L'Aéropostale - Des pilotes de légende, Tome 2 : Mermoz
de Christophe Bec (Scénario), Patrick Dumas (Dessin)

critiqué par Shelton, le 11 mars 2014
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Magnifique, passionnant et profondément humain !
Il faut que je vous avoue que j’ai toujours été fasciné par les aventures extraordinaires de ces conquérants de l’espace qui ont construit jour après jour l’Aéropostale, cette compagnie qui a pris des risques énormes pour transporter des lettres, oui du courrier tout simplement ! Aujourd’hui, avec nos e-mails, notre cloud, notre toile universelle, cela peut sembler dérisoire de sacrifier des avions, de l’argent, des vies humaines pour quelques papiers écrits…

Pourtant, ils furent nombreux à perdre la vie en tentant de rallier l’Europe à l’Afrique, puis l’Europe à l’Amérique du Sud. Les pertes d’avions furent aussi nombreuses et parfois dramatiques avec des pertes de pilotes massacrés au sol par des pillards, abimés en mer ou crashés dans le désert… Chacun sait aussi que parfois ces évènements accidentels pouvaient engendrer de la poésie, de l’écrit, du chef d’œuvre et comment ne pas évoquer Le Petit Prince qui fit rêver tant de lecteurs ?

Aussi, maintenant que vous savez l’émotion que m’a apportée l’Aéropostale, vous comprendrez bien que je ne pouvais pas laisser passer une série de bandes dessinées qui se donnait pour objectif de retracer la vie de ces héros, mi-hommes, mi-oiseaux. Mais si le tome 1 fut de qualité, c’est le tome 2, consacré à Mermoz, qui a retenu totalement mon attention et m’a donné envie de vous présenter cette série…

Attention, il ne s’agit absolument pas d’une biographie ! Cet album est en fait une évocation, un hommage, un clin d’œil, un sourire, une image… pour donner envie de porter Mermoz l’espace d’un instant dans son cœur. Par exemple, ici, on ne s’intéressera absolument pas aux idées politiques de Mermoz, au bien fondé de sa conception du monde des hommes. On va le surprendre dans un moment fort de sa vie, quand il traverse un orage très violent au-dessus de l’Atlantique. Cet évènement, qui se terminera bien, lui fait penser à un autre temps fort de sa vie, un jour où il était tombé en panne dans le désert. Ces deux moments vont permettre des oppositions eau-sable, mer-désert, hostilités du milieu naturel et accalmie météorologique, mise en danger et soulagement de l’arrivée à bon port, agressivité de la nature et celle, non moins réelle, de l’être humain, vie et mort…

Le dessin est exceptionnel car il permet une immersion totale dans le combat contre les éléments, dans la quête incroyable pour la survie, dans la présentation de ce personnage hors-norme… Les planches de la tempête, de l’orage, de la mer déchainée qui met l’équipage en péril sont d’une beauté, d’une grandeur, d’une profondeur qui ne peuvent que bouleverser les lecteurs. Celles du désert assèchent la bouche, nous donnent soif, nous rendent nerveux au moindre bruit de cavalcade… Oui, c’était une grande aventure que cette Aéropostale… et dire qu’aujourd’hui tout cela est terminé, moins d’un siècle plus tard…

Un très bel album qui donne envie de découvrir les autres, à savoir le Guillaumet qui est sorti en premier et le Vachet qui va très bientôt paraitre. Je signale dès maintenant que ce fameux Paul Vachet est un pilote né à Chalon-sur-Saône ! Qu’on se le dise !

Les plus lecteurs et curieux se feront un plaisir de lire ou relire les écrits de Joseph Kessel ou Antoine de Saint-Exupéry qui chantent cette épopée de l’Aéropostale, ouvrages dont je ne me lasse jamais depuis des années…