La mort et son mystère
de Camille Flammarion

critiqué par Hiram33, le 25 novembre 2013
(Bicêtre - 55 ans)


La note:  étoiles
Un scientifique parmi les ésotéristes
La mort et son mystère (Camille Flammarion)

1ère partie : Avant la mort

1 – le plus grand des problèmes peut-il être actuellement résolu ?

La survivance de l’âme, soit dans l’espace, soit sur les autres mondes, soit par des réincarnations terrestres, pose toujours devant nous le plus formidable des points d’interrogation. Flammarion a reçu des centaines de lettres sur les manifestations de revenants et il s’en est servi pour prouver la survivance de l’âme.

Une mère a perdu son fils de 33 ans d’une tumeur à la vessie. Elle a écrit à Flammarion pour le supplier de lui confirmer l’existence de la vie après la mort. Une autre mère ayant perdu sa fille a écrit à Flammarion mais le savant n’a pu lui apporter de certitude absolue. Pendant vingt ans il a cherché des preuves de la survivances. Les religions et les dissertations théologiques ne prouvent rien. La mort est l’événement suprême de la vie. Ne pas vouloir l’étudier est une puérilité enfantine. La résurrection des corps est un dogme suranné qui ne peut plus être accepté par personne mais si notre pensée, notre entité psychique, survit à la dissolution de l’organisme matériel, nous aurons la joie de continuer à vivre. Les recherches sur la survivance ont été bloquées par l’Inquisition. On a imposé le silence aux chercheurs. C’est ce qui a le plus retardé le progrès des sciences psychiques.

2 – le matérialisme

doctrine erronée incomplète et insuffisante

Flammarion évoque les travaux de Comte, Renan et Littré. Littré pensait que dans les sciences positives on ne connaissait aucune propriété sans matière et la pensée sans être vivant. Mais il associait pourtant la psychologie à la physiologie. Flammarion pense qu’il y a dans l’homme autre chose que ce qui se voit, se touche ou se pèse; qu’il y a dans l’être humain un élément indépendant des sens matériels, un principe mental personnel, qui pense, qui veut, qui agit, qui se manifeste à distance, qui voit sans les yeux, entend sans les oreilles, découvre l’avenir encore inexistant, révèle des faits ignorés. L’être humain n’est pas seulement un corps matériel doué de propriétés variées, mais encore un être psychique doué de propriétés différentes de celles de l’organisme animal. On n’a aucune raison de supposer que le corps et l’esprit soient inséparablement liés l’un à l’autre. La totalité du cerveau n’est pas nécessaire à la pensée ni à la vie.

3 qu’est-ce que l’homme ? L’âme existe-t-elle ?

Il peut exister autour de nous, non seulement des choses, mais encore des êtres invisibles, intangibles, avec lesquels nos sens ne nous mettent pas en relation. Les apparences ne nous révèlent pas la réalité. Il n’y a qu’une réalité directement appréciée par nous, c’est notre pensée. Et ce qu’il y a de plus irrécusablement réel dans l’homme, c’est l’esprit. La volonté humaine suffirait, à elle seule, pour prouver l’existence du monde psychique, du monde pensant, différent du monde matériel visible, tangible. Lorsque nous méditons, lorsque nous disons simplement je pense ou je veux, lorsque nous calculons un problème, lorsque nous exerçons nous puissance d’abstraire et de généraliser, nous affirmons l’existence de l’âme. L’âme est une entité intellectuelle.

4 facultés de l’âme supranormales, inconnues ou peu étudiées, prouvant son existence indépendante de l’organisme matériel.

Flammarion évoque le pressentiment. M. Constans, ministre de l’Intérieur lui a raconté un fait qu’il a vécu. Un matin, dans son cabinet, on lui remet un livre dans son courrier. Il le laisse à sa femme qui le regarde et y voit une infamie. Elle fit appeler M. Cassel, directeur de la Sûreté générale, et lui recommanda d’examiner l’objet, pressentant quelque mystère. Le livre contenait de la dynamite.

