Un samouraï d'Occident : Le bréviaire des insoumis
de Dominique Venner

critiqué par Vince92, le 15 octobre 2014
(Zürich - 47 ans)


La note:  étoiles
Livre-testament
Dans ce livre bref, avec son style direct et clair, Dominique Venner livre ici un testament, celui de sa postérité, celui de l'espoir qu'il a en quittant ce monde de voir une réaction des Européens face au déclin qu'ils subissent depuis ce terribles XXe siècle et les deux guerres mondiales...
Déclin politique et économique, mais surtout déclin moral. Les Européens d'aujourd'hui ne sont plus vraiment des Européens car il leur manque ce qui fait l'essence de cette civilisation, les valeurs héritées des Grecs antiques et des vieilles croyances des Hyperboréens.

En six chapitres, D.Venner expose son véritable moi, il revient sur son histoire d'abord, comment l'action, en tant que soldat est indissociable du combat spirituel qu'il a mené, son engagement politique puis son retrait pour se consacrer à la diffusion d'une histoire "réinformative" au travers la diffusion de la revue qu'il a fondée: La Nouvelle Revue d'Histoire.
Il expose ensuite ses idées sur les maux qui agitent nos sociétés, au premier rang desquels la course à l'argent fait figure de sape de la base, de la structure traditionnelle de la tradition européenne.
Son attirance pour la société japonaise, l'importance d'Homère et de la philosophie stoicienne ainsi que les héritages modernes de ces influences (Mme de Lafayette notamment) sont ensuite détaillées.

Nous avons donc ici exposé le fonds de la pensée d'un homme sans compromis, il s'est donné la mort volontairement en mai 2013 afin d'éveiller les conscience, qu'on a cherché à nous présenter comme un fou et un extrémiste. La lecture de ce bréviaire montre au contraire une pensée cohérente, sensée, riche et formant un ensemble qu'il sera difficile à ses détracteurs de démonter...en tout cas, il faudra certainement plus que les incantations habituelles pour ce faire.
Le dernier des Stoïciens 8 étoiles

Depuis les deux grands conflits mondiaux de 14/18 et 39/45, la civilisation européenne qui était dominante est entrée en déclin. La disparition des Empires, la décolonisation et la montée en puissance des deux vainqueurs (USA et URSS) ont poursuivi le processus. Pour l’auteur, la cause avant tout spirituelle de tous nos malheurs vient de l’âme européenne qui est « entrée en dormition ». Mais elle n’est pas morte. Elle est même immortelle. Quand se réveillera-t-elle ? Nul ne peut le dire. Pour cela il lui suffira de renouer avec ses grands principes, ses fondamentaux, ceux de l’Iliade et de l’Odyssée, avec les valeurs de la philosophie antique, la « gravitas » (grandeur d’âme) faite de « virtus » (courage moral) et de dignitas (honneur). Qualités morales que l’on retrouve aussi dans l’esprit chevaleresque du Moyen-Âge et dans le code d’honneur des samouraïs japonais. Venner marque l’opposition voire la contradiction existentielle entre la « dignitas » païenne et « l'humilitas » chrétienne dont le dévoiement serait à la base de notre effondrement.
« Un samouraï d’Occident », sous-titré un peu abusivement « Le bréviaire des insoumis » (ni recettes, ni mode d’emploi), est un essai plus philosophique que vraiment politique tentant d’expliquer les raisons du déclin évident de l’Occident et de démontrer la nécessité de revenir aux sources de la pensée grecque et latine pour amorcer une quelconque renaissance. De très longs développements sont consacrés à Homère, à Epictète, Platon, Socrate, Pline l’Ancien et autres grands philosophes avec une attention toute particulière aux Stoïciens qui ont la faveur de l’auteur. Païen et même un tantinet paganiste, Venner pense qu’il n’y a pas à espérer un salut dans l’au-delà, que le seul devoir de l’honnête homme est de tenter de mener une bonne vie ici-bas, de se contenter de ce que l’on a, de ne pas se perdre dans l’hédonisme, l’individualisme et le consumérisme. De tout supporter avec calme et lucidité et même de mettre fin à son existence si l’on estime que le moment en est venu. La plus grande dignité de l’homme serait de se faire « seppuku » comme un samouraï japonais. Plutôt mourir debout que vivre couché. Ce qu’il a pratiqué lui-même en se suicidant à l’intérieur de la cathédrale Notre-Dame. Un ouvrage qui pose intelligemment les problématiques et propose des changements radicaux de paradigmes. Un retour aux sources qui pourrait se révéler salutaire…

CC.RIDER - - 66 ans - 11 juillet 2024