Concerto pour la main morte
de Olivier Bleys

critiqué par Dirlandaise, le 4 mars 2014
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
Le pianiste, l'éboueur et l'ermite
Colin Cherbaux, un pianiste français dont la carrière fut gâchée par une timidité et un trac maladifs, se réfugie dans un petit village de Sibérie afin de se préparer à un concert dans le calme et la paix des bois. Il réside chez Vladimir, l’éboueur du village, dans une cabane rustique non chauffée et dont la propreté laisse à désirer. Les habitants de Mourava sont très curieux de voir et surtout d’entendre le pianiste qui a acheté le piano du bateau l’ayant mené dans cette bourgade sibérienne perdue en forêt. Un vent de mélomanie souffle sur la petite agglomération et les exercices de Colin ravissent les paysans. Mais un jour, la main gauche du concertiste devient de fer et rien ne peut soulager cela. Vladimir conseille alors à Colin une visite dans le fond des bois où réside un ermite ancien cosmonaute et réputé posséder des dons de guérisseur.

Le style est un peu lourd mais l’histoire est truculente à souhait. Rempli d’humour et décrivant la vie frustre des villageois, le roman fait bien ressortir le caractère simple et roué des habitants dont la vodka constitue le centre de leurs préoccupations et vient soulager un ennui distillé par la vie morne et l’horizon limité de ce bout de forêt sibérienne.

Sans être un grand roman, le récit est divertissant. Les personnages et les situations désopilantes m’ont bien amusé. Ce pauvre pianiste perdu parmi les sauvages et se laissant corrompre par la vodka est très amusant même si parfois il est pathétique. Il est cependant soutenu par Vladimir dans sa détresse mais le Sibérien ne possède pas les moyens nécessaires ni l’éducation suffisante pour bien cerner la situation désespérée de Colin. Seul l’ermite Oleg parvient à comprendre Colin et lui offre une aide toute spéciale. Très amusant.
Comme un conte Russe... 8 étoiles

J'ai trouvé le premier chapitre un peu "difficile", mais la suite une fois que "Kolincherbo" entre en scène, est excellente !
Un récit étrange, que j'ai trouvé passionnant, et qui se lit un peu comme un grand conte Russe.

Vigneric - - 55 ans - 16 février 2015


Freud en Sibérie. 8 étoiles

Quelle agréable surprise que ce livre dont les chapitres sont numérotés à l'envers ; comme un retour aux sources, une psychanalyse ou une séance d'hypnose dans un froid polaire.
Il y a dans ce très sympathique roman quelques passages magnifiques.
Je vous en sers un (récolté dans les premières pages).
" Dans ce désert du bout du monde, la vodka ou son ersatz était d'un usage universel, bonne aussi bien à cuire les gosiers qu'à récurer les casseroles ou à chauffer les lampes.... Pour servir la vodka, tous les prétextes étaient bons : la guérison d'une maladie, l'arrachage d'une dent, l'arrivée ou le départ d'un visiteur ; parfois simplement un coucher ou un lever de soleil, les premiers froids ou les dernières chaleurs ; souvent moins encore, le mal d'exister, le poids du temps qui passe"...
Le moment où Kolincherbo décide de s'enivrer (de la page 181 à 184 de l'édition 2013) est lui d'anthologie. Un pur bonheur.
Il parait que ce paragraphe doit idéalement se déguster avec un grand verre de cette curieuse eau qui ne gèle pas dans le congélateur pour rendre pleinement tout son plaisir. (mais il s'agit peut-être d'une légende).
Donc si vous voulez savoir si ce diable de petit français parviendra à jouer sans bégayer le Concerto N° 2 de Rachmaninov vous êtes cordialement invités à Mourava.

Monocle - tournai - 64 ans - 5 mai 2014