Il y a en nous autre chose que la conscience normale apparente. Quel que soit le nom qu’on lui donne, « inconscient », « subliminal », « subconscient », cette autre chose existe : vous ne pouvez pas sortir de là. Eh bien, c’est notre être intime, transcendant, permanent, antérieur à notre corps matériel et ne dépendant pas de lui, c’est notre âme, dont les facultés sont inconnues de la science classique. Flammarion évoque également le cas d’un homme qui a le pressentiment avéré de l’assassinat du roi d’Italie, Humbert.

5 – Action de l’esprit sur le corps. La volonté agissant sans la parole, sans aucun signe, et à distance.

Des diverses manifestations de notre psychique, l’une des plus remarquables est, assurément, l’action de la volonté humaine sans l’intermédiaire de la parole ou d’aucun signe, et à distance.

Flammarion évoque le cas du Dr Ochorowicz qui a empêché une de ses patientes de se jeter par la fenêtre rien que par la pensée. Il avait également réussi à lui donner des ordres par la pensée la faisant se lever ou bouger une main. Mesmer pouvait également contrôler les gens à distance d’après Flammarion.

Les magnétiseurs pensent que leur volonté concentre « le fluide » et ensuite le projette au-dehors, dans une direction approximative, comme un paquet d’opium. Flammarion pense que les idées se transmettent par des vibrations dans l’éther. Flammarion estime que l’action de l’esprit sur la matière, depuis longtemps étudié, ne se montre peut-être nulle part aussi évidente que dans les phénomènes produits par l’autosuggestion sur certains troubles dans la circulation du sang, tels que rougeurs, congestion cutanée, vésication, hémorragies, stigmates sanguinolents, etc. Il cite le cas de religieuses qui ont eu les stigmates du christ. Les « miracles » de Lourdes représentent l’une des manifestations les plus curieuses et les plus évidentes de la puissance de l’idée, de l’exaltation mentale, de la foi. Nous devons admettre aussi l’action de nos « forces psychiques inconnues ». Flammarion relate le cas de personnes qui sont apparues à leurs proches rien que parce qu’ils ont pensé à eux très fort.

6 – La télépathie et les transmissions psychiques à distance. Vue et audition télépathiques.

Flammarion relate l’histoire d’un enfant de 7 ans qui était capable de lire la pensée de sa mère. Quand elle ouvrait un livre, il était capable de dire quelle page elle avait sous les yeux. La vision télépathique se produit sans l’aide des yeux. La distance, les obstacles matériels ne l’empêchent pas. Le temps lui est souvent aussi indifférent que l’espace. On voit un événement présent, passé ou futur. Le fait psychologique met en oeuvre une faculté de l’esprit indépendante de notre organisme. Flammarion pense que la télépathie n’est pas rare. Il y a au-moins une personne sur dix qui connaît, soit par elle- même, soit par des proches, un fait de télépathie, de prémonition, d’avertissement de mort, de vue de l’avenir, en un mot d’action psychique. La télépathie a plus de fondement, une base plus universelle et plus sûre que n’en a aucune religion.

7 – La vue sans les yeux, par l’esprit, en dehors des transmissions télépathiques, la lucidité.

On peut voir sans les yeux, entendre sans les oreilles, non point par une hyperesthesie du sens de la vue ou de l’ouïe, car ces observations prouvent le contraire, mais par un sens intérieur, psychique, mental. Si l’on peut voir sans les yeux, on le fait par l’acte de facultés psychiques internes, par une force inconnue indépendante du sens de la vision normale. Flammarion dénomme la vue sans les yeux la cryptoscopie. Il évoque les expériences du marquis de Puységur en 1785. Il avait magnétisé un jeune homme de 14 ans nommé Amé. Amé avait mal à l’estomac et il pouvait voir son mal avec les doigts. Le somnambulisme permettait la vue sans les yeux selon Puységur. Flammarion évoque le cas de la femme d’un colonel de cavalerie, que son mari magnétisait. En état de somnambulisme, elle vit qu’un officier voulait se tuer et sa vision fut confirmée. Flammarion révèle que Victor Hugo lui-même participait à des séances de somnambulisme et croyait à la seconde vue. Le célèbre prestidigitateur Robert Houdin certifiait sur l’honneur que ces phénomènes n’étaient produits par aucune subtilité d’une ingénieuse prestidigitation. Flammarion évoque plusieurs cas de somnambules capables de lire sans les yeux le contenu de lettres cachetées ou de livres fermés. Il pense que c’est notre esprit qui pense, qui veut, qui aime, qui cherche, qui se décide. Ce n’est pas notre chair moléculaire cérébrale. La vue sans les yeux s’exerce par l’esprit, par l’âme.

