Le Soleil du lac qui se couche
de J. Roger Léveillé

critiqué par Libris québécis, le 3 février 2014
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
La Ballade des Plaines
L’auteur aborde la culture nipponne par le biais d’Angèle, une métisse de vingt ans, qui s’éprend d’Ueno Takami, un bonze de soixante-quatre ans. Venu s’établir sur les bords du lac Setting situé au nord du Manitoba, ce Japonais s’intéresse à tout, comme la peinture, la musique et, surtout, la poésie.

L’héroïne le rencontre à Winnipeg. Petit à petit, elle s’attache à cet être intrigant à cause de sa culture. Comme elle se destine à l’architecture, c’est l’espace qui préside à leur liaison. La notion du wabi-sabi insiste pour que l’environnement favorise l’émergence des éléments naturels des humains. D’ailleurs, l’agencement spatial au Japon doit répondre à des règles rigoureuses afin de créer un milieu en harmonie avec certains principes de vie, qui ont amené Ueno à se construire une cabane isolée dans la forêt de Wabowden, village situé à huit heures de route de Winnipeg.

Il a accroché sa philosophie de la vie à la géographie des plaines de l’Ouest canadien. Cet immense territoire ne peut être véritablement habité que si l’on intériorise ce qui le distingue. La forêt du Nord offre refuge aux habitants du Sud pour qu’ils échappent à l’égarement des temps modernes. Les points cardinaux réfèrent à une dynamique importante de la réalisation du moi. Le Soleil du lac qui se couche illustre cette interrelation comme on la retrouve dans Le Cantique des Plaines de Nancy Huston.

À l’encontre des jeunes héros de la vingtaine dont le désarroi est alarmant, Angèle se présente comme une vraie femme grâce à son mentor, qui l’a aiguillée sur une voie menant à l’essence humaine, un amour mêlé à la spiritualité. Plus vieille, elle consigne dans un journal les moments importants de sa vie amoureuse avec un Asiatique. Chacune des insertions dans son journal ressemble à un petit haïku. C’est poétique, mais parfois d’une grande lourdeur.