Le chardonneret de Donna Tartt

Le chardonneret de Donna Tartt
(The Goldfinch)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Dirlandaise, le 7 février 2014 (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 14 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 766ème position).
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Le jeune homme et le tableau

Le célèbre tableau « Le chardonneret » réalisé par le peintre néerlandais Carel Fabritius en 1654 est au cœur de ce récit. Le jeune Theodore Decker, 13 ans, vit à New York avec sa mère. Le père, acteur raté, les a quittés depuis une année. Depuis ce temps, le jeune garçon et sa mère ont développé une relation très étroite. Theo est très attaché à elle et l’adule mais un drame affreux lui ravira cette femme merveilleuse. En effet, une explosion survient pendant la visite d'un musée. La mère de Theo meurt mais lui survit par miracle. Sans réfléchir, il dérobe le fameux tableau épargné par la conflagration avant de quitter les lieux en état de choc. Mais auparavant, il a assisté un vieil homme mourant qui l’a chargé d’une mission. Ensuite, ensuite, ensuite…

Après un début prometteur et fort intéressant : visite du musée et analyses de quelques tableaux, mon enthousiasme est quelque peu retombé en lisant la période Vegas car Donna Tartt délaisse son intrigue pour se concentrer sur la vie dissipée de Theo et de son meilleur ami Boris. Les deux adolescents passent leurs temps libres à consommer alcools et drogues. Ils sont, la plupart du temps, laissés à eux-mêmes et deviennent presque des clochards. L’auteure insiste pour nous raconter en long et en large ces soirées bien arrosées et les déboires des deux amis. Cela devient un peu lassant à la longue car l’histoire s’enlise de même que le lecteur. Le tableau revient dans le décor épisodiquement.

Ce n’est pas un mauvais livre loin de là mais il m’a fallu une bonne dose de patience pour en venir à bout. Je connaissais le style de Donna Tartt, sa propension à décrire pendant des pages et des pages des faits anodins dans les moindres détails de la vie de ses personnages donc je n’ai pas été trop étonnée de retrouver cette propension dans ce livre. Cette lenteur risque de décourager de nombreux lecteurs mais pourtant, j’ai persévéré car j’aime bien Donna. Par contre, je n’ai pas retrouvé la magie de son premier livre « Le maître des illusions », livre qui m’avait conquise. Cependant, « Le chardonneret » a beaucoup à offrir : de belles analyses d’œuvres de grands maîtres, des détails intéressants sur la restauration de meubles anciens, de belles descriptions d’Amsterdam sous la neige, des personnages attachants (Boris est mon préféré), une bonne dose d’action dans les dernières pages, une atmosphère bien particulière et puis bien sûr le fameux tableau que je contemple souvent avec plaisir. J’ai aussi découvert grâce à ce livre de nombreux peintres intéressants.

À lire donc pour l’intrigue et les personnages mais il ne faut pas être pressé et faire preuve de beaucoup, beaucoup de patience et de persévérance. Cette lecture ne fut nullement du temps perdu car tout en me divertissant, elle a enrichi ma culture. Bien que certains passages soient légèrement ennuyeux, jamais je n’ai songé à abandonner et j’en suis bien heureuse.

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Enchaîné !

7 étoiles

Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 23 septembre 2019

Donna Tartt (1963- ) est une romancière américaine.
Son premier roman "Le Maître des illusions" (1992) est salué par la critique internationale. Elle n'a alors que 29 ans.
"Le Chardonneret" est son 3 ième roman, distingué par le Prix Pulitzer (2014)

Nous suivons le jeune Théodore Decker de 13 à 35 ans approximativement.
Une vie qui vole en éclat alors qu'il visite un musée new-yorkais avec sa mère. Une terrible explosion pulvérise plusieurs salles du musée, sa mère n'y survivra pas. Le jeune Théo se réveille dans les décombres, près d'un vieil homme agonisant qui le somme de quitter le musée avec un tableau (Le Chardonneret).
Commence alors une longue et lente descente aux enfers. La perte de sa mère, la crainte des services sociaux, un court séjour dans la famille Barbour, un père violent et alcoolique qui le récupère, direction Las Vegas. .
Mais aussi, la rencontre avec Boris, jeune homme égaré, extraverti qui va l'initier aux interdits (drogues, .... )
Puis, retour à New-York près de Hobie (un ébéniste antiquaire, sa bouée de sauvetage) .
Pour enfin rejoindre Amsterdam avec Boris et sombrer à nouveau.