8 – La vue des événements futurs, l’avenir présent, le déjà-vu.

De même que l’âme voit à travers l’espace, elle voit à travers le temps. Flammarion évoque des scènes de déjà-vu. Une femme rêve être en vacances dans une auberge, dans une chambre avec une armoire derrière laquelle elle voit grandir les flammes. Six mois après elle part en vacances et reconnaît le petit pavillon qu’elle a vu en rêve avec l’armoire au même endroit et l’incendie se déclenche.

9 – La connaissance de l’avenir, le fatalisme, le déterminisme et le libre arbitre, problème du temps et de l’espace.

Le fatalisme paraît en désaccord avec tous les progrès de l’humanité. Mais on est dans l’erreur en pensant que le fatalisme et le déterminisme sont identiques. Dans le premier, l’homme est un être passif qui attend les événements; lesquels sont inévitables. Dans le second, au contraire, l’homme est actif et fait partie des causes agissantes. On ne voit pas ce qui doit arriver, mais ce qui arrivera. Il arrive toujours quelque chose. C’est ce quelque chose que nous voyons, sans que ce soit fatal pour cela. Y a-t-il incompatibilité absolue entre la prévision de l’avenir et le libre arbitre ? C’est ce que l’on affirme en général, et ce que les écrivains anciens ont affirmé comme les modernes. Les événements et les circonstances nous conduisent beaucoup plus amplement qu’on le pense, en général. Notre libre arbitre ne se joue que dans un cadre d’activité fort étroit. Nos actes les plus importants sont déterminés à la fois par les circonstances et par notre volonté. Voir, par un procédé quelconque, ce qui doit arriver par la succession des effets et des causes peut se concilier avec l’existence de toutes les causes agissantes, y compris la liberté. Néanmoins Flammarion pense que nous sommes les artisans de notre destinée. LE fatalisme est la doctrine des somnolents, les fatalistes attendent les événements, ce qu’ils supposent devoir se produire quand même et malgré tout. Au contraire, nous travaillons, et nous coopérons à la marche des événements. Voir l’avenir est voir simplement ce qui arrivera. Ce n’est pas prévoir, c’est voir. Flammarion évoque le cas du docteur Gallet. Il avait prévu l’élection du président Casimir-Périer alors qu’il ne s’intéressait pas à la politique en devinant le nombre précis de voix. Bien qu’il soit astronome, Flammarion semble accorder de l’importance à l’astrologie. Il cite le cas de l’astronome David Fabricius qui, à partir de l’astrologie, calcula que le septième jour du mois de mai 1617 lui serait fatal. En effet, il mourut ce jour-là assassiné par un paysan. Flammarion explique les prémonitions en estimant que pendant la vie, comme après la mort, l’âme est plongée dans l’atmosphère éthérée d’un monde invisible. Les prémonitions prouvent l’existence de l’esprit, doué de faculté intrinsèques indépendantes des sens physiques. Si l’âme n’est pas une production du cerveau, si elle est distincte du système nerveux cérébrospinal, si elle existe par elle-même, il n’y a pas de raison pour qu’elle se désagrège avec lui.

2è partie : autour de la mort.

1 – Les faits exposés dans la première partie prouvent-ils irréfutablement l’existence de l’âme ?

Flammarion regrette que les savants, les écrivains, les artistes se tiennent dans une réserve discrète car il pense qu’eux aussi sont témoins de phénomènes psychiques. Ils craignent l’ironie ou que leur dignité soit compromise. Flammarion pose une hypothèse : les phénomènes psychiques peuvent-ils être attribués à des facultés, connues ou inconnus, d’un appareil cérébral aussi puissant qu’on l’imagine ? Attribuer à un groupement de molécules matérielles, à une action chimique, mécanique, d’un fourmillement d’atomes quelconques, la faculté de voir ce qui n’existe pas encore, ce qui arrivera dans plusieurs heures, plusieurs jours, plusieurs semaines, plusieurs mois, plusieurs années, est une pure hypothèse, et ne s’appuie sur aucune base scientifique. Outre le côté esprit de l’âme, il y a le côté moral, qui est le fond même de l’âme humaine. Comment voir là une fonction de la maladie cérébrale ? Flammarion pense que les facultés supranormales ne sont pas à nos ordres. Elles s’exercent inconsciemment sinon ceux qui pratiquent la vue par l’esprit seraient les maîtres du monde. Camille Saint-Saëns avait été refusé à l’Académie des Beaux-Arts. Il avait eu une prémonition. Il se dit qu’il serait reçu lorsque les lions qui ornent le devant de l’Académie seraient retournés et c’est ce qui se passa. Pourtant il a écrit à son ami Flammarion qu’il ne croyait pas à l’âme et Flammarion lui a répondu qu’il n’était pas logique.

