MediaEntity, Tome 2
de Simon (Scénario), Émilie (Dessin)

critiqué par JulesRomans, le 2 février 2014
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
« Dieu donne le gouvernail, mais le diable donne les voiles » (proverbe serbe)
Voilà une série qui dénonce en particulier le monde de facebook et du piratage informatique ainsi que du numérique en général pour proposer autour de cette BD «des éléments précieux sur les personnages et l’univers, accessibles sur smartphones et tablettes par la technologie de la réalité augmentée». On est assez dans le "je t'aime, moi non plus".

Nous retrouvons les personnages clés (et même fortement clés USB) du premier volume. Nos soupçons de grand manipulateur orientés vers un lycéen surdoué en informatique se confirment. Un journaliste ne nous était déjà pas très sympathique mais la nouvelle dans le métier (sur un autre support) l’est encore moins; elle allie naïveté et goût pour le sordide.

Le trader, victime d’agissements destinés à faire croire qu’il est responsable de la perte exceptionnelle de 4 milliards de la plus grande banque française (pour information, car cela n’est pas dit évidemment, le Crédit agricole a détrôné en 2013 la BNP pour ce titre), se retrouve dans un camp de nomades (au langage propre assez énigmatique). Ce sont des gens vivant en caravane, mais si certains semblent relever de la culture manouche, la majorité est là parce qu'ils ont subi une usurpation d'identité ou un bidouillage informatique (les donnant présents en un lieu où ils n'étaient pas) qui leur a collé un méfait qu'il n'ont pas commis

On sent bien que la victoire contre les forces du mal ne sera acquise qu’avec l’appui de l’ingéniosité d’une jeune fille Camille dont on attend des miracles. D'ailleurs étymologiquement ce prénom désigne les jeunes serviteurs d’un prêtre romain qui pratiquent les sacrifices. Il est à noter que de plus Sainte-Camille mourut à l'endroit devenu Escolives-Sainte-Camille (près d'Auxerre) et que des miracles sur son tombeau se produisant, elle fut considérée comme une sainte.

Le rythme du récit est assez effréné, l’ambiance chromatique est très esthétique (elle joue sur l’alternance d’espaces froids de moralité abjecte et des lieux chauds conviviaux) et le style graphique proche de la caricature porte bien l’intensité dramatique.