Le jour où on a retrouvé le soldat Botillon
de Hervé Giraud

critiqué par Rubens, le 11 février 2014
( - 53 ans)


La note:  étoiles
voilà comment il faut parler de la guerre !
Ce n'est pas un livre sur la guerre 14 (un de plus !), c'est un livre sur la vie. On est pris par le rythme (c'est très bien écrit), le suspens, la drôlerie (malgré un sujet qui se veut grave). Hervé Giraud sait embarquer ses lecteurs, petits ou grands dans un style alerte, puissant quand il le faut, léger par moment. Il tient son sujet en haleine sans l'étouffer. A découvrir sans hésitation, et à faire lire aux jeunes si possible...
Pour l’armée française le début de la Première guerre mondiale c’est une affaire pliée en quatre 7 étoiles

L’intrigue est assez rocambolesque, elle est basée sur le fait que gueule cassée (grand blessé au visage) le soldat Botillon, sachant que sa fiancée était morte (peu après la naissance de leur fille) ne se serait pas fait connaître et aurait simulé l’amnésie durant des années dans une maison de retraite pour les gueules cassées assez voisine de son lieu de domicile d’avant-guerre.

Toutefois il serait venu voir régulièrement comment grandissait sa fille, sans difficulté apparente avec l’administration puisque s’il réside bien dans cette maison médicalisée, il travaille à l’extérieur, comme fossoyeur.

Les descendants de sa famille se réunissent dans la maison où la jeune fille, aujourd’hui grand-mère de près de cent ans a vécu son enfance. On est dans la région parisienne et non loin du RER, des enfants vont découvrir un cadavre dans un souterrain et réussir grâce au porte-bonheur confié par la fiancée de Botillon à ce dernier à comprendre qu’il s’agit de lui. Bref la quatrième génération découvre le squelette de son ancêtre. On alterne régulièrement entre action avec Botillon et un arrière-petit-fils comme narrateur, chacun évoquant la période où il vit.

Il est possible que cette histoire séduise beaucoup de jeunes lecteurs car le style est clair, les actions se succèdent, le ton est globalement mystérieux et les chapitres d'époque différente se succèdent dans un style différent. Ces derniers ne verront pas, comme l’adulte, la tonalité assez artificielle de l’intrigue. Par contre enfants comme lecteurs plus âgés devraient percevoir un clin d"oeil à la "Guerre des boutons" de Pergaud.

L’atmosphère de la guerre de mouvement puis de la guerre des tranchées est bien rendue, sans surcharge didactique; l’importance des amulettes est soulignée, chose souvent négligée et bien mise en valeur par ailleurs dans "Le petit coeur rouge" de Véronique Duchâteau, dont nous avons vanté ici les qualités.

Avec "Le jour où on a retrouvé le soldat Botillon", on apprend au passage qu’une escouade c’est 16 hommes, une section quatre escouades, une compagnie quatre sections, un bataillon quatre compagnies, un régiment quatre bataillons et une division quatre régiments (page 50). Voilà qui incitera l’adulte prescripteur de demander au jeune lecteur, de combien d’hommes se compose une division, au moins au début de la guerre car au cours de celle-ci face à l’hécatombe il y eût des allégements systématiques.

JulesRomans - Nantes - 66 ans - 21 avril 2014