La fin de la nuit de François Mauriac

La fin de la nuit de François Mauriac

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Saint-Germain-des-Prés, le 10 août 2003 (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 717ème position).
Visites : 10 974  (depuis Novembre 2007)

L'humain reste humain, même en recherche de rédemption...

Techniquement, voici la suite de Thérèse Desqueyroux (voir les critiques à ce sujet), même si Mauriac nous avertit dans la préface qu'il n’a pas voulu donner une suite à son livre, mais plutôt faire « le portrait d’une femme à son déclin ».
On y retrouve l'intensité dramatique de la vie de Thérèse.

Quinze ans après le non-lieu, Thérèse est au pire de la solitude, réduite à retenir sa servante Anna quelques secondes de plus quand elle s'en va le soir à dix heures.
La peur de la mort est la seule chose qui l’empêche de se suicider.
Lorsque sa fille de 17 ans frappe à sa porte, elle a un sursaut d'espoir.
Mais Marie n'a fait le voyage jusqu’à Paris que parce que sa famille est opposée à sa relation avec Georges et qu’elle a imaginé en sa mère un soutien.
Georges étant à Paris pour quelque temps, elle cherchait donc aussi à s'en rapprocher.
Thérèse se sent une nouvelle fois utilisée.
Malgré ce sentiment, elle veut agir pour le bien de sa fille.
C'est ainsi que, pour favoriser ce mariage, elle propose de renoncer à tout ce qu'elle possède et de l’offrir à sa fille.
Cela adoucirait peut-être la belle-famille qui connaît quelques difficultés financières…
Il reste que Thérèse a mauvaise réputation et qu'être sa fille est un handicap dans la recherche d'un époux : pensez, la fille d'une empoisonneuse !.

Thérèse va voir Georges chez lui pour lui exposer sa proposition.
Mais Georges rétorque que le mariage lui fait peur, qu'à 22 ans, il est encore trop jeune.
Thérèse lui répond : « Déjà 22 ans ? »
Lui : « Vous trouvez que je ne suis plus très jeune ? » Et Thérèse fait cette superbe réplique : « Oh ! vous savez ! dès qu’on est embarqué, c'est comme si on était déjà arrivé. »
Elle l’invite chez elle, afin qu’il apprenne à la connaître et à voir en elle autre chose que cette encombrante empoisonneuse.
Au terme du souper, Marie reprend son train pour aller calmer les esprits de la famille à Saint-Clair, après sa « fugue ».
Et Georges revient chez Thérèse.
Ils se revoient encore et Thérèse est troublée par la jalousie qu'elle lit dans le comportement de Georges lorsqu'elle parle à son ami Mondoux.
Comment ?
Elle peut encore éveiller de tels sentiments ?
Une nouvelle entrevue est suffisante pour qu’il lui déclare son amour.
Quelle joie de se sentir préférée (à sa fille, à une jeune fille de 17 ans).
Mais c’est à nouveau pour le bien de sa fille qu’elle veut écarter Georges en lui confirmant les bruits qui courent : la tentative d’empoisonnement était bien réelle.
On le voit déjà, alors que l’essentiel du livre vient après, Thérèse est à nouveau aux prises avec des forces opposées.
Sa solitude étouffante la rend sensible aux marques d’attention, mais elle veut agir le mieux possible, notamment pour le bien de sa fille.
Elle cherche à se racheter mais jouit du pouvoir qu'elle peut encore exercer sur les autres.
Une âme torturée, encore et toujours…Dans la préface, Mauriac explique ce qu’il voit en Thérèse : « le pouvoir départi aux créatures les plus chargées de fatalité & ce pouvoir de dire non à la loi qui les écrase.
Mais elle appartient à cette espèce d'êtres (une immense famille !) qui ne sortiront de la nuit qu’en sortant de la vie.
Il leur est demandé seulement de ne pas se résigner à la nuit. »

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7 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 10 août 2003

Loin de moi de regretter cet état de fait, mais je constate que critiqueslibres nous remet un auteur comme Mauriac à la mode, alors qu'il était plutôt passé à la trappe... Je ne suis plus le seul à critiquer de "vieux bouquins, ou de vieux auteurs", j'en suis ravi. Je suis cependant un peu étonné que la seconde partie de l'oeuvre de Giono n'ait pas trouvé plus rapidement de défenseurs... Personnellement, entre les deux je n'ai pas hésité à rescuciter le second plutôt que le premier. Comme quoi, tout est bien affaire de goûts et de moment. Et un quatre et demi !...

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