Le meurtre d'un enfant
de Jean Cau

critiqué par Lecassin, le 30 novembre 2013
(Saint Médard en Jalles - 68 ans)


La note:  étoiles
Il faut bien que jeunesse se passe...
Jean Cau restera toujours pour moi un OVNI littéraire : Membre de la jeunesse existentialiste, longtemps secrétaire de Sartre, de 1947 à 1956, il finira par rejoindre la Nouvelle Droite (le G.R.E.C.E) et par publier tant en librairie que dans la presse (L’Express, Le Nouvel Observateur, Paris-Match) des textes polémiques dont la causticité lui vaudra bien des inimitiés dans le microcosme germanopratin dont il dira, à peu de choses près : « Ils n’ont jamais vu un ouvrier de leur vie, ils ont des domestiques, ils ont des bonnes, mais ils sont de gauche. Ils vont au peuple parce qu’ils n’en sortent pas »…

Tout homme, tôt ou tard, étrangle son enfance et l'enterre dans son jardin secret. Dans « Le meurtre d’un enfant », Jean Cau nous montre la difficulté pour l’homme en devenir de tuer l’enfant qu’il fut. Un passage fort que cette image - maintes fois reprise - effrayante, et néanmoins fascinante, entrevue sur les routes de l'été 1940, que ce tankiste allemand, torse nu, bronzé, appuyé contre sa machine et coupant une miche de pain avec sa dague. Et l'enfant Jean Cau, à qui l'on avait dit que l'Allemand était le Mal découvrait que le Mal était beau…

Je ne peux m’empêcher de penser que dans ce « Meurtre d’un enfant », Jean Cau nous apporte déjà les clés de sa lente dérive vers la Droite radicale, lui qui fut, jeune, à l’extrême Gauche : est-ce donc cela, le meurtre d’un enfant ?