biographe a beaucoup insisté sur le caractère dépensier de Balzac et sur ses relations amoureuses sans toutefois approfondir suffisamment ces aspects. Un reproche à lui faire est sa propension à résumer plusieurs livres en racontant toute l’intrigue, les motivations des personnages et surtout la fin. Donc, j’ai dû passer ces paragraphes trop révélateurs, désirant lire certaines des œuvres en question.

Une biographie intéressante, assez conventionnelle cependant mais très riche et détaillée. J’ai bien aimé la description de la routine de travail du romancier qui se levait à minuit afin de pouvoir travailler en paix et éviter les soucis administratifs, les visites des créanciers et des autres visiteurs. Il se couchait donc vers six heures du soir. Ce sont des détails toujours intéressants à lire, ces petits faits du quotidien, ces petites manies qui font de l’homme un être vulnérable et touchant. Les descriptions qu’ont fait de lui certains de ses contemporains sont aussi très agréables à lire. Son physique ingrat faisait de lui une cible idéale pour les caricaturistes de l’époque.

Ses rapports avec les journaux et les éditeurs ne furent pas de tout repos. Tout cela est décrit avec force détails, trop peut-être car je m’y suis perdue souvent dans tous ces personnages qui gravitaient autour du grand homme.

Ses relations amoureuses sont évoquées avec retenue. Pas de faits croustillants à se mettre sous la dent. Sa relation épistolaire avec Mme Hanska prendra une place importante dans la deuxième partie du livre. Malheureusement, les lettres qu’il a reçues de cette dernière ont toutes été brulées à sa demande. Ses voyages aussi sont évoqués.

Des faits, des faits et encore des faits. L’épilogue m’a semblé la partie la plus intéressante du volume du point de vue analyse de l’œuvre. Je regrette que l’auteur n’ait pas plus privilégié cet aspect dans son livre. Ce n’était sans doute pas son but mais son insistance à décrire en long et en large les déboires commerciaux de Balzac auraient pu être mise en retrait pour faire place à une analyse littéraire passionnante dont monsieur Gengembre nous met l’eau à la bouche en esquissant paradoxalement dans l’épilogue, un début de ce qui aurait pu être cette analyse passionnante et très instructive.

La mort de Balzac est décrite par Victor Hugo venu lui rendre visite. C’est assez triste et navrant. Lire la description de l’aspect physique du mourant a déclenché chez moi un zeste de compassion et de regret pour cette mort prématurée au terme d’une vie tourbillonnante d’activités et surtout, de travail forcené. Un livre fort enrichissant.