La maison des pluies de Pierre Samson
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Le retour de Benjamin
Benjamin Paradis revient d’un long périple autour de la planète. Linguiste, il a parcouru le globe en quête de langues presque inconnues et parlées seulement par une minorité d’êtres humains vivant dans des régions sauvages et difficiles d’accès. Cette longue quête s’est étendue sur une période de vingt années. Revenu à Montréal, Benjamin renoue avec son passé lorsqu’il apprend qu’une personne bien particulière le recherche et rend visite à tous ceux pouvant le renseigner sur le linguiste globe-trotter.
Une histoire assez mince que nous déroule Pierre Samson. J’avais entendu parler de son style privilégiant les mots inusités donc je m’attendais un peu à éprouver quelques difficultés et devoir faire de nombreuses recherches dans le dictionnaire. Ce fut le cas mais ce n’est pas ce qui m’a le plus irrité chez l’auteur. Outre la minceur de l’intrigue, il affectionne les descriptions agaçantes d’infimes détails qui alourdissent le récit inutilement. Décrire l’iris d’un personnage en long et en large c’est assez lassant à lire et n’apporte pas grand-chose au déroulement de l’histoire. Certains passages sur la linguistique sont très intéressants par contre.
Cependant, certains aspects du récit m’ont charmée comme par exemple le couple d’homosexuels amis de Benjamin, ne cessant de se chamailler et de se lancer des piques mais ils ont le cœur gros comme le monde quand il s’agit d’aider leur ami et de le réconforter de leurs conseils plus ou moins judicieux. J’ai reconnu le style de Michel Tremblay et une partie de son univers comme si l’écrivain était venu mettre son grain de sel dans ce livre. Mais ces moments magiques sont trop rares pour m’avoir fait apprécier le reste. Les scènes érotiques m’ont lassée. J’y ai lu des phrases usées jusqu’à la corde comme entre autres la description des mamelons durcis pointant sous le mince chandail. En fait, l’auteur se perd dans les descriptions de détails de ce genre et par le fait même, m’a ennuyé souvent. Pourtant, le livre ne manque pas de qualités ni de richesse littéraire. Il plaira sans doute à ceux et celles qui affectionnent ce style mais moi je n’ai pas tellement aimé. Pierre Samson a remporté le Grand Prix du livre de Montréal 2013 avec ce livre.
Un passage sorti tout droit de l’univers de Michel Tremblay :
« On pouvait comprendre pourquoi Jojo aimait tant son lieu de travail : comparée au décor, elle était presque jolie. Les néons nuageux, comme touillés par un vent largue ; les miroirs usés et recouverts d’une patine de gras ; les banquettes de cuirette rose et agonisante, sèche, craquelée, qui mordait les cuisses en été et amorçait, l’hiver, des échelles dans les bas de nylon ; les murs verts qui donnaient à chacun un teint maladif ; le plancher de tuiles jaunes, veinées de crasse ; le trancheur de viande poilu, huileux, suant au-dessus du bac à coleslaw, les dosserets de vieille tôle qui diffusaient une lueur morte ; le faux plafond beige aux bouches d’aération cerclées de rides noires et poudreuses ; les épaves nocturnes arrimées à un Cherry Coke et espérant l’aube ; les assiettes ébréchées, les fourchettes tordues, les verres Duralex que des années de tripotage et de lavage à l’eau bouillante avaient givrés pour l’éternité ; bref, un trou ou, malgré la réalité crue, surnageaient une certaine forme de gaieté et une serveuse cadrant dans le décor. »[i]
Les éditions
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La Maison des Pluies
de Samson, Pierre
les Herbes Rouges
ISBN : 9782894193464 ; 38,00 € ; 25/03/2013 ; Broché
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