Charly 9 (BD) de Jean Teulé, Richard Guérineau (Scénario et dessin)

Catégorie(s) : Bande dessinée => Divers

Critiqué par JulesRomans, le 22 novembre 2013 (Nantes, Inscrit le 29 juillet 2012, 66 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 122ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
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Charles IX passe pour un membre de la bande des Charlots et c'est le "Grand bazar"

"Charly 9" est un album qui nous raconte les dernières années de vie du roi Charles IX depuis sa décision de laisser se perpétrer le massacre de la Saint-Barthélémy en 1572 jusqu’à sa mort au château de Vincennes un peu moins de deux ans plus tard.

Que ce fut une période très folle, nul n'en doute et l'album le fait transpirer. Arriver à faire des clins d’œil au lecteur tant dans le texte que dans le dessin n'est pas le moindre de ses mérites. "Johann et Pirlouit", "Lucky Luke" de façon très explicite, "Les chemins de Malefosse" et d'autres par des ambiances sont convoqués.

Charles IX apparaît ici sous une personnalité dont certains aspects doivent largement à la fiction. Toutefois les traits de caractère largement outrés et transposés de façon imagée à partir d'expressions comme "jouer à l'autruche et se cacher la tête dans le sable" ou "suer sang et eau", servent magnifiquement à faire passer une atmosphère historique où les actions des uns et des autres sont plus complexes que ne permet de l'exprimer un album même en 128 pages.

Beaucoup d'anecdotes historiques significatives parsèment heureusement le récit, on retiendra en particulier celles autour du premier avril (changement du calendrier) et celle de la distribution d'un brin de muguet le premier mai. Un nombre raisonnable de personnages historiques est à (re)découvrir, les femmes entourant le roi (épouse autrichienne et maîtresse calviniste) ont des côtés attachants.

Outre un très bon rendu de l'architecture, on note des intérieurs qui savent être fouillés quand il est nécessaire (ce qui est le cas quand il s'agit de venir appuyer le désordre dans l'esprit du monarque). Les corps expriment successivement les sentiments qui les agitent et portent lorsque la situation le demande des touches d'érotisme.

"Charly 9" en BD est l'adaptation d'un roman éponyme de Jean Teulé qui avait dépassé les 100 000 exemplaires vendus. Cette BD nous semble promise à un heureux destin, elle ne séduira pas que les amateurs de BD historiques, ceux qui se disent bédéphiles goûteront ses allusions au style ou aux héros de certaines séries, ses cadrages sophistiqués et ses atmosphères colorées.

Message de la modération : Prix CL 2016 catégorie Bande dessinée

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Rouge

8 étoiles

Critique de Shan_Ze (Lyon, Inscrite le 23 juillet 2004, 41 ans) - 23 octobre 2016

Charles IX, célèbre roi, tristement connu pour être responsable du massacre de la Saint-Barthélemy. Cette énorme tuerie du 24 août 1572 a fait plusieurs dizaines de milliers de morts dans toute l'Europe. Charly, c'est le petit nom que lui donne sa mère qui lui impose toutes les décisions.
Je ne connaissais pas cet aspect de l'histoire, j'avais entendu parler de ce massacre mais je ne savais pas que ce roi était si jeune, si manipulable. Je ne savais pas que son règne fut si misérable. Richard Guérineau a parfaitement illustré ce triste sire. Je ne sais pas si c'est bien adapté puisque je n'ai pas lu le roman de Jean Teulé mais il marque profondément ; par ce rouge, qui devient de plus en plus présent, par les différents faits relatés comme sa fin très étrange… Une BD sur un moment sombre de l'histoire qui aurait pu être difficile à lire mais avec une pointe d'humour (comme le poisson d'avril) qui le rend plus digeste.

Ubu roi noyé par le sang

9 étoiles

Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 13 septembre 2016

Si le mérite de l’ouvrage revient d’abord à Jean Teulé, qui a effectué un travail de recherche conséquent sur la vie de Charles IX, révélant des faits peu connus de l’Histoire officielle, Richard Guérineau peut se targuer d’en avoir extrait toute la substantifique moelle pour l’accommoder avec brio aux codes du neuvième art. Si cela reste une œuvre de fiction, toutes les anecdotes sont authentiques, selon les propres termes de Jean Teulé, seul le surnom du roi qui a inspiré le titre est inventé. « Charly 9 » confirme le côté espiègle de l’écrivain qui en outre réhabilite d’une certaine manière ce souverain qui dut endosser seul le fardeau du massacre de la Saint Barthélemy, alors qu’au départ il y était opposé. Encore jeune et malléable, il le fit sous la pression de sa machiavélique mère Catherine de Médicis mais fut rongé ensuite par la culpabilité puis la folie, et ce jusqu’à sa mort, moins de deux ans après le tragique événement.

Le récit en lui-même est vraiment passionnant et devrait rallier même les plus rétifs à l’Histoire. Une qualité renforcée par le traitement graphique plutôt original de Richard Guérineau, dans les limites du style dit « franco-belge ». Ce dernier s’en amuse d’ailleurs beaucoup avec quelques clins d’œil savoureux (Johan et Pirlouit, Lucky Luke), créant un contraste saisissant entre la quête de légèreté du Roi, déplacée mais compréhensible, et une atmosphère très assombrie par le massacre qu’il a lui-même ordonné, à laquelle l’auteur du « Chant des Stryges » sait insuffler la noirceur nécessaire. La mise en couleur y est pour beaucoup, alternant des styles chromatiques variés tout au long du livre en fonction du contexte, limitée à des dominantes rouge et noir pour les scènes les plus sanglantes. Tout cela produit quelque chose d’extrêmement vivant voire frénétique, ce qui correspond peut-être bien à l’état d’esprit de « Charly », à qui il ne restait que la folie après son acte sanglant.

