Le jardin de l'aveugle
de Nadeem Aslam

critiqué par Tanneguy, le 29 novembre 2013
(Paris - 85 ans)


La note:  étoiles
Horreurs au Pakistan et en Afghanistan après le 11septembre...
J'ai failli abandonner ce livre après une cinquantaine de pages, j'ai continué malgré tout, curieux de voir comment un Anglais d'origine pakistanaise abordait les problèmes de ce pays si mal connu. Je n'ai pas été récompensé.

Les personnages principaux sont de condition moyenne mais assez évolués. Les plus jeunes sont manifestement opposés à la politique pro-américaine de leur pays. Ils affichent une haine constante envers les Américains, l'Europe, l'Occident, les Juifs, les Chrétiens. Qu'en pense l'auteur ? Il ne le dit pas clairement, attitude habituelle des musulmans "réfugiés".

Le roman retrace les aventures de deux de ces jeunes partis en Afghanistan pour satisfaire le djihad; beaucoup d'horreurs, de sang, de larmes; beaucoup d'invraisemblances également, tout ceci ne m'est guère apparu crédible et je suis resté sur ma faim !

On peut oublier ce livre mal écrit (ou mal traduit ?)
Une vision aiguë, vécue de l’intérieur du Pakistan. 9 étoiles

Aslam Nadeem, le jardin de l’aveugle, au Seuil.

Trois atouts pour ce roman de qualité : un scénario intéressant, une relation très maîtrisée, un regard global des populations du Pakistan et de l’Afghanistan aux prises avec le djihadisme.

Après le 11 septembre 2001, les Américains attaquent les talibans en Afghanistan. Les remous s’en font sentir au Pakistan où on suit le parcours de deux frères, Jeo et Mikal, on vit leurs amours, leurs amitiés, leurs relations avec la famille. Le panorama intergénérationnel permet une fresque élargie des deux pays frontaliers, agités par des forces antagonistes et des courants idéologiques divers, souvent incompatibles.

Même si les « aventures » sont multiples et nombreux les protagonistes, le lecteur s’y retrouve bien. L’auteur refuse le vertige de la relation en direct, il use d’ellipses, accélère ou ralentit l’action à son gré, pour permettre la réflexion ou jouir du moment présent. Certaines scènes ont évidemment une portée symbolique, au lecteur de la découvrir. S’il est parfois malaisé de comprendre certaines motivations des personnages, c’est dû à notre ignorance des positions musulmanes, peut-être aussi à la traduction.

L’actualité (coalition contre Daech - Etat islamique) donne un regain d’intérêt à ce tableau vu et vécu de l’intérieur du Pakistan. Les interdictions, les obligations, les manoeuvres et les crimes des musulmans radicaux créent d’épouvantables tensions dans la population.

De ces affrontements profitent les seigneurs de la guerre, dans un climat de violence de corruption et de racket. Les protagonistes sont souvent en proie aux doutes, aux regrets, à la révolte.

Mais ce qui exacerbe et unit la population, c’est la haine de la présence américaine qui bombarde sans discernement et tient toute la population pour coupable.

Rotko - Avrillé - 50 ans - 15 septembre 2014