Le pape terrible, tome 3 : La pernicieuse vertu
de Alejandro Jodorowsky (Scénario), Theo Caneschi (Dessin)

critiqué par Septularisen, le 11 mars 2014
( - - ans)


La note:  étoiles
LA SAGA INFERNALE SE POURSUIT
Ce troisième tome de la biographie du Pape Jules II (Giuliano Della ROVERE), nous est raconté par Machiavel, tout juste revenu de la guerre, et qui profite d’un court moment de répit pour se ressourcer… Au bordel de Madame Imperia où l’attendent 4 « diablesses », totalisant quelques cinq cents kilos de bonne chair !...

Machiavel leur conte les campagnes victorieuses de Jules II (surnommé le Pape guerrier !...). Bien entendu, il ne se contente pas que de cela, puisque en plus des campagnes militaires du Pape, il nous fait partager aussi la « vie amoureuse » plutôt tumultueuse, du souverain pontife, puisque son amant Michel-Ange (qui est en plein chantier de la fresque du plafond de la chapelle Sixtine), doit maintenant partager la couche du Saint-Père avec son jeune rival surdoué Raphaël, à qui Jules II a confié la réalisation d’une fresque dans sa bibliothèque particulière.

Mais, la plus grande menace pour le trône de Jules II, ne vient pas de son style de vie scandaleux et de ses mœurs dissolues, mais plutôt de la France où Louis XII prépare un nouveau conclave à Pise, destiné à destituer Jules II de son trône.
Celui-ci demande alors à Leonardo Da VINCI de mettre au point une mystérieuse invention destinée à s’assurer, par la ruse, la loyauté de 5 des cardinaux qui s’apprêtent à voter sa destitution…

J’attendais avec impatience ce troisième volume de la saga de la vie du Pape Jules II, curieux de connaître la suite que le scénario de l’auteur franco-chilien donnerait à cette histoire, dont on sait pertinemment aujourd’hui qu’elle fût très loin de la version officielle, en vogue pendant de longues années, et relayée notamment par le film de 1965 «L’Extase et l’agonie» de Carol REED, avec Charlton HESTON dans le rôle de Michelangelo et Rex HARRISON dans le rôle de Jules II.

«JODO» nous distille encore une fois un de ses scénarios dont il a le secret… Tout en exagération et excès, machiavélique (c’est le cas de le dire…), entre démesure totale et folie revendiquée… Et, je dois bien avouer, que malgré les très nombreuses libertés prises avec la chronologie et la réalité historique, on se laisse prendre très facilement et au jeu de l’excès… Et pire, on en redemande !...
THÉO est quant à lui, toujours à son meilleur. Son trait réaliste et toujours superbe, n’est jamais aussi bon qu’au service de la démesure de JODOROWSKY. Il «interprète» littéralement le scénario de «JODO» et ses personnages, avec un sens de la théâtralisation hors du commun (voir pages 36-38 la scène du délire dans l’église de campagne…). Le voici donc avec des dessins inspirés, flamboyants, expressifs, voir expansifs… Le tout avec des perspectives puissantes toutes en beauté!
Florent BROSSARD enfin nous régale avec des couleurs vives et fortes, superbes il faut le dire, avec des jaunes et des rouges qui «arrachent», mais qui en même sont un véritable régal pour les yeux !...

Encore une fois, on ne peut qu’applaudir à la qualité de cette série, que je recommande d’ailleurs à tous ceux que le sujet intéresse. Attention toutefois, comme souvent avec les albums de JODOROWSKY, celui-ci est destiné à un public adulte et averti...