La vie quotidienne dans les maisons closes 1830-1930
de Laure Adler

critiqué par Catinus, le 6 décembre 2013
(Liège - 73 ans)


La note:  étoiles
Invitation aux plaisirs

En quatrième de couverture : “ Elles s’appelaient Divine, Elisa, Marie en Tête, Marie Coups de Sabre, Marguerite, Aglaé, Caca, Bijou, Olympia, Pépé la Panthère, Poil ras, Poil long, Crucifix, Irma, Amanda, Octavie, Belle Cuisse, Titine, Pieds fins, Paulette, la Grimpée, Gina, Nana, Fernande, Rosa …
On les nommait courtisanes, filles de joie, de nuit, d’allégresse, de beuglant, d’amour, filles en circulation, filles à parties, à barrière, pierreuses, soupeuses, visiteuses d’artistes, lorettes, frisettes, biches, pieuvres, aquatiques, demi-castors, célibataires joyeuses, vénus crapuleuses … »
Laure Adler fait le tour de la question en agrémentant son texte, d’écrits littéraires ( Maupassant, Zola, Balzac, Goncourt, Carco, …) , d’archives, de procès verbaux, … Les grands chapitres sont : 1. L’amour dans l’alcôve – 2. L’amour au bordel – 3. L’amour dans la rue.
Tout un programme !

Extraits :

- Qu’est-ce qu’elles ont de plus que nous ? ( se demandent les femmes de l’époque – et d’aujourd’hui…) Elles ont beaucoup plus que vous, répondent les hommes. Elles ont la beauté piquante, l’art de la répartie, le regard troublant, le sens de la dépense, le goût de la nuit, la chair palpitante, le rire facile, la science de l’abandon. Avec elles, les hommes ont envie de passer leur nuit. (…)

- Le bordel, c’est d’abord un abri et un pain assuré. Par misère, par abandon de la famille ou d’un amant, par dégoût d’un travail peu rétribué, elles ont franchi le pas.

- Tout d’abord, la prostituée est une enfant. Jamais elle ne parviendra à la maturité. Elle apparaît comme une ébauche de femme, une femme pas terminée. L’enfant, le fou, le sauvage ! De ces trois figures, elle capte les principales caractéristiques : l’immaturité de l’enfance, l’instabilité de la folie, l’insouciance du sauvage.

- Ouvrières de l’amour elles n’ont droit à aucun repos : « C’est la cause sexuelle, sans relâche, sans haleine. C’est le défilé de tous les animaux humains qui viennent là, les uns après les autres, épancher leurs besoins, exercer leur bestialité. Ruée dans l’anonymat commode leurs chairs de tous âges, de tout poil, de toute odeur contre la chair de la même femme. A tous il faut donner son corps et son visage. Pas de répit, pas de recul » ( in « les maisons de tolérance » de L. Fiaux)