Černodrinski revient à la maison
de Goran Stefanovski

critiqué par Pucksimberg, le 10 décembre 2013
(Toulon - 45 ans)


La note:  étoiles
Une pièce dont le personnage principal est à la fois absent et présent
Cette pièce de théâtre possède une structure intéressante. En effet, le personnage qui relie tous les personnages de la pièce est absent. Il s'agit du grand dramaturge macédonien Cernodrinski. Cette pièce compile de nombreuses séquences dans lesquelles les personnages évoquent cet auteur, ou bien le côtoient. Dans l'une de ces scènes, un enfant en manque d'inspiration demande à son père des conseils pour écrire, dans une autre un homme tue l'amant de son épouse ... Il est question d'amour, de théâtre et de la vie de macédoniens. La scène intitulée " Une visite inattendue à Subotica" est touchante de sincérité et pourrait rappeler la structure d'une nouvelle.

Goran Stefanovski est intéressé par le fait que l'homme laisse des traces volontaires ou involontaires dans la vie des autres. Même un mort, comme le dramaturge Cernodrinski, laisse des traces vivantes dans la vie de ses concitoyens. Dans ces courtes scènes, on voit combien cet auteur est présent de manière marquante ou discrète dans le quotidien de ces hommes qui vivent et se déchirent en subissant parfois de manière indirecte cette influence.

Cette pièce pourrait être un hommage à ce grand auteur, mais elle est bien davantage. C'est un éloge du théâtre avec ses rebondissements, ses personnages dont l'essence même se concentre dans les dialogues, c'est aussi un clin d'oeil à la littérature comme cette scène où l'on écoute Tzara et André Breton dans un univers surréaliste.

Cette pièce de théâtre permet de découvrir un grand homme et des hommes reliés les uns avec les autres sans en être pleinement conscients.