2 – Les doubles de vivants

Les exemples de doubles, de bilocations, d’apparitions, sont si nombreux qu’il est impossible de les annihiler tous et de supprimer leur réalité. Flammarion cite le cas de Goethe. Le poète se promenait un soir à Weimar. Il vit son ami Frédéric qui était pourtant à Francfort. Goethe était accompagné de son ami K. qui ne vit pas l’apparition. Quand Goethe rentra chez lui, il y trouva son ami Frédéric. Frédéric avait rêvé qu’il allait à la rencontre de Goethe. Flammarion explique ce phénomène par une transmission d’images par ondes psychiques entre deux cerveaux harmonieusement accordés.

Guy de Maupassant, au début de la paralysie générale qui devait l’enlever, voyait avec terreur un double de lui-même assis à sa table, et il s’est inspiré de cette hallucination dans le Horla. Les « doubles » qui viennent de passer devant nos yeux sont des manifestations de vivants, non associés à la mort, et nous prouvent simplement la réalité de ces phénomènes encore inexpliqués. Il n’y a pas seulement des doubles inconsciemment formés; il y a aussi des doubles produits par la volonté. Les être humains sont reliés entre eux par des effluves invisibles. Ce corps fluidique, ce corps astral, peut se dégager de notre corps matériel en certaines circonstances. Flammarion relate l’expérience d’une femme qui était séparée de sa soeur jumelle. Comme son absence lui était très pénible, elle se résolut à voir ce qu’elle faisait en se dédoublant. Elle l’aperçut couchée dans son lit, un livre à la main. Sa soeur ressentit sa présence et l’aperçut. Elle renouvela plusieurs fois cette expérience.

Flammarion pense qu’il existe deux sortes de doubles : 1) ceux qui sont dus à des projections de la pensée agissant sur le cerveau des percipients qui leur sont plus ou moins associés, 2) ceux qui sont extérieurs, réels, objectifs. L’être humain peut se dédoubler en une forme analogue à la nôtre, se séparer de notre corps, prendre une certaine consistance, devenir visible, tangible même, parler, produire des effets mécaniques.

3 – La pensée productrice d’images projetées à distance. Les apparitions de vivants, morts apparaissant vêtus comme de leur vivant. Cinématographe psychique, transmissions télépathiques sensorielles.

Une apparition télépathique, de vivant ou de mort, peut avoir une origine objective et réelle. Elle peut aussi être subjective, dans l’esprit qui le perçoit et dans l’être d’où elle émane, ce qui expliquerait l’existence des vêtements. L’être, tel qu’il est, ou tel qu’il se sent, projette son image à distance, avec ses vêtements. Flammarion évoque le cas du commandant Mennelshisch qui causait, dans sa chambre avec un autre officier, lorsqu’il vit son frère George entrer et s’asseoir avec des habits ruisselants d’eau. Il était en mer, et son bateau faisait naufrage à cette heure-là. Cette apparition est une projection lancée par l’âme du mourant. Ce ne sont pas seulement les images visuelles qui peuvent être transmises télépathiquement; ce sont encore les auditions, les impressions d’odeur, les mouvements moléculaires, les germes de mort, les sensations cinématiques.

4 – Les apparitions de mourants quelque temps avant la mort

Flammarion relate le cas de mourants qui sont apparus à leurs proches pour annoncer leur mort prochaine comme la soeur du Docteur Romanes. Il la vit apparaître au pied de son lit et se dissoudre quand il l’appela. Il apprit sa mort quelques jours plus tard.

5 – Les manifestations de mourants quelque temps avant la mort (autres que les apparitions).

