Papa doit manger de Marie Ndiaye

Papa doit manger de Marie Ndiaye

Catégorie(s) : Littérature => Africaine

Critiqué par Moka, le 21 juin 2003 (Bruxelles, Inscrite le 29 mars 2001, 35 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 427ème position).
Visites : 8 970  (depuis Novembre 2007)

Quand Papa rentre apres 10 ans d'absence...

Mina habite a Courbevoie, petite ville sale et grise, avec Maman et Ami. Papa est parti dix auparavant et après tant d'années d'absences il revient, Papa revient! Il fait croire à sa femme et à ses filles qu'il est riche maintenant, qu'il a voyagé et qu'il vient reprendre sa femme et ses enfants. En fait une toute autre histoire se dessine...
C'est un beau livre, histoire d'abandon d'une famille qui, si Papa était resté serait vraiment devenue prospère. Malheureusement ce n'est pas le cas et Papa rentre toujours aussi pauvre! C'est la fuite face aux problèmes,ce qui n'est pas toujours la bonne solution...

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Le mauvais Noir

8 étoiles

Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 12 février 2005

Papa doit manger est une histoire d’amour entre un « mauvais Noir » et une blanche « n’aimant que les Etrangers » qu’il a quittée dix ans plus tôt après qu'elle lui a donné deux filles. Bien que « mauvais, impudent, déloyal », et mauvais père, cet homme est attachant, dans le sens aussi où personne ne sait s’en détacher, en raison de l’image qu’il véhicule selon qu’on a gardé une mentalité de colonisateur ou s’en est forgé une d’homme de gauche.

Prédéterminé historiquement et socialement, Papa ne possède aucune individualité. Pour les parents et les tantes de Maman, son épouse, il ne peut être qu’épouvantable, monstrueux, bien que faisant de leur part l’objet d’une évidente curiosité sexuelle. Pour Zelner le prof de lettres qui vit avec Maman, l’épouse de Papa, soixante-huitard affecté de la mauvaise conscience de l’homme blanc, il ne peut lui en vouloir et le mépriser pour le mal qu’il a fait. « Il s’est mal comporté, soit. Mais un Noir, me disais-je, n’est pas responsable de ses actes car un Noir est avant tout, et essentiellement, une victime ». Pour Anna, sa maîtresse, avec qui il a eu un enfant anormal dont il veut se débarrasser, Papa « n’est jamais ce qu’on a pensé qu’il était, ce qui fait voyez-vous, qu’il n’est jamais véritablement là ». Maman l’aime quoi qu’il fasse, quoi qu’il soit, et cet amour l’empêche aussi de le voir tel qu’il est, complexe, imprévisible, paradoxal. Quand cet homme qu’elle croyait fait ad vitam aeternam « de mensonge et de tromperie » cesse de mentir, elle ne reconnaît plus l’ « espèce d’inconnu » qu’il est devenu pour elle. La seule qui pose un acte libre face à Papa est sa fille ainée qui ne résout pas à être prisonnière des liens de sang pour se séparer de son père qui a élu domicile chez elle.

Effectivement cette pièce ouvre la voie à de multiples interprétations, c’est ce qui fait sa valeur. Il faut rappeler qu’elle est entrée au répertoire de la Comédie française. Si elle traite du statut de l’homme Noir, c’est, il me semble, dans une perspective plus large, pour mieux parler de la condition humaine.
Contrairement à l’impression qu’a éprouvée à la vision de la pièce un précédent critiqueur, le « temps de parole » accordé à Papa n’est pas supérieur à celui d’autres personnages et, si les tantes en ont un qui est réduit, c’est que l’auteure a estimé qu’il en était mieux ainsi (plutôt que de les faire pérorer plus avant) et que, d’autre part, le metteur en scène a jugé bon de les exposer au-delà de leur temps de parole imparti, car aucune indication ne signale que tel personnage est ou non présent dans telle scène où interviennent oralement d’autres. Marie Ndiaye restreint au maximum les didascalies qui corsètent parfois le travail des gens de théâtre, permettant de la sorte aux metteurs en scène et comédiens une liberté d’action élargie pour l’exercice de leur art.

papa doit manger : la pièce

7 étoiles

Critique de Rotko (Avrillé, Inscrit le 22 septembre 2002, 50 ans) - 24 juin 2003

Tu résumes bien l'intrigue. J' ai vu cette pièce au théâtre, et Marie NDiaye ne facilite pas la tâche des comédiens ! Tout repose sur le personnage de papa, qui n'arrête pas de parler...composante certes essentielle du personnage, mais quel fardeau pour l'acteur ! à la comédie française, il s'en tirait très bien, mais je n'aurais pas voulu être à sa place - le public ne m'a d'ailleurs rien proposé, (mdr). Les petites filles tiraient leur épingle du jeu, mais que penser des autres personnages ? la mère, très effacée, docile... comme les femmes ne sont plus ; et les grands-parents ? des présences quasi muettes, désapprobatrices par l'attitude, mais sans partition, si je puis dire. Enfin, un sujet de réflexion : si l'auteure n'avait pas été africaine, que n'aurait-on pas dit sur les stéréotypes, la dévalorisation de l'immigré, etc..(Il est vrai que "ces immigrés-là" ne vont pas à la comédie française, ni sans doute dans beaucoup de théâtres). A la limite, on serait tenté de penser que "papa" joue un rôle symbolique, représentant le tiers-monde dans une impasse. Notamment à la fin de la pièce, ce qui justifierait le titre : (quels que soient ses défauts), "papa doit manger" Mais rien dans le texte, à ma connaissance, ne justifie explicitement cette interprétation.

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