La demoiselle des tic-tac de Nathalie Hug

La demoiselle des tic-tac de Nathalie Hug

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Yotoga, le 13 mars 2014 (Inscrite le 14 mai 2012, - ans)
La note : 10 étoiles
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la mozelle et ses souffrances

Mutti divorce de Peter, français, violoniste, qui l’a quittée pour Rosalie et décide de partir de Ludwigshafen pour vivre avec sa fille Rosy en Moselle chez la mère de Peter. Nous sommes en 1937. Mutti est protestante, nazie et allemande. Oma Chouchou est catholique, lorraine et française. Rosy est entre les deux.

La mère de Rosy est intransigeante, élève sa fille à la dure et la prépare à devenir la secrétaire d’Hitler. Elle lui apprend à ne jamais se plaindre, à partager les rations de nourriture pour les temps durs et lui rappelle toujours qu’elles sont supérieures, que la Lorraine appartient au Reich et que Mein Kampf est le seul livre à lire. La demoiselle des tic-tac trace exactement