Et c’est bien ce roi ordinaire à la réputation sulfureuse, d’une nature influençable (il faut dire qu’il n’avait que 22 ans lors de la St Barthélemy), dépeint comme amateur de chasse et de poésie, qui risque de marquer le néophyte, et ce pour longtemps. A la lecture de l’ouvrage, on découvre un homme à la fois détestable dans sa violence et attachant dans sa fantaisie et sa fragilité, au fur et à mesure de son glissement vers la paranoïa. En outre, ce roi ne se privait pas de jurer à tout bout de champ et s’adonnait aux joies du sexe de plus en plus ouvertement alors qu’il sentait le souffle de la mort se rapprocher de lui. Peu à peu, le lecteur un tant soit peu sensible se sentira pris d’empathie pour cet être à la dérive (sans pour autant l’absoudre de ses actes), à l’évidence trop jeune pour connaître les affres du pouvoir (surtout dans un tel contexte). Sa déchéance fut aussi courte qu’effrayante, presque surnaturelle, comme si le sang versé lors de la St Barthélemy lui sortait par les pores de la peau, marquée par une solitude déchirante que sa mère dépourvue d’états d’âme ne chercha aucunement à combler. Tout cela est accentué par le dessin, qui rend compte de façon saisissante de la constante métamorphose du souverain tout au long du récit, Tout comme ses cheveux s’ébouriffent avec la folie, ses joues se creusent avec la maladie. Au crépuscule de sa vie, à 23 ans seulement, Charles IX avait l’aspect d’un vieillard.

Cet épisode peu glorieux de l’Histoire de France traité ici nous rappelle l’absurdité des guerres de religion et la nécessité de combattre l’intolérance et l’obscurantisme. Il suffira d’une allusion bien placée (dont je préfère laisser la surprise au lecteur) pour établir une passerelle entre cette époque et la nôtre, qui semble traverser une phase de crispations identitaires peu réjouissantes, en particulier dans le « Royaume » la « République bénie de France » de 2016.

En un mot comme en cent, « Charly 9 » est une lecture chaudement recommandée. Non seulement par sa qualité graphique et son souci de restituer les faits historiques (les anecdotes sur le jour de l’an, les 1er avril et 1er mai, la mode vestimentaire…), mais aussi par la force du récit et le personnage finalement haut en couleurs de Charles IX. Quant à savoir si cela le réhabilite, chacun aura son avis sur la question…

L’Histoire rouge cru

9 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans) - 14 juin 2016

La bédé m’intéresse toujours lorsqu’elle est utilisée pour raconter des épisodes de l’Histoire. D’un coup d’œil on peut se plonger dans l’époque contrairement à un roman qui requiert plusieurs pages. Ici, il s’agit du règne sanglant de Charles IX. Mais la BD n’est pas un livre d’Histoire. On devine que le scénario de Teulé s’inscrit beaucoup dans la fiction. Cela n’amenuise pas la qualité de l’œuvre et permet de faire vivre une des scènes les plus poignantes d’un Roi mourant.

Une bande dessinée qui ne laisse pas indifférent ! …

7 étoiles

Critique de Mandarine (, Inscrite le 2 juillet 2010, 52 ans) - 25 février 2016

Voici une Bande dessinée qui ne laisse pas indifférent son lecteur … Un premier contact assez déroutant ...
J’avoue ne pas avoir lu le livre de Jean Teulé Charly 9, paru aux éditions Julliard en 2009, donc je ne ferai pas de parallèle avec le livre dont est tiré cette Bande dessinée.
Sur la couverture, on voit Charles IX sur son trône entouré de sang sur le sol et sur lui. Voici une couverture percutante et qui donne le ton ! Ce dessin est très accrocheur qu’on aime ou pas : pour moi cela représente deux choses. Tout d’abord, la maladie de Charles IX : je savais qu’il était atteint de tuberculose pulmonaire et pour le coup avait tendance à saigner régulièrement sur la fin de sa vie. Et ensuite, j’y vois aussi un symbole, en effet, avec le massacre de la Saint Barthélémy, évènement qui a été un bain de sang. On dit que sa culpabilité le rongera jusqu’à la fin de sa vie.
Le rendu, la plume, les couleurs me plaisent bien même si le sujet reste pour moi délicat à gérer. En effet, l’histoire bien que intéressante et instructive est vraiment crue et a un style très direct. Il est rare, mais bénéfique également je pense, qu’on nous parle de nos grands personnages historiques en intégrant leurs défauts. Cette Bande dessinée nous donne donc une image dérangeante de Charles IX mais qui reste néanmoins passionnante.
Le roi est décrit comme un drôle de personnage, instable, fou, incompris ( ?), incapable de régner, arrivé trop tôt sur le trône (peut-être ?), qui adore la chasse au point de courir les lapins et le cerf dans son château. Ce personnage déroute également par ses réactions, ses réponses aux problèmes et ses relations avec les autres.
Vous l’aurez compris, je suis vraiment partagée sur cette Bande dessinée qui m’en apprend beaucoup sur Charles IX et en même temps, un peu déroutée par la façon dont cette BD nous raconte cette passionnante histoire de ce roi hors du commun mort à 23 ans.

Un homme.. une histoire

9 étoiles

Critique de Samastrid (, Inscrite le 12 novembre 2012, 61 ans) - 16 novembre 2014

Défi pas évident que de raconter Charles IX.
Les dessins sont bien rendus.
Les épisodes justes et, malgré l'horreur de cette tranche d'histoire, on dénote des morceaux d'humour (noir).

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  1564 CHARLES IX INVENTE LE PREMIER AVRIL 1 JulesRomans 27 novembre 2013 @ 14:07

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