La Maison aux sept pignons de Nathaniel Hawthorne
(The House Of The Seven Gables)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Classique gothique
Non, le gothique, ce n'est pas que les romans fantastiques de Sire Cédric, Laurell K. Hamilton ou les "Twilight" de Je-ne-sais-plus-qui Meyer. Le gothique, à la base, c'est un courant littéraire fortement romantique (pas dans le sens "roman Harlequin", hein) du XIXème siècle, et parmi les auteurs les plus connus de ce genre, on peut citer Emily Brontë ("Les Hauts De Hurle-Vent") pour le Royaume-Uni, et Nathaniel Hawthorne pour le Nouveau Monde.
Ce roman est de Hawthorne, justement, et il est son deuxième roman. Il date de 1851, fait dans les 300 pages (l'édition abordée sur le site est de 350 pages, mais le roman démarre à la page 30, et se finit à la page 335 environ, le reste est constitué d'une préface et, pour la fin du livre, des notes et d'une bibliographie/chronologie), et il s'appelle "La Maison Aux Sept Pignons". Lovecraft lui-même (pas un contemporain de Hawthorne, mais ayant vécu à peu près au même endroit, en Nouvelle-Angleterre) dira de ce roman qu'il est "la plus éminente contribution de la Nouvelle-Angleterre à la littérature fantastique".
Littérature fantastique, oui.
Fantastique dans les deux sens du terme.
Ce roman se passe en Nouvelle-Angleterre, dans quelle ville, on ne sait exactement, mais l'action se déroule quasi-exclusivement dans une maison ancestrale, appartenant à une famille du nom de Pyncheon (la rue dans laquelle se trouve cette maison aux sept pignons est justement la rue Pyncheon), et cette maison est, on peut le dire, aussi belle que maudite : il s'y est passé des drames, autrefois, la famille Pyncheon elle-même a morflé, est maudite, un crime ancien a totalement bouleversé la famille et les lieux, et les habitants actuels (une vieille fille du nom d'Hepzibah - que je ne peux m'empêcher de lire 'Hepizbah', d'ailleurs, même si je sais que c'est une faute de lecture - Pyncheon et son frère perturbé Clifford, leur cousine Phoebé, plus jeune, et un photographe ne faisant pas partie de la famille mais en sachant pas mal à leur sujet) semblent quelque peu sous l'emprise de cette malédiction, ils n'ont pas une vie agréable (pécuniairement parlant), ce qui est une assez belle litote pour parler de leur vie.
Se lisant très facilement (21 chapitres peu étendus, le plus long fait moins de 30 pages, et les plus courts, une dizaine) malgré deux premiers chapitres assez ardus (il faut se faire au style narratif un peu distant de Hawthorne, l'air de dire "aaah, c'est ben malheureux, tout ça, oui-oui, mais en même temps, c'est pas mes affaires"), "La Maison Aux Sept Pignons", avec ses longs paragraphes et son manque cruel d'humour, n'est pas à conseiller aux lecteurs du dimanche qui n'apprécient pas trop la littérature XIXème et s'en tiennent le plus souvent à (Dieu ait pitié de nous) Marc Lévy. Mais si la littérature d'époque ne vous fait pas peur, je ne peux que vous conseiller ardemment la lecture de ce magistral roman, sans aucun doute un des 10 meilleurs romans anglophones de son époque, USA et Angleterre confondus. Sublime.
Les éditions
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La Maison aux sept pignons
de Hawthorne, Nathaniel Battesti, Anne (Préfacier) Imbert, Claude (Traducteur)
Flammarion / GF
ISBN : 9782081256545 ; 7,00 € ; 12/01/2011 ; 350 p. ; Poche
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Une hérédité aux multiples facettes
Critique de SpaceCadet (Ici ou Là, Inscrit(e) le 16 novembre 2008, - ans) - 3 février 2016
Roman gothique et allégorie à saveur morale, 'La maison aux sept pignons', tel qu'annoncé par l'auteur en préface, a pour but d'illustrer comment une fortune acquise par des moyens plus ou moins respectables, ne saurait constituer autre chose qu'une source d'ennuis pour ceux qui en héritent. Thème cher à l'auteur, l'hérédité est ici explorée au gré de multiples avenues, que celles-ci soient de nature morale, psychologique, surnaturelle ou matérielle, concourant dans l'ensemble à illustrer comment l'empreinte qu'elle laisse au sein d'un patrimoine familial est éventuellement transmise d'une génération à l'autre.
Il s'agit donc d'une histoire de famille, de biens usurpés, d'héritage et de querelles s'étalant sur plusieurs générations (environ deux siècles). Mettant en scène quatre ou cinq personnages principaux et gravitant autour d'une maison ancestrale, c'est un roman à l'ambiance lourde, hanté par les démons et autres mystères appartenant à un passé enfoui parmi des secrets bien gardés.
On entre dans ce récit grâce à un survol, effectué sur un ton humoristique, des grandes lignes de l'histoire de la famille Pyncheon, une famille qui, à l'instar de celle de l'auteur, compte parmi les premières à s'être établies en Nouvelle-Angleterre et qui, de militaires en magistrats, jouit, à tout le moins en surface, d'une solide situation.
Mais de manière atypique pour le genre, la suite nous entraîne dans une autre direction. Ainsi, plutôt que d'épouser une forme linéaire s'accordant à ce type de projet, plutôt que de s'appuyer sur une intrigue principale, -qui correspondrait ici à la mystérieuse disparition, à une époque antérieure, de documents relatifs à l'acquisition d'une parcelle de terrain-, autour de laquelle graviteraient les personnages, le récit s'inscrit, dès le second chapitre, dans un temps/cadre présent (c.à.d. aux alentours de 1840-50). Puis, s'accrochant à la remorque d'une intrigue secondaire, l'histoire évolue lentement, non pas suivant le déroulement de l'action associée à cette même intrigue, mais plutôt sur la base d'une analyse approfondie de la personnalité et des états d'âmes animant les principaux personnages.
L'étude de caractères est remarquable, mais après un certain temps, on se demande un peu où cela va mener.
Du reste, ne possédant que peu d'informations sur le passé de ces personnages, il nous est difficile de comprendre leur position actuelle de même que leurs motivations et, cela est d'autant plus ressenti que ces héros, affichant une singulière passivité existentielle, semblent n'avoir rien de mieux à faire qu'attendre que le destin se charge de leur vie.
Au demeurant, principal moteur de l'action, le destin ne se manifestera qu'à petites doses: on vend des gâteaux secs, on se laisse égayer par la visite d'une jeune cousine, on soupire derrière la fenêtre et on frissonne sous le regard incisif de l'ancêtre dont le portrait trône au centre de la maison. Parachuté au milieu de tout cela, un chapitre dédié à un ancêtre oublié. Et ainsi de suite. Puis, finalement, tel un feu d'artifice longtemps attendu, l'action éclate d'un seul coup et signe la fin du roman.
Si la conception exhibe quelques faiblesses (ce qui semble être une habitude chez cet auteur), en revanche, la prose exceptionnellement élégante et soignée de N.H., l'humour parsemant le récit, les diverses références aux objets, usages et habitudes d'époque, ainsi que la grande précision avec laquelle les personnages sont détaillés, contribuent à la qualité du roman. A eux seuls, ces éléments justifient la lecture, quoiqu'ils compensent avec plus ou moins de succès pour les déficiences structurelles.
1. Un premier roman ayant pour titre 'Fanshawe' a été publié à compte d'auteur et à titre anonyme en 1828, il a été suivi par 'La lettre écarlate', publié en 1850.
*Lu en version originale anglo-américaine.
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