Les monologues de Gaza : La jeunesse de Gaza raconte ses histoires de guerre et de siège
de Théâtre Ashtar

critiqué par Pucksimberg, le 17 janvier 2014
(Toulon - 45 ans)


La note:  étoiles
Un magnifique projet humain
Le théâtre Ashtar, créé en 1991 à Jérusalem, propose des formations théâtrales pour les adolescents de 14 à 18 ans. Deux comédiens palestiniens, Edward Muallem et Iman Aoun, sont à l'origine de ce projet qui permet à des jeunes de s'exprimer, d'évoquer leur souffrance. Des ateliers d'écriture sont aussi organisés. C'est ce qui a été fait pour cette oeuvre. Dans ces monologues, ce sont 33 jeunes gens de Gaza qui ont la parole et qui expriment leurs blessures et leurs traumatismes dans ces textes d'une force incroyable. Il est question d'attentats, de tirs incessants et d'un contexte effroyable qui a coûté la vie à 431 enfants : l'attaque israélienne sur la bande de Gaza du 27 décembre 2008 au 18 janvier 2009.

Ces 33 monologues sont marquants, bouleversants et témoignent d'une grande maturité. Ces prises de parole agissent comme une thérapie pour ces jeunes qui vivent constamment dans la hantise. Certains ne cessent de marcher en regardant le ciel craignant le passage d'un avion. Qui dit avion dit missile. D'autres ont vu des scènes indicibles et affreuses : des corps démembrés, de la chair et du sang. D'autres se sentent prisonniers, captifs de ce territoire d'où l'on ne peut sortir ni être heureux. L'un des mots récurrents de ces monologues est le mot "sécurité". Ces enfants vivent dans l'angoisse constante de mourir ou de perdre un proche : "Gaza, c'est une petite boîte ... et nous on est les allumettes qui sont dedans."

"Depuis la guerre, je suis toujours tirée à quatre épingles. Comme ça, si je meurs, au moins j'aurai bonne figure ! Mais le plus gros problème, c'est si un obus me tombe dessus, parce que je me retrouverais en mille morceaux, et je préférerais quand même mourir en un seul morceau !
Voilà où en sont Gaza et ses rêves : notre souhait le plus cher est devenu de mourir d'une belle mort, et non de vivre une belle vie !"

Cette pièce de théâtre a déjà été jouée dans 36 pays par plus de 1700 jeunes comédiens.

"Les Monologues de Gaza" sont à lire pour découvrir une jeunesse blessée, mais forte.