Libérateurs de l'Irlande
de Paul Féval

critiqué par Bluewitch, le 3 août 2003
(Charleroi - 45 ans)


La note:  étoiles
La quittance de minuit
L'Irlande, source d'inspiration pour esprits enflammés. Violence et beauté sont toujours de mise. Paul Féval dresse ici le tableau d’une famille pauvre de la région de Galway, les MacDiarmid, dont les fils, à l’insu de leur père, se battent sous le couvert d’une organisation secrète, les « Molly Maguires ». Déterminés à briser l’occupation britannique, les Molly Maguires usent de pillages et de meurtres pour atteindre leur but, évoluant sous un code d'honneur indéfectible.
Miles, le père MacDiarmid, est un fervent partisan d'O'Connell, militant du pacifisme. Arrêté sous une fausse accusation d'appartenance aux Molly Maguires, son absence va laisser place à de nombreux drames au sein de sa famille. Ainsi, Morris, son second fils mais leader familial, pousse le propriétaire de leurs terres, Lord Montrath, à épouser sa propre fiancée, enlevée par ce dernier et dont il veut sauver l’honneur. Bien vite, le lord se déclarera veuf et se remariera alors que sa première épouse est en réalité enfermée vive dans un tombeau de pierre.
Morris ne sera pas le seul touché par la tragédie car Ellen, leur cousine et descendante légitime des MacDiarmid, tombera amoureuse d’un soldat anglais et fera tout pour l’épargner de la « quittance de minuit » (Note : « La quittance de minuit » est aussi le titre originel du roman qui parut en 1883), menace de mort des Molly Maguires.
Alors qu'en ville se jouent les actes d’une élection locale opposant les orangistes aux papistes, la famille MacDiarmid voit ses branches disparaître une à une. Destins héroïques et tragiques, Paul Féval nous les livre dans ce qu’ils ont de plus romanesque. Récit d’aventures, de passions, d’amours, de grands sentiments, de sacrifices, de trahisons.
Dans l’ensemble un roman qui se lit avec plaisir malgré ce reproche : il est bon de parler des Molly Maguires mais on en devine plus qu'on en apprend et j’ai dû faire une petite recherche pour en connaître un peu plus sur leur compte (et m'apercevoir que l’Histoire parle davantage du mouvement lorsqu'il sévit aux USA, lors des émeutes de mineurs et très peu de ses actions irlandaises). On ne discutera pas de l'écriture élégante de Paul Féval, elle l'est, c’est certain, bien que cette réimpression de son roman l’ait tâché de quelques fautes. Ecrit dans un léger désordre chronologique à l'image du chaos politique ambiant, le lecteur est pris à témoin de ce récit né dans le drame, destiné à se terminer dans le drame. Mais telle est l’Histoire irlandaise…