Une brique de 1100 pages saluée par le Pulitzer, ça en impose , non ?
Alors, forcément, ça doit être superbe !
Eh bien non, la mayonnaise n'a pas pris, je me suis passablement ennuyé à la lecture de ce pavé.
Effectivement , les états d'âme de Théo sont superbement décrits, les parallèles avec la "vie" du tableau sont bien vus mais tout ça traîne en longueur.
Seul le dernier chapitre -hautement philosophique- a retenu mon attention .
Je reste très partagé sur cette lecture.

Un bel oiseau

8 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 26 avril 2019

Mon épouse est ma première conseillère littéraire et j’ai véritablement entrepris ce roman dont le style est propre à beaucoup d’auteurs nord-américains. Outre le fait que ces auteurs se sentent obligés de pondre de véritables briques, exigences probables de certains éditeurs d’Outre-Atlantique, le récit est lui-même prenant et même si on n’avance pas très vite (j’ai mis trois bonnes semaines pour arriver au bout), ce type de roman a le défaut de ses qualités et les qualités de ses défauts.

Les longueurs viennent surtout de nombreuses descriptions qui n’apparaissent pas toujours d’un intérêt majeur pour la compréhension ou tout simplement la qualité de l’œuvre. La chute est aussi assez brouillonne et aurait pu être mieux ficelée. Certes, j’ai presque eu envie de sauter certains passages, mais je me suis tout de même retenu, car malgré ce qui pourrait apparaître comme du remplissage, le style reste très bon et on ne s’ennuie (presque) jamais.

On risque aussi de décrocher de temps à autre en raison de références littéraires, cinématographiques voire historiques.

La description sociologique des Etats-Unis est remarquable, ce pays aux multiples visages, peuplé de véritables ignares mais aussi d’intellectuels prétentieux. On passe aussi par divers sentiments et d’interrogations métaphysiques sur le sens de la vie.

Je conseille donc la lecture de cette merveilleuse histoire de Théo mais alors emmener ce roman en vacances à moins que ce soit ce roman, d’une grande sensibilité, qui vous emmène quelque part.

Trop is te veel

5 étoiles

Critique de Ardeo (Flémalle, Inscrit le 29 juin 2012, 77 ans) - 23 janvier 2019

Je fais partie des lecteurs de CritiquesLibres qui ont été déçus après avoir ingurgité ce « plus d’un » millier de pages (en poche).

En effet, si je trouve intéressante cette histoire de vol de tableau et celle des personnages qui l’approche de près ou de plus loin, si j’apprécie vraiment l’écriture de Madame Donna Tartt et aussi ses procédés littéraires, je trouve qu’elle en remet tellement que son œuvre en devient indigeste. On dirait que l’auteure a été payée aux mots et surtout aux « bons mots ». A certains moments, il arrive qu’une de ces « digressions » occupe des dizaines de pages si pas des centaines de pages et finalement cela dessert le plaisir -que j’ai ressenti à certains moments du bouquin, bien sûr- de la lecture.

Dommage … pour une fois que je lisais une « brique » ! ????

Hors-norme et passionnant malgré des longueurs

9 étoiles

Critique de Warrel62 (, Inscrit le 30 mars 2013, 54 ans) - 24 août 2017

C'est pas tous les jours qu'on lit un roman de ce calibre, il faut bien le reconnaître. Hors-norme dans tous les sens du terme, son scénario est extrêmement bien foutu, original, l'écriture est remarquable et très visuelle, les dialogues parfois trash et assez jouissifs.

Un seul défaut et malheureusement là-aussi on est dans le hors-norme, sa longueur, l'auteur "s'étale" trop (on ne rentre d'ailleurs vraiment dans le vif du sujet qu'après 350 pages) et nous embarque régulièrement dans des détails inutiles qui n'apportent pas grand chose à l'oeuvre. Or, comme on accroche beaucoup, on a absolument envie que ça avance vite, on voudrait que ça accélère...

Il y a des grands classiques qui sont parfois "réduits" pour permettre leur étude sur le plan scolaire, il faudrait presque ici, car ce livre aurait pu être un énorme classique, faire appel à un spécialiste pour retirer 300-400 pages sur les 1100 et on serait à mon sens déjà beaucoup plus proche d'un consensus entre lecteurs.

Formidable !...

