14-18 : Une minute de silence à nos arrières grands-pères courageux
de Thierry Dedieu

critiqué par JulesRomans, le 2 février 2014
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
C’est un album muet qui nous parle surtout si on est du Périgord
"14-18 : une minute de silence à nos arrières grands-pères courageux" est un album sans texte et un des meilleurs dans ce genre. Certes ce n’est pas un album que le jeunes vont prendre spontanément, en effet il est fait uniquement en couleurs sépia. Raconte-t-il vraiment une histoire ? Oui mais à celui qui connaît assez bien l’histoire du conflit. Donc un ouvrage qui est un très bon moyen de dialoguer avec son enfant, son petit-enfant ou ses élèves.

D’un très large format (environ 27x38 cm), l’ouvrage présente un thème sur une page ou sur une double-page un thème. On ouvre sur un obus qui éclate et la page suivante fait un gros plan sur l’incompréhension qui saisit un lapin des lieux, la double-page qui suit montre un cheval saisi par l’étrange paysage de barbelés qui l’entoure. Parmi les tableaux les plus frappants, on retiendra le poilu au milieu d’une tranchée sur laquelle tombe la neige, le pou qui occupe tout une double-page (un usage secondaire de cette image pourra d’ailleurs être fait lorsqu’on s’intéressera aux habitants des cheveux des enfants), le physique très simiesque d’un poilu chargeant qui est sur le pont de dépasser un soldat touché et suivi par un autre soldat qui sort à l’instant de la tranchée, le macabre corbeau dans les airs, les poilus avec des masques à gaz renvoyant à des fantômes, les gueules cassées (blessés au visage reconstitué), les corbeaux voisinant une tête de mort (il ne reste que les os).

Un extrait d’une lettre de la femme d’un poilu sert de préface, le contenu est reproduit dans une enveloppe en fin d’ouvrage. Ne pas indiquer la date de ce courrier est une grave erreur, il semblerait qu’il puisse être de fin 1917 ou de début 1918. Il est possible de plus que l’identité de la rédactrice ait été maquillée.

En face des documents concernent le poilu à qui était destiné le courrier sont partiellement rendus anonymes mais vraisemblablement non maquillés. Cela a pour conséquence que les noms de famille de l’épouse et de son mari ne correspondent pas. Toutefois l’œil de l’historien indique qu’il s’agit d’un natif de Quinsac en Dordogne (vers Nontron) venu au monde sûrement en 1897 et ayant eu comme dernière affectation les 63e, 78e, 107e ou 138e régiment d'infanterie.