Les Poilus
de Joseph Delteil

critiqué par Catinus, le 17 février 2014
(Liège - 73 ans)


La note:  étoiles
Excellent survol
Joseph Delteil est un écrivain et poète français né le 20 avril 1894 dans l'Aude (France) et mort le 16 avril 1978. Il écrivit « Les Poilus « en 1925 dans lequel il survole très bien, et surtout à sa façon, la guerre 14-18.
Voici les titres des chapitres : la mobilisation – la naissance du Poilu – la Marne – Papa Joffre – les tranchées – la Poilue – Verdun – Wilson – Clemenceau – Ludendorf – La Marraine – Foch – l’Armistice – la Paix.

Extraits :

- Et c’est alors que le Poilu fit son entrée dans le monde. Le Poilu ! Il y avait eu d’abord, le 1 er août, le Poilu aux joues rouges. Plus tard, il y aura le Poilu bleu-horizon. Pendant la retraite, il y eut le Poilu rouge. En pantalon garance et képi idem, la tête rougie de soleil et de sang, du poil plein la gueule depuis les oreilles jusqu’au fond du menton, il va, le Poilu. Son fusil lui pend sur le cul, et son échine ballote dans sa capote de boue. Le sac de travers, les musettes à la débandade, il clopine comme un crapaud. Il est sale de poudre, de défaite et de pluie. La fatigue lui dégouline dans les joues en sueurs et en maigreurs. Ses longues dents trouent ses mâchoires depuis le haut jusques en bas. Sa tignasse lui colle aux tempes en paquets de vase durcie. Des fils de salive cousent sa bouche à sa barbe. Le nez lui coule sur les pieds. Il est laid. Il est beau. Ses yeux emplissent son visage. Son cœur emplit son corps. Le Poilu, c’est un œil dans le poil. Le Poilu, c’est un cœur à poil.

- Un jour, on monte à l’attaque. C’est l’heure H. La gnolle gargouille dans les tripes. L’œil crache de la mitraille. Un coup de sifflet, et l’on y va. Pourquoi ? Comment ? Bah ! Qui tombe, tombe. Les tirs de barrage, on connaît ça ! On saute ! On pète ! On crève ! On crève un tas de Boches dans leur truc. On prend 10 mètres de Tranchées. La dix-milliardième partie du sol français, quoi !