Les brigands de l'histoire, Mandrin gentilhomme contrebandier
de Margot Bruyère

critiqué par JulesRomans, le 24 novembre 2013
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Mandrin, Marion du Faouët, même combat, même hagiographe et mort quasi simultanée
Si Mandrin meurt en 1755 le 26 mai, Marion du Faouët a été pendue exactement neuf jours avant. Nous sommes donc en 1755, l’année du grand Dérangement des Acadiens ; à noter que de 1775 à 1785, Nantes fut un lieu de transit pour certains réfugiés qui allèrent s’installer en particulier dans des villages entre Poitiers et Châtellerault.

Cette ville de Nantes, lieu de détention de Marion du Faouët, est bien éloignée du Dauphinois où opère essentiellement Louis Mandrin, chef d’une bande de contrebandiers. Toutefois comme le rappelle en particulier "Les sauvageons" d’Ahmed Kalouaz, ce dernier n’hésite pas à pointer son nez par exemple en Rouergue.

Le récit des "Brigands de l’histoire. Mandrin, gentilhomme contrebandier" débute avec l’affaire qui ruine Louis Mandrin. En conséquence de la paix signée très hâtivement par Louis XV, d’ailleurs accusé d’avoir travaillé pour le roi de Prusse (l’expression vient de là), les mulets achetés par le héros du livre afin de les vendre à l’armée française en opération dans le Piémont, restent sur les bras de ce dernier et la maladie atteint la majorité d’entre elles. Pensant que c’est à la Ferme générale de le dédommager et celle-ci ne le faisant pas, il voue à partir de ce moment une haine farouche aux fermiers généraux qui à l’échelle d’une intendance ou d’une partie d’une intendance (comprendre une région pouvant correspondre à la taille d’une petite province) collectent les impôts. Voltaire avait d’ailleurs une fameuse histoire drôle à leur sujet : « Je vais vous raconter une histoire de brigand. Il était une fois un fermier général… j’ai oublié le reste ! ».

Le duché de Savoie, est alors une des parties du royaume de Sardaigne, territoire situé des deux côtés des Alpes en plus de sa partie insulaire ; cette configuration tient de 1720 à 1798. Louis Mandrin va se faire contrebandier, mais le nombre de ses compagnons et de ses provocations à l’égard des fermiers généraux va grossir. C'est en Savoie qu'il a ses dépôts d'armes et de marchandises ; se pensant ainsi hors d'atteinte des soldats français, Louis Mandrin est arrêté par certains de ceux-ci déguisés en paysans au château de Rochefort-en-Novalaise (non loin de Chambéry) au grand dam du roi de Sardaigne.

Écrit de façon fluide par une habituée des romans historiques pour la jeunesse, ce récit est complété par un dossier documentaire très bien fait et par quatre pages pour expliquer des mots de vocabulaire (comme confesser, maquignon, gibet, priser, supplice de la roue …).