8 étoiles

Critique de Polyfarm (, Inscrit le 12 avril 2012, 113 ans) - 29 mars 2017

J’ai lu les deux autres mais le Chardonneret est le premier livre que j’ai lu de D. Tartt.
Eh bien, je pense que le Maître des illusions est un roman nettement surévalué, trop long, ennuyeux où il ne se passe rien !
Avec le Chardonneret nous avons une histoire originale, émouvante, une intrigue bien construite, des rebondissements et des changements de lieux.

L’auteur nous présente deux visages de l’Amérique diamétralement opposés.
La culture, l’art, l’esthétisme, la richesse et aussi le snobisme sont à New York.
A Las Vegas ce paradis superficiel, c’est alcool, drogues, plans douteux, personnes louches, ploucs en quête d’argent facile, néant culturel et vide des quartiers qui se perdent dans le désert.
Je ne reviendrai pas sur les détails de ce conte que j’ai trouvé formidable… Un enfant traumatisé par la perte brutale et atroce de sa mère et qui hérite accidentellement d’une œuvre d’art. Abandonné dans NY, il est livré à lui-même et… l’histoire commence… je vous laisse lire la suite !
D’autre part, les personnages nombreux et travaillés sont pris dans le vif et donnent tout son réalisme à l’histoire.

Un petit regret pour la fin digne d’un polard basique et en retrait par rapport à la qualité de cet ouvrage mais n’est-ce pas un peu le défaut de D. Tartt de faire de la «page» ?

Coup de coeur

10 étoiles

Critique de Psychééé (, Inscrite le 16 avril 2012, 36 ans) - 28 janvier 2016

Theo Decker, 13 ans, survit à un attentat dans un musée de New York où sa maman périt. Il se voit alors confier par un vieillard sur le point de mourir une bague, une adresse et un tableau : le fameux Chardonneret de Fabritius, chef d’œuvre néerlandais que vous ne pourrez vous empêcher d’admirer au cours de votre lecture !
Ballotté de New York à Vegas puis à Amsterdam, Theo fait son possible pour s’en sortir mais sombre dans la drogue et l’alcool. Il fait la connaissance de Boris, un russe débrouillard qui devient son grand ami. Au fil des ans, il se raccroche au Chardonneret comme à un trophée de par ses nombreux souvenirs heureux qu’il évoque.
Les personnages sont fort attachants, notamment Hobie, Pippa et Theo. L’ambiance dans le monde des antiquités et des arts crée un univers atypique et tellement envoûtant dans lequel on a envie de se lover.
Enfin, l’auteur nous emmène avec brio à nous interroger sur de multiples facettes de la vie : la difficulté de perdre un être cher, la frontière entre le bien et le mal, la solitude, la culpabilité. Un roman magistral que l’on quitte à regret.

trop c'est trop

5 étoiles

Critique de Wawa (, Inscrite le 2 mars 2012, 80 ans) - 19 août 2015

1100 pages pour mener l'intrigue mais 500 pages de trop en beuveries qui n'en finissent pas, le livre, fort bien écrit nous essouffle par des descriptions de situations à moitié crédibles qui n'apportent rien de plus. Dommage, l'histoire commençait bien, si l'on peut dire !

Réalisme contemporain réussi !

6 étoiles

Critique de Daoud (LYON, Inscrit le 8 février 2011, 49 ans) - 15 août 2015

Beaucoup de critiques font référence à Dickens pour faire l'analogie. Malheureusement, je n'ai pas lu cet auteur mais ce réalisme étant contemporain américain et le héros étant un adolescent, l'idée est posée. L'histoire du tableau est le prétexte pour un récit fluide et prenant. Les 1100 pages sont un peu longues à avaler mais le plaisir est au rendez-vous. Personnellement, j'ai trouvé la chute beaucoup trop moralisatrice. Et parfois, l'histoire est un peu saugrenue. Toutefois, l'impression est forte en fin de lecture et les personnages sont difficiles à oublier !

Une oeuvre en noir

8 étoiles

Critique de Ddh (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 83 ans) - 8 août 2015

