Les souliers rouges : Tome 1
de Gérard Cousseau (Scénario), Damien Cuvillier (Dessin)

critiqué par JulesRomans, le 2 février 2014
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
« On peut dire beaucoup de chose des gens en regardant leurs chaussures. Où ils vont. Où ils sont allés. »
Voilà le tout début de l’été 1944 en Bretagne. Il faisait un temps superbe, ils se sont assis sur l´herbe, les cosaques aussi, ils pensaient les arbres bourgeonnent et les gueules de miliciens sont sauvageonnes, celles des gestapistes aussi.

Deux personnes sympathisent : l’un est un jeune du village (pas loin de l’âge où on part au STO) assez braconnier et l’autre est un russe blanc d’une bonne trentaine d’années érudit ami des châtelains qui ne résident pas là (le propriétaire est resté dans une Algérie, coupée de la métropole depuis novembre 1942).

Dans le village depuis juin 1940 peu d’Allemands sont venus, mais voilà que la Wehrmacht, les troupes auxiliaires cosaques enrôlés plus ou moins de force sur le front est (ou prisonniers retournés) et les gestapistes arrivent. Ce n’était pas vraiment le débarquement attendu par la population locale, le véritable dans le Calvados vient de se produire.

Ils sont tous là pour traquer le maquis et une initiative individuelle a pour conséquence le meurtre d’un soldat allemand, certainement le plus pacifique et le plus francophile parmi ces nouveaux venus. Les miliciens locaux s’en réjouissent et entendent bien conjuguer intérêt collaborationniste avec intérêt particulier ; leur chef est d’ailleurs plus intéressé par les appâts féminins que par tendre un piège aux gars du maquis.

Par un concours de circonstances les deux amis sont les premiers à découvrir son corps et les Allemands arrivant peu après les voilà poursuivis. Heureusement les ruses de braconniers sont bien utiles et ils parviennent à s’échapper. Toutefois l’un des deux a gardé le pistolet du militaire tué et il s’agit un peu plus tard de s’en débarrasser alors que lui comme tous les résidents du village ont été raflés.

Le scénario s’inspire du vécu du beau-père du scénariste qui un peu après la fin de la Seconde Guerre mondiale avait sympathisé avec un Russe au savoir encyclopédique, résidant temporairement en Bretagne. Par ailleurs des figures villageoises atypiques comme le milicien et l’ermite (surnommé "l’Ankou") ont réellement existé durant l’Occupation dans le village du beau-père du scénariste.

Dans le tome 2 nous vivrons l’opération de nettoyage des maquis des Monts d’Arrée qui début juillet est centrée sur Saint-Nicolas-du-Pélem (dans les Côtes-d’Armor aujourd’hui, pas très loin des limites entre ce département et le Morbihan). Rappelons que pour ce qui est de la vie d’un village également des Côtes-du-Nord, mais cette fois à la fin de la Première Guerre mondiale, on lira le tome 3 du "Fils de l’officier" qui sort de manière concomitante cher le même éditeur.