La bru
de Georges Nigremont

critiqué par JulesRomans, le 29 novembre 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Quand la belle-mère a bu, c’est la bru qui trinque
Voilà une action qui se déroule à la fin des Années folles dans un petit village au bord de la Creuse, dans le département éponyme. Atteint par la tuberculose, Julien un maçon revient dans son village situé entre Ussel en Corrèze et Aubusson dans la Creuse. Il est accompagné par Gilberte sa femme originaire de Paris. Le père du maçon s’est remarié avec une veuve dont le fils Pierre est au service militaire.

La belle-mère leur fait un accueil très froid et la chambre de Julien, qui avait échu à Pierre, reste inoccupée pendant que le jeune couple aménage dans une chambre de fortune. Julien décède bientôt et Gilberte se retrouve bien isolée dans ce village marchois. Les relations entre une belle-fille et sa véritable belle-mère sont développées à travers une autre situation. Le cas n’est pas évoqué mais on pense que des veuves de guerre qui vivaient à la campagne voire à la ville, purent rester sous la coupe de la mère de leur défunt mari fort longtemps.

Le veuvage de Gilberte attire des convoitises sur elle, et le comble pour sa bru est que Pierre est en première ligne. Si le récit se termine positivement, c’est parce que l’auteure trouve une astucieuse possibilité de conclure en ce sens. Auparavant nous aurons assisté à l’inauguration d’un monument en mémoire d’un jeune aviateur du village qui vient de décéder. L’auteure souligne qu’à cette époque, encore nombreuses sont les communes qui n’ont pas de monument aux morts.

Le roman "La bru" est paru en 1929 en feuilleton dans "L'Œuvre", connu pour avoir publié "Le feu" de Barbusse durant la Grande Guerre, avoir soutenu les idées de gauche et le pacifisme dans l’Entre-deux-guerres. C’est là que Marcel Déat écrit son célèbre article "Mourir pour Dantzig" le 4 mai 1939."La bru" ne paraît en livre qu'en 1951 et il est couronné du prix Gabriel Nigond, qui vraisemblablement était destiné à mettre en valeur un roman dont l'action se déroulait en Berry, Limousin, Bourbonnais ou Nivernais.

Georges Nigremont est le pseudonyme de Léa Védrine, elle est née en 1885 comme Ernest Pérochon qui fit l’école normale à Parthenay tandis que notre auteure suivit la formation d’élève-Maîtresse à Guéret. Elle fut très connue dans les Trente Glorieuses pour ses ouvrages en direction des enfants, mais elle fut révélée déjà en 1937 avec "Jeantou le maçon creusois" car cette année-là l’ouvrage reçut le prix Jeunesse qui avait désigné auparavant un ouvrage de Marie Colmont et choisit après un titre de Colette Vivier. Sa Creuse natale lui a inspiré, outre l’écriture de contes, deux romans historiques en matière de littérature de jeunesse tel que "Aubusson, la ville déchirée" ou "Zizim, le prisonnier de la tour" ; le fait que ces deux ouvrages aient été édité par La Farandole, maison d’édition contrôlée par le PCF déclarée en faillite au cours des années 1990 fait qu’il n’y a plus eu de réédition de ceux-ci depuis quarante ans.