Mémoire à vif d'un Poilu de quinze ans
de Arthur Ténor

critiqué par JulesRomans, le 1 janvier 2014
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Porte-drapeau pour nourrir son porte-plume
Cette fiction a un premier mérite, celui de nous interroger sur qui fut le plus jeune poilu et s’il est mort au champ d’honneur ou pas. La réponse est qu’il s’appelait Désiré Bianco était natif du Piémont et vivait à Marseille avant de s’embarquer depuis Toulon pour les Dardanelles. Alors qu’il avait à peine 13 ans, il est mort lors de son premier jour de combat le 8 mai 1915 à Gallipoli.

Si les récits de jeunes poilus abondent dans les journaux pour enfants, il ne faut pas croire qu’ils relèvent tous de la propagande. On pouvait tricher sur son âge pour éviter d’attendre 17 ans où l’engagement était possible et on pouvait dans la zone des armées trouver moyen de se faire adopter par un régiment pour les suivre au front (la situation était alors temporaire). Un bon nombre de ses jeunes volontaires étaient, comme je l’ai personnellement vérifié, issus de l’Assistance publique ou de familles très nombreuses.

Ici le héros Max est orphelin mais élevé par sa grand-mère. Vendeur à la criée du "Matin" un des grands journaux parisiens, il rêve d’être journaliste. Notons qu’en 1919, Colette devient directrice littéraire du journal "Le Matin" ; elle contacte alors des auteurs pour contribuer à une nouvelle rubrique dénommée "Contes des Mille et un Matins". Certains de ces récits seront écrits par elle.

Voulant entrer dans la profession, Max décide de rejoindre le front et de proposer des articles qui l’imposeront comme correspondant de guerre. Alors que se déroule la bataille de la Marne, il s’agit de repousser des Allemands arrivés à Pontoise et à Meaux, notre jeune héros arrive à son but. Grâce à la protection de Gaston un caporal (garde-champêtre dans le civil), il arrive à rester en uniforme parmi les combattants et découvre ce qu’est réellement la guerre. Au cours d’un combat, il subit les conséquences d’un souffle provoqué par l’artillerie allemande et il est plongé dans un coma profond. Il en sortira progressivement grâce à Gaston et sa grand-mère et un saut dans le futur nous amène en janvier 1933 où devenu journaliste sportif, il redécouvre son carnet. Ceci le jour où Hitler accède au pouvoir.

Si l’explication des raisons pour lesquelles Max arrive à rester au front est un peu légère pour un historien (page 47), elle conviendra parfaitement à un jeune lecteur. Voilà un roman historique qui dépeint vraiment de façon compréhensible à travers de plus une bataille capitale pour l’ensemble du conflit, un univers de la Première Guerre mondiale. En effet on ne livre pas combat de la même façon en 1914 que début 1918 où on a les casques, les chars, les gaz, les lance-flammes…