Chanson des mal-aimants de Sylvie Germain
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Un grand style, une histoire peu banale
« Ma solitude est un théâtre à ciel ouvert. La pièce a commencé voilà plus de soixante ans, en pleine nuit au coin d’une rue. Non seulement j'ignorais tout du texte, mais je suis entrée seule en scène, tous feux éteints, dans une indifférence universelle. Pas même un arbre ni un oiseau pour enjoliver le décor. »
La première phrase d'un livre a beaucoup d'importance pour moi et celle-ci m'a plu. Le reste aussi.
Une petite fille naît dans une rue de Paris et est immédiatement abandonnée par sa mère. Comme si cet abandon et cette solitude ne suffisaient pas à la rendre différente, en plus, elle est albinos. Elle sera recueillie par des bonnes sÏurs et baptisée Laudes, car c'est à l'heure de cet office qu’elle a été portée chez elles. Elle y passera toute la guerre. En 44, suite à une initiative malheureuse, elle devra quitter le couvent et sera envoyée chez une brave femme, près des montagnes, qui sauve la vie de jeunes enfants juifs abandonnés. C’est Antonin, le vieil instituteur du village qui fera l’école chez Léontine uniquement pour elle. Mais Léontine va mourir un peu après la libération et revoilà Laudes sur les routes et recueillie à nouveau par d’autres.
De place en place, elle va se retrouver dame de chambre d'une vieille dame noble en son château. Mais si Elvire Fontelauze d’Engrâce la traite au mieux, il n'en reste pas moins qu'elle aussi est usée par un terrible drame familial et que le temps lui est compté. Le temps !.Madame d’Engrâce le hait au plus haut point : « Il n’y a d’autre Dieu que le temps, et ce Dieu est un Moloch qui passe par le feu ses enfants, tous ses enfants, sans se lasser et sans pitié. Je ne lui voue aucun culte.mais je ne me tourne pas vers un autre Dieu censé être l’unique, le vrai. » Et Laudes de se dire : « Moi qui ne m'était jamais souciée du temps. Quel était donc ce flux sans commencement ni fin, aussi immatériel que la lumière, plus corrosif qu’un acide, qui s’embarquait dès l'origine dans notre chair, se mêlant à notre sang, nous limant sournoisement le cœur, dictant en nous sa loi mortelle, sans proférer un mot ? »
A la mort de Madame d'Engrâce elle ira travailler dans une « auberge libertine »
Pas un bordel, non ! Quelque chose qui y ressemble, mais en plus raffiné. Elle y joue le rôle le plus passif qui soit de simple bonne. Mais, comme elle est loin d’être idiote, elle se pose des questions quant à la raison d’être de toutes ces débauches de la chair : « C'est peut-être parce qu’ils piétinaient sans fin au bord de cette nuit qu’ils récidivaient, dans l'espoir confus que la prochaine fois ils ne se relèveraient pas bredouille de leurs ébats voluptueux, que cette volupté ne prendrait pas un arrière-goût de rance et d'aigre consommée. Qu'ils arracheraient enfin à la chair son secret. Le leur, de secret, celui de leur présence de vivants fourbus de désir, de mortels hantés par leur disparition future. Le secret de leur origine, somme toute. »
Sylvie Germain nous donne encore la plus belle description que j'ai pu lire de la voix de Piaf, mais assez d'extraits !… Il va encore lui arriver pas mal de choses à Laudes avant d'atteindre ses soixante ans !… Mais à vous de le découvrir pour autant que cette critique vous en donne l’envie.
J’avais déjà trouvé le style de Sylvie Germain flamboyant dans « Le livre des nuits », il l’est tout autant ici.
Ce premier livre était aussi rempli de fantastique. Celui-ci prend maintenant la forme de rêves faits par Laudes
et ils sont nombreux.
Un très beau livre, peut-être un rien moins captivant que « Le livre des nuits », mais c’est vraiment une question très personnelle !
Les éditions
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Chanson des mal-aimants [Texte imprimé], roman Sylvie Germain
de Germain, Sylvie
Gallimard
ISBN : 9782070765843 ; 16,25 € ; 26/08/2002 ; 244 p. ; Broché -
Chanson des mal-aimants
de Germain, Sylvie
Gallimard / Folio
ISBN : 9782070314317 ; 9,40 € ; 11/03/2004 ; 288 p. ; Poche
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Laudes, Maud et bien d'autres encore mais au fond qu'est-ce que ça change?
Critique de Tyty2410 (paris, Inscrite le 1 août 2005, 38 ans) - 20 février 2006
Même si ce roman est quand même assez triste , je ne veux pas employer ce terme puisqu'au fond on ne la ressent pas . Et ceci grâce au style de Sylvie Germain . On a l'impression d'être dans un autre univers en compagnie de Laudes et de tout ses amois , et je ressens cette sensation assez rarement .
J'ai découvert Sylvie Germain avec Magnus , je comprends maintenant que celui-ci est dans la lignée des autres ....excellent ! (même si je l'ai préféré à la chanson des mal aimants mais ça c'est juste une question de goût d'où mon 4.5/5)
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