Flammarion évoque le cas d’une femme qui avait vu sa soeur l’appeler dans sa chambre la nuit. Mais sa soeur nia avoir fait ça. Sa soeur lui avait dit qu’elle était sur le point de s’en aller. Une semaine après l’apparition la soeur mourut.

6 – Vues de scènes de mourants et de morts à distance. Auditions du même ordre.

Flammarion relate le cas d’une femme dont le mari était parti pour la guerre de 1914. Elle fut heureuse de recevoir une lettre de son mari mais quelques jours plus tard, elle eut une vision : un champ de bataille et son cher mari tomber au milieu de tous. Quelques jours plus tard elle apprit la mort de son mari. Pour Flammarion il s’agit d’un cas de télépathie entre le mari et sa femme. Flammarion explique toutes ces visions de personnes peu avant leur mort par leurs proches par la télépathie. Il pense que la transmissions des ondes psychiques entre deux cerveaux séparés par de grandes distances est comparable à celles des ondes éthérées de la télégraphie sans fil.

7 – Avertissements divers précédant la mort ou l’annonçant.

Flammarion évoque l’histoire de A. Villinger, fondé de pouvoirs d’une grande compagnie d’assurance. Il rêva qu’il entrait dans une brasserie et vit le directeur de sa compagnie. Il était pâle et avait l’air souffrant. Le directeur annonça la date de sa mort. En effet, le directeur mourut à la date prévue. Flammarion évoque un autre cas curieux. Celui d’un homme souffrant d’un rhumatisme articulaire aigu. L’homme vit son père mort depuis quelques années et celui-ci le guérit mais en même temps lui prédit la date de sa mort. Les médecins ne voulurent pas y croire et pourtant l’homme se confessa, se fit administrer l’extrême-onction et mourut sans aucune peur. Flammarion raconte l’histoire surprenant de Lord Dufferin qui, une nuit vit un homme très laid portant un cercueil. Personne ne put lui dire qui était cet homme. Nommé ambassadeur à Paris, Lord Dufferin se trouva au Grand Hôtel et il revit l’homme laid qui était groom d’ascenseur. Effrayé, il ne monta pas et cela lui sauva la vie car l’ascenseur s’écrasa et tous ses passagers périrent. Flammarion conclut ce chapitre en déclarant que des êtres supérieurs à nous, voient l’avenir comme étant présent.

8 – Sensations mentales à distance de morts ou d’accidents (sans phénomènes physiques).

Flammarion évoque le cas du Docteur N. qui avait commandé à son pharmacien quelques médicaments que celui-ci négligea de préparer pendant une semaine. Un soir, le docteur se coucha avec l’intention d’aller réprimander le pharmacien. Dans la nuit, il se réveilla entendant distinctement une voix qui disait : « A 7 heures et demie du matin ». Le docteur regarda sa montre : elle marquait trois heures et demie. Le jour suivant le pharmacien lui dit qu’il avait été sorti de son sommeil par son réveil à trois heures et demie et qu’il avait dit à sa femme : « Je serai de retour à sept heures et demie pour préparer les médicaments du docteur ». Le docteur avait donc entendu la voix du pharmacien à distance et en pleine nuit. Flammarion relate encore des prémonitions de morts comme cet homme qui au cours du dîner reçut la vision de sa soeur jumelle morte et ce décès fut confirmé le lendemain. Mme Galli-Marié, créatrice du rôle de Carmen de Bizet, s’arrêta de chanter car elle avait ressenti au côté une douleur lancinante, comme un coup de marteau dans le coeur. Elle se reprit et acheva l’acte mais elle avait deviné la mort de Bizet qui lui était apparu. On courut aux informations. Bizet venait de mourir.

9 – Morts annoncées par des bruits, des coups frappés. Des vacarmes inexpliqués, des phénomènes physiques.

Flammarion avoue tout de suite qu’il est impossible d’expliquer les révélations de morts par des bruits, des secousses. Il relate le fait suivant qu’il tient de sa mère. Une nuit, elle avait été réveillée par un grand bruit, entendant tomber une glace qui était sur la cheminée. Elle s’était levée et avait constaté que la glace était bien tombée mais ne s’était pas cassée. Le lendemain, elle apprit la mort de la tante Bayet, la soeur du père de Flammarion.

