Témoin involontaire
de Gianrico Carofiglio

critiqué par BMR & MAM, le 12 novembre 2013
(Paris - 64 ans)


La note:  étoiles
La parole est à la défense ...
Le style de Carofiglio nous change un peut des polars habituels : l’auteur est magistrat et son héros avocat.
Guido est même un bon avocat : du genre à faire acquitter et libérer un dealer notoire, un vendeur de hot-dog dont le camion insalubre a été saisi par la brigade sanitaire ou même un toubib un peu feignant qui aura laissé mourir une jeune fille de péritonite en prétextant qu’il s’agissait seulement de douleurs menstruelles.
Bon parfois, Guido doit composer avec sa conscience et par exemple, éviter de croiser le regard des parents de la jeune fille en sortant de la salle d’audience.
De plus, en ce moment ça va pas fort pour Guido et voilà que sa copine le quitte. Le voici en pleine déprime.
Jusqu’à ce qu’une drôle d’affaire arrive à son cabinet : un sénégalais qui vend des contrefaçons sur la plage aux alentours de Monopoli est accusé du meurtre odieux d’un petit garçon qui traînait sur le bord de mer. Sans trop réfléchir (la déprime sans aucun doute ?), Guido va prendre l’affaire en mains et assurer la défense de Abdou.
Ces africains mal venus en Italie, vendeurs de Vuitton et de Rollex, on les avait déjà croisés chez Donna Leon à Venise : c’étaient les vu comprà de son bouquin De sang et d’ébène.
On sait que généralement la justice est plutôt mal-voyante. Mais pour ce petit peuple mal aimé et sans ressources, la justice se fait franchement aveugle devant les évidences et sourde devant les arguments. Devant cette justice-là, un “nègre” ne pèse pas lourd, fut-il comme Abdou enseignant trilingue en son pays.
Avec ce polar judiciaire, on n’est pas tout à fait dans une enquête policière et l’on découvrira les nouveaux éléments, un peu comme les jurés, au cours des débats et des plaidoiries : l’avocat Guido et son auteur savent ménager ses effets.
Un bouquin bien fichu et très agréable à lire avec une ambiance fouillée qui fait un peu penser à celle du chilien Ràmon Dìaz-Eterovic (avec son privé Heredia et son chat Simenon).
Outre la procédure judiciaire, on se plait à suivre les démêlés de Guido avec sa déprime et ses petites amies et on se dit qu’on tient là encore une bonne série (d’autres épisodes nous attendent déjà).