L'ambulance 13, Tome 4 : Des morts sans nom
de Patrice Ordas, Patrice Cothias (Scénario), Alain Mounier (Dessin)

critiqué par JulesRomans, le 28 décembre 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Les petites Curie sont les premières antennes chirurgicales mobiles
Voici le deuxième tome de la deuxième série qui avait commencé par la Bataille de Verdun et se termine par la Bataille du Chemin des dames. Dans le volume précédent, il est venu l’idée qu’Isabelle de Ferlon la religieuse devenue infirmière originaire de Lorraine annexée aurait pu guider, par des informations l’artillerie allemande qui s’était montrée d’une rare efficacité lors de l’attaque de Verdun. Clemenceau encore sénateur, mis au courant de l'arrestation de cette religieuse, pense qu'un procès de celle-ci bien orchestré par la presse (il dirige d'ailleurs un des journaux parisiens) peut servir à remobiliser les énergies de l'arrière.

Le récit de ce quatrième tome débute avec l’exécution d’Isabelle de Ferlon, suivie par l’arrivée sur le front de la jeune Émilie avec les petites Curie, des camionnettes de radiologie qui sillonnent la zone des armées. L’ouvrage mi-BD et mi-documentaire "Marie Curie : La fée du radium" (présenté ici) de Renaud Huynh, Chantal Montellier en dit plus sur ces véhicules qui permirent d'amener de quoi trouver où sont situés précisément les éclats.

Lorraine Bouteloup, sœur du héros chirurgien, tombe amoureuse du fils Favre à qui le héros chirurgien a sauvé la vie et qui est resté amputé d’une main. Cela ne l’empêche pas de conduire un avion. Le récit continue de nous montrer que l’enfer des tranchées se prolonge dans un temps plus ou moins long sur un brancard puis sur un lit d’hôpital. Des informations historiques sont habilement introduites dont celle qui rappelle qu’au début de la bataille de Verdun ce fut Nivelle qui fut à la hauteur et non Pétain. La part que les tirailleurs sénégalais prirent dans l’Offensive Nivelle est justement mise en évidence, même si on aurait pu en plus insister sur le froid de canard qui enveloppait le nord du département de la Marne en ce début d’avril 1917. La prise du moulin de Laffaux (vers Soissons) au même moment par ces mêmes tirailleurs sénégalais est mise en scène dans la BD "Demba Diop, la force des rochers" de Tempoe et Mor.

Le discours est plus nuancé que celui de Tardi. L’esthétique réaliste et les couleurs lumineuses de l’illustration contribuent à entretenir une atmosphère émouvante et porteuse de désillusion envers tant l’attitude de certains civils que celles de certains officiers (qui se traduit en particulier par un début de mutinerie).