Dans ces bruits, remuements d’objets, mouvements plus ou moins violents, vacarmes d’intensités variées, il importe de distinguer ceux qui sont réels de ceux qui sont imaginaires ou fictifs. Dans ceux-ci même, il y a une cause extérieure aux percipients, ils sont subjectifs, et néanmoins réels à un certain point de vue. Pour les phénomènes subjectifs, nous n’avons pas d’autres explications à chercher que les transmissions psychiques que nous connaissons; mais pour les déplacements réels, les mouvements constatés, il est tout naturel de penser à l’électricité, en ayant soin d’avouer que nous ignorons absolument la nature de cette force.

10 – Entre la vie et la mort

Flammarion évoque un récit de Victor Hugo publié dans « Choses vues ». Le 27 novembre 1846, une vieille femme appelée Mme Guérin était malade d’une maladie qui paraissait peu grave. Le médecin l’avait qualifiée d’indigestion. Il était 5 heures du matin. La fille de madame Guérin, veuve, nommée Mme Guérard, qui logeait avec elle, travaillait, assise au coin du feu, près du lit de sa mère. Mme Guérin se dit que Mme Lanne devait être revenue de la campagne mais sa fille lui dit qu’elle était morte une heure auparavant mais Mme Guérin avait bien vu passer Mme Lanne à 4 heures du matin qui lui disait : « Je m’en vais; venez-vous ? » La fille crut que sa mère avait fait un rêve. Mme Guérin mourut quelques heures après avoir vu le corps de Mme Lanne. Flammarion pense que Mme Lanne n’était pas tout à fait morte lorsqu’elle s’est manifestée à Mme Guérin et lui a dit « Je m’en vais; venez-vous ? »

11 – Les manifestations de mourants au moment du décès (autres que les apparitions)

Flammarion évoque le cas du fils du capitaine Marcucci qui, le 24 décembre 1911, rêva de son père marchant à la tête de ses soldats contre les Turcs. Un de ceux-ci, caché derrière un arbre, avait tiré sur lui et l’avait tué. Or une dépêche arrivée de Tobrouk confirma la vision du fils.

Flammarion relate un autre cas. Un jeune homme de 19 ans qui habitait avec sa mère à Constantine entendit sa mère lui raconter qu’elle avait été réveillée par un coup frappé à la porte de sa chambre. Elle demanda qui était là. C’était la voix d’un cousin habitant en France qui lui dit qu’il était mort, qu’elle devait garder tout ce qu’elle avait et de prier pour lui. Quelques jours plus tard la mort de ce cousin fut confirmée.

Flammarion évoque également le souvenir d’Alexandre Dumas, qui, à 4 ans avait entendu un grand coup frappé à la porte de sa chambre et avait voulu ouvrir mais sa cousine effrayée l’en avait empêché. Il avait senti que c’était son père dont il apprit la mort le lendemain. Flammarion conclut à une manifestation coïncidant avec le moment même de la séparation de l’âme du père de Dumas d’avec son corps.

12 – Les apparitions de mourants au moment du décès.

Flammarion évoque l’observation de M. Contamine. Se trouvant un jour assis dans sa chambre devant son armoire à glace. Il aperçut dans cette glace la porte derrière lui s’ouvrir et vit entrer un de ses amis. M. Contamine se retourna pour tendre les mains à son ami mais il ne vit personne dans la chambre. Contamine, très intrigué, s’informa aussitôt et apprit que son ami, ayant commis un homicide par imprudence, et voulant se dérober à la justice, s’était suicidé à l’heure exacte où avait eu lieu l’apparition. Flammarion estime que la science psychique a fait des progrès considérables, et parmi ces progrès, nous devons remarquer l’étude expérimentale des matérialisations qui nous montre que des organes corporels peuvent se former de la substance émanée de l’organisme d’un médium. Flammarion conclut en affirmant que l’être humain ne consiste pas seulement dans le corps matériel visible, tangible, pondérable, connu de tout le monde en général et des médecins en particulier, mais, en même temps, en un élément psychique impondérable doué de facultés intrasèques spéciales, capables d’agir en dehors de l’organisme physique et de se manifester à distance. Les conditions quotidiennes du temps et de l’espace ne lui sont pas imposées.