Terrasse à Rome
de Pascal Quignard

critiqué par Dolce Vita, le 23 janvier 2001
(Bruxelles - 54 ans)


La note:  étoiles
Prix du roman de l'Académie française 2000
Ce petit roman décrit, au travers d'une tranche de vie de Meaume, graveur sur cuivre du XVIIe siècle, des œuvres et des techniques artistiques de l'époque dans un paysage européen moyenâgeux varié.
Malgré son titre poétique trompeur, cette petite histoire n'a rien d'un Pagnol provençal en Italie et ne décrit jamais aucune vue d'une terrasse à Rome. Non, non, non, c'est le mélange d'une réflexion personnelle intérieure décrite de l'extérieur, teintée très discrètement d'une touche philosophique et d'un documentaire écrit sur un art ancien. Bref, petit bouquin dont l'avantage est qu'il est très vite lu, mais présentant un intérêt plus historico-artistique que distrayant, sauf pour ceux dont les livres primés ou l'art de la gravure sur cuivre au XVIIème siècle sont une passion.
L'eau-fortier 5 étoiles

Meaume est né en 1617 à Paris. Toulouse, Bruges, Rome, des voyages, des rencontres qui lui permettront de devenir un graveur reconnu dans toute l’Europe, et pas seulement pour son art.
Il tombe amoureux, un coup de foudre pour Nanni, une jeune fille qui ne peut être pour lui. Une véritable passion partagée jusqu’à ce que le fiancé de la jeune fille la découvre et défigure le jeune homme à l’eau forte , brûlant le visage de Meaume.
Il reprendra la route, rencontrera Marie Aidelle, mourra à Utrecht en1667, d’un curieux coup du sort.
Toute sa vie, il restera eau-fortier, créant des œuvres remarquables mais aussi licencieuses.
" Meaume le Romain fut le peintre du refus de la couleur. Le noir et la couleur sont un même mot."

Un livre déjà lu en 2002, mais chose inquiétante, dont je n’avait gardé aucun souvenir.
Trop de lectures ? Lecture trop rapide ?
J’ai pris le temps cette fois, de déguster les phrases de Pascal Quignard, de les admirer même si parfois, il m’était difficile de suivre les rencontres, les événements relatés parfois sans chronologie.

Marvic - Normandie - 66 ans - 11 février 2021


La vie d'un homme 8 étoiles

Quelle étrange et élégante voie empruntée par Quignard pour évoquer la vie de Meaume, eau-fortier du XVIIe siècle. Le propos est soigné, la narration simple et efficace, grâce à de courtes phrases et des chapitres synonymes de tranches de vie. Le texte regorge de références et d'érudition, mais je n'ai jamais trouvé cela lourd ou ennuyeux, bien au contraire. J'ai eu l'impression de me balader dans un jardin. Par moments, on peut s'interroger sur le but de l'auteur et savoir où il souhaite nous emmener. dans les pas de Meaume me semble-t-il, dans ceux d'un homme amoureux de son art mais aussi d'une vie qui ne lui a pas fait que des cadeaux. C'est un destin qui s'offre à nous, banal et exceptionnel à la fois.
J'ai été complètement charmée par le procédé narratif. Est-ce que l'on peut encore appeler cela de la narration? Oui, les ingrédients sont réunis, mais en même temps, il se dégage une telle intimité de toutes ces lignes...
Et puis cette manière de prendre le lecteur par la main et de l'installer à une terrasse romaine (terrasse inexistante dans l'ouvrage), de le placer en spectateur, de lui proposer une mise en scène particulièrement réussie.
C'est un livre à déguster non seulement comme une histoire qui serait racontée mais aussi comme un recueil d'images poétiques dont il faut s'imprégner, afin de permettre à l'imagination de vagabonder et de créer tout ce que Quignard ne raconte pas et suggère.

Sahkti - Genève - 50 ans - 19 mai 2005


Bien, mais peut mieux faire 5 étoiles

Il est vrai que ce roman n'est pas vraiment distrayant, car l'art du roman n'est sans doute pas le point fort de Pascal Quignard.

Mais ce roman vaut surtout pour le mélange de l'écriture sublime et des réflexions méditées qui font que Quignard est Quignard.

Cependant, il faut absolument lire du Quignard : cela rend intelligent. Mais alors lisez surtout ses traités ou sa trilogie Dernier royaume récemment consacrée par le prix Goncourt. Son style et son " érudition " en font un des meilleurs écrivains de langue française.

Anonyme - - - ans - 8 janvier 2003


Un avis également partagé 4 étoiles

J'ai également trouvé, à le lire, que l'intérêt littéraire de "Terrasse à Rome" était plutôt faible, et même inexistant : le style n'est pas dénudé, mais plat et les scènes décrites n'ont rien d'intéressant. Le tout est raconté sans passion et ennuie plus qu'autre chose ; mon avis n'a pas de valeur absolue, mais je suis, pour la première fois, sorti d'un livre de 150 pages comme si je venais d'en lire 2000 complètement insipides. Peut-être les inconditionnels de Quignard - qui ont, il y a une ou deux années, fondé une association destinée à les rassembler - et les passionnés d'histoire de l'art ou de gravure à l'eau-forte sauront-ils apprécier cette ouvrage à sa juste valeur, mais il ne me semble pas destiné à la majorité des lecteurs et encore moins approprié pour découvrir Pascal Quignard !

Platecarpus - Dijon - 37 ans - 11 août 2001


Une petite musique ... 7 étoiles

Et bien moi, j'ai aimé Terrasse à Rome. Peut-être l'histoire est-elle un peu faible, mais le souvenir qui reste de la lecture de ce livre ressemble à une petite musique difficile à oublier, musique de ce conte endormi où l'artiste voyage de ville italienne en terrasse à Rome, musicalité de l'écriture, belle, rayonnante et paisible. La personnalité de Meaume sort des sentiers battus, artiste maudit, qui n'est pas sans rappeler Le Caravage et ses excès, dans la même Italie, presque à la même époque, quelques dizaines d'années plus tôt ...

Renardeau - Louvain-la-Neuve - 66 ans - 19 avril 2001


Un avis plutôt partagé 0 étoiles

Je suis tout à fait d'accord pour dire que ce livre n'a pas un intérêt flagrant et qu'il est loin d'être un "grand Quignard" comme "Tous les matins du monde" ou "Les escaliers de Chambord". Par contre, il faut toujours lui laisser ses qualités d'écriture.

Jules - Bruxelles - 80 ans - 25 janvier 2001