Le chardonneret est le titre d’une peinture de Carel Fabritius (1622-1654). Cette œuvre d’art constitue la colonne vertébrale de ce roman fleuve de plus de 700 pages, mais d’autres membres de ce corps ne sont pas dénués d’intérêt.
La vie de Theo Decker, le narrateur, bascule à 12 ans. Il est victime d’un attentat dans un musée à New York : une violente explosion provoque la mort de sa mère et de Welty qui était là présent avec Pippa ; celle-ci et Theo sont violemment choqués. Le père de Theo ? Il est parti deux ans auparavant on ne sait où. Et le chardonneret ? Theo l’a récupéré parmi les décombres. La vie de Theo est loin de celle d’un fleuve tranquille. Ses rencontres ne sont pas celles que l’on peut attendre d’un enfant modèle : larcins, drogues en compagnie de gars douteux. Heureusement pour lui, il y a des gens qui lui veulent du bien comme Mrs. Barbour qui l’a recueilli et Hobie chez qui il travaille.
Le lecteur pénètre dans l’univers des antiquités, et du marché de l’art. Il perçoit aussi tout l’univers des drogués et leur vie en marge dans des trips inimaginables.
L’auteure fait vagabonder le lecteur, tour à tour, dans des descriptions précises des dégâts de la drogue, dans des considérations philosophiques, dans les méandres d’une morale de vie plus que douteuse. Il en ressort un pessimisme de la vie. Heureusement, l’intérêt de la lecture ne baisse jamais de par la progression de l’action.

Surévalué!

5 étoiles

Critique de Poet75 (Paris, Inscrit le 13 janvier 2006, 68 ans) - 3 mai 2015

Ce gros roman de plus de 1000 pages commence de manière tonitruante par une explosion au Metropolitan Museum de New-York. Theo Decker, un adolescent de 13 ans en visite avec sa mère, en réchappe mais pas cette dernière. Orphelin, le garçon, par un concours de circonstances, a emporté avec lui une des toiles les plus précieuses du musée, une oeuvre de très petite taille mais considérée comme un chef d'oeuvre, "Le Chardonneret", peint par Carel Fabritius (1622-1654).
Cette entrée en matière paraît de bon augure. Malheureusement le roman m'a laissé une impression mitigée, un peu comme si la romancière elle-même ne savait plus que faire du tableau volé par son personnage.
Le livre se divise clairement en deux grandes parties. La première, qui conte les aventures de Theo adolescent et dans laquelle il n'est quasiment plus question du tableau, fait irrésistiblement songer aux romans de Charles Dickens. On y retrouve les qualités et les défauts de l'auteur d'"Oliver Twist". C'est, à mon avis, le meilleur de l'ouvrage de Donna Tartt. La deuxième partie, beaucoup plus sombre, lorgne vers le thriller, le roman d'épouvante, le roman social à tendance nihiliste. Il y a une surprenante rupture de ton entre les deux parties. Theo, devenu adulte, se transforme en un personnage presque cynique sombrant dans l'alcool et la drogue, capable de trahir son mentor et de se laisser entraîner dans tous les vices sous l'influence d'un russe prénommé Boris. Le roman s'enlise et se perd alors dans des aventures abracadabrantes qui m'ont semblé peu convaincantes.
Ce roman de Donna Tartt, encensé par beaucoup de critiques, me paraît surévalué. Certes, il impressionne par son ampleur et par son ambition, mais il se perd dans ses excès de références et dans son artificialité. Difficile de croire aux personnages qu'il met en scène!

Cela aurait pu....

5 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 25 mars 2015

Ce long, très long, parfois même interminable roman aurait pu être une merveille... mais le trop tue sans doute le bien.
L'intrigue était pourtant bien préparée, l'ambiance parfaitement croquée. J'ai cru longtemps à l'explosion mais malheureusement j'ai trouvé que tous ces efforts de lecture (car ce n'est pas toujours facile de suivre) étaient récompensés par une fin un peu "faiblarde".
L'idée directrice qui se développe autour de ce tableau de Fabritius (peint en 1654) était un intéressant concept.

Reste de cette lecture le souvenir de ce petit oiseau qui est digne malgré sa chaîne et toise avec tristesse son spectateur. Comme dit le narrateur : "personne ne pourra jamais me convaincre que la vie est un cadeau merveilleux"

Quotidienneté du désastre "américain"

4 étoiles

Critique de Radetsky (, Inscrit le 13 août 2009, 81 ans) - 28 juillet 2014

On nous raconte une histoire (tâche à laquelle semble s'efforcer l'auteur pour coller aux canons réduits du roman contemporain), trouvant son origine dans une explosion : la violence originelle, gratuite et qui restera inexpliquée, en devenant même informulée, est métaphoriquement l'acte fondateur d'une "civilisation" aspirant à cultiver, via les hypocrisies de la religion majoritaire, un système de vie d'où la vérité des faits et des consciences est sommée de disparaître ; les protagonistes principaux, par l'entremise du brouillard éthylique et stupéfiant, tentent de retrouver une conscience authentique de soi et des rapports aux autres et au monde.

De furtifs signes extérieurs du passé (le chardonneret) dans un espace incongru (la Hollande du XVIIe siècle), qu'accompagnent un ou deux personnages aux actes surannés mais ô combien signifiants car humains, viennent rappeler où pourrait se nicher une vie débarrassée de l'artificialité des conventions, des us et coutumes domestiques, des relations faussées, à commencer par le sourire stupide qu'arbore immanquablement "l'américain" en toute circonstance face au tragique de la vie. L'issue est rien moins qu'assurée..

Aux péchés originels de la conquête et de l'esclavage, les "américains" n'ont encore trouvé comme exutoire à leur embryon de mauvaise conscience que les réponses frelatées de la boisson, de la drogue, du sexe marchandisé, d'une violence armée universellement appliquée, le tout bouillonnant dans le chaudron d'une mentalité insulaire obsédée par tout ce qui paraît "étranger". Tout est faux chez les êtres, marqués par l'univers marchand, lieu emblématique de tout échange, lequel se doit de revêtir une "valeur" que seul l'argent est supposé porter.

Au fond, ce pavé de 800 pages, une fois raboté, poli, expurgé des longueurs mises à bien nous enfoncer dans cet univers étouffant et répétitif, aurait pu se réduire à un constat de carence de quelques dizaines de pages, quant à l'incapacité d'une société à se regarder en face. Las ! Certains comprennent vite, mais il faut expliquer longtemps...
.
Le concert tonitruant des tambours et trompettes annonçant un chef-d'oeuvre à propos de ce livre lors de sa parution, est un procédé de publicitaire, devenu classique tout comme pour les lessives ou les voitures. Cet ouvrage est plus une tentative de remède à usage interne qu'une manière d'atteindre à l'universel. C'est assez désespérant dans l'ensemble.

Un roman sur le traumatisme du deuil

8 étoiles

Critique de Sentinelle (Bruxelles, Inscrite le 6 juillet 2007, 54 ans) - 9 février 2014

L'ombre de Charles Dickens, plusieurs fois cité dans ce roman, et plus particulièrement de son œuvre "Les Grandes Espérances", plane constamment au-dessus de cette histoire. Ce récit au long cours, aux multiples rebondissements et offrant de nombreuses perspectives, va du roman d'apprentissage d'un jeune orphelin, au roman noir, psychologique (personnages haut en couleur, tout en nuances et fortement contrastés), sociologique (variété des classes sociales abordées), au thriller et au roman d'aventure. Sans oublier le monde de l'art, le travail de restauration pour les préserver du temps mais aussi les sombres trafics et combines qu'ils suscitent.

Et un petit tableau (par sa taille mais non par sa valeur), "Le Chardonneret" du peintre flamand Carel Fabritius (élève de Rembrandt et maître de Vermeer), sauvé par deux fois d'une explosion, la première ayant eu lieu à Delf, en 1654. Ce petit oiseau enchaîné à son perchoir nous accompagnera tout le long du parcours chaotique de Theo. Une peinture qui n'est rien d'autre que le propre reflet du narrateur, enchaîné à ses doutes, culpabilités, remords, amours impossibles, dépendances mais surtout enchaîné à sa mère disparue trop tôt et trop brutalement. Une perte incommensurable qui entraînera un syndrome post-traumatique et un deuil impossible.


Les événements auraient mieux tourné si elle était restée en vie. En fait, elle est morte quand j’étais enfant ; et bien que tout ce qui m’est arrivé depuis lors soit ma faute, à moi seul, toujours est-il que, lorsque je l’ai perdue, j’ai perdu tout repère qui aurait pu me conduire vers un endroit plus heureux, vers une vie moins solitaire ou plus agréable. Sa mort est la ligne de démarcation entre avant et après. Et même si c’est triste à admettre après tant d’années, je n’ai jamais rencontré personne qui m’ait autant donné le sentiment d’être aimé.
[...]
Ça s’est passé à New York le 10 avril, il y a quatorze ans. (Même ma main se dérobe en notant la date ; j’ai dû appuyer pour l’écrire, juste pour que le stylo continue de courir sur le papier. Autrefois ce jour était tout à fait comme les autres, maintenant il ressort sur le calendrier tel un clou rouillé.)



Un bestseller qui mérite les éloges entendus dès sa publication, un roman d'une belle ampleur et des personnages qui me hanteront encore longtemps. Un roman désenchanté mais qui a du ressort, de la hargne et un certain courage.

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