Gaboriaud : Le bonheur de peindre en Charente
de Christiane Massonnet

critiqué par JulesRomans, le 16 novembre 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Peindre dans ses charentaises
Christiane Massonne vient nous présenter un peintre et ses œuvres, celles-ci sont très diverses et présentes dans divers musées. Il est né en 1883 à Villefagnan dans une famille protestante au nord d’Angoulême et bien qu’il s’en éloigne (son père artisan part travailler à la construction de la Tour Eiffel) il a effectué en Charente la majeure partie de sa carrière artistique après 1934 en s’installant au sud d’Angoulême à Ronsenac (à l’intersection des départements de la Charente, de la Dordogne et de la Haute-Vienne). Durant la Belle Époque, il fait sous la supervision de Maurice Denis majoritairement de la lithographie ; en matière de peinture, il est proche des nabis.

Ce livre mêle intimement vie personnelle et création artistique. La partie qui couvre la Grande Guerre est très intéressante, très proche des idées socialistes Josué Gaboriaud est informé par un homme d’affaires proche des dirigeants radicaux de l’imminence de la mobilisation selon l’auteur et ce dernier lui offre de pouvoir échapper à un avenir de soldat en lui proposant de passer en Espagne. Il est incorporé au 298e régiment d’infanterie, composé au départ majoritairement de résidents de la Loire. Il passe fin 1915 dans la section chargée, sous la direction du peintre Guirand de Scévola, des opérations de camouflage. De son expérience de guerre, il laisse quelques tableaux et lithographies.

Entre 1920 l’action du peintre est multiple : fusain sur des personnages dans le décor de l’Opéra de Paris en 1924,lithographies sur le rugby en 1927, immense toile pour le pavillon de Madagascar lors de l’exposition coloniale de 1931, affiche appelant à l’union des gauches au second tour des législatives de 1932 (contrairement à ce qui est écrit page 90, c’est en 1936 et non en 1932 que les socialistes remportent une victoire importante, sans être massive) …

L’artiste reste dans le figuratif jusqu’à sa mort en 1955, on notera qu’il réalise des peintures religieuses l’école Saint-Paul fondée en 1878 à Angoulême. Nous nous permettrons d’ajouter que François Mitterrand y fit là sa scolarité secondaire et connut ici Pierre de Bénouville (plus jeune que lui). Abondamment illustré, cet ouvrage évoque un artiste qui fait non seulement partie de l’identité charentaise mais qui témoigna de façon originale sur nombre de réalités d’un demi-siècle où l’univers quotidien évolua rapidement.