Les sauvageons
de Ahmed Kalouaz

critiqué par JulesRomans, le 23 novembre 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Bagne d'enfants au Cantal, ni fromage ni dessert
L’ouvrage commence quasiment par un extrait des paroles de la "Chanson de Mandrin" (à noter la parution fin 2013 d’un roman historique pour la jeunesse sur Mandrin chez Oskar), le héros rencontrant un marginal qui en avait fait son hymne personnel. Ce dernier se fait coffrer du fait de ses chapardages et le fait que le narrateur, orphelin de père, se trouve par hasard en sa compagnie va avoir de lourdes conséquences. Il a treize ans et est dirigé vers un de ses bagnes d’enfant qui commencent à fleurir sous le Second Empire, période où l’action se déroule. Les conditions de vie y étant traumatisantes, Hippolyte va tenter de fuguer.

« Aux premières heures de ma fugue, je marchais, inquiet déjà d’avoir à mes trousses deux gendarmes à cheval, ou de croiser les mêmes, dans la traversée d’un village. Comme la première fois, je prenais le plus souvent des chemins de traverse, évitant les routes qui menaient vers le centre des bourses. De loin, en apercevant un clocher, je me tenais sur mes gardes, me méfiant aussi des agriculteurs occupés aux travaux des champs. L’appât de la prime aux fuyards pouvait aussi en faire des ennemis redoutables. Lorsque arriva le premier soir, fourbu, j’ai cherché un abri pour la nuit à hauteur de Saint-Julien-de-Rodelle, car j’avais délaissé la route qui passait par Estaing et Espalion, certain de pouvoir marcher plus tranquillement sur cette rive du Lot ». (page 96)

Repris, il va mener une révolte qui n’est pas sans ressemblance avec celle qui se produit un demi-siècle après aux Vermiraux près d’Avallon dans l’Yonne. Dans "Les sauvageons" le récit se déroule dans le Cantal à Sansac-Veinazès (au sud d’Aurillac); cette maison de correction (appelée alors colonie agricole de La Boussaroque) a effectivement existé de 1845 à 1857.