Napoléon Premier descend les escaliers, demande à son guichet où sont les cabinets? (…) Quand on est caporal on chie dans le canal!

"Napoléon raconté aux enfants" est rédigé par un historien de la période du Premier Empire et l’on peut s’en féliciter. En effet vulgarisation et scientificité des informations se conjuguent bien ici. Par ailleurs l’iconographie est comme toujours pour cette collection, très bien choisie.

Les représentations produites par les peintres quasi officiels de l’Empire se conjuguent avec des documents ultérieurs porteurs de la légende napoléonienne. Pour les textes, à côté du récitatif ont été habillement introduits ponctuellement des écrits de témoins de l’époque, comme celui de la duchesse d’Abrantès décrivant un Napoléon Bonaparte bien gauche (avant d’ailleurs son tournant conservateur, lui qui fut jacobin) au milieu des notabilités du Directoire.

Le ton est hagiographique et on aurait pu être plus explicite parfois. Ainsi la rentrée de Bonaparte en Europe à l’été 1799 fait totalement l’impasse sur le fait que, général en chef d’une armée, il laisse ses troupes alors que l’avenir de la présence en Égypte est totalement compromis. Heureusement un bémol est mis à un moment du récit, sur le succès militaire de l’entreprise en direction du Nil.

On a par contre plus de mal à digérer que le chapitre qui s’intitule "la légende napoléonienne" traite de la période 1815-1821. En effet la légende napoléonienne ne se développe véritablement que bien après la mort de l’Empereur et elle est entretenue sous la Monarchie de Juillet en particulier par Victor Hugo. Elle ne prend une réelle ampleur qu’après le retour des cendres en France de Napoléon Ier.

Certes dans le chapitre de la légende napoléonienne, l’auteur n’était pas obligé de nous proposer la comptine dont un extrait nous a servi comme titre, ni d'ailleurs (bien qu'elles aient un intérêt par les allusions qu'elle contiennent et qu'elles reflètent l'importance qu'eut Napoléon dans les programmes d'histoire entre 1870 et 1940) :

« Napoléon
monte en ballon
avec sa femme et son cochon
son cochon pète, sa femme rouspète
Napoléon joue de la trompette »

Une chronologie allant de 1769 (naissance du personnage) à 1840 (date non de sa mort, mais de ses funérailles nationales) est située à la fin de l’ouvrage. Le passage intitulé "Bernadotte, le déserteur" est largement incompréhensible par des élèves, surtout avec le choix de ce titre. On aurait très largement préféré un texte sur les nombreux déserteurs et insoumis qui à la fin de l’Empire terrorisent les villageois de nombreux départements.

De plus le coût humain est le grand absent, il pèse sur le moment et on l'évalue aux alentours de 1 000 000 de morts (pour des chiffres précis de mobilisés et morts, l’adulte se reportera à "Guerres et armées napoléoniennes : nouveaux regards" sous la direction de Bertrand Fonck, Hervé Drévillon et Michel Roucaud) et il y a également les invalides (nombre de gravures des années 1820 à 1840 les représentent dans des emplois divers, une d’entre elle nous aurait contenté) ainsi qu’enfin le retard démographique que prend la France sur ses grands voisins à savoir l’Allemagne et l’Angleterre. Sur le CD, la voix d’un narrateur conte quelques moments clés de la vie de Napoléon Bonaparte.

• 

  Napoléon raconté aux enfants [Multimédia multisupport] Ronald Zins [dessins de Florent Vincent] Ronald Zins, voix

  de Zins, Ronald Vincent, Florent (Illustrateur)
  Éveil et découvertes / Saynètes
  ISBN : 9782353660261 ; 19,95 € ; 01/03/2010 ; 60 + 1CD audio p. ; Album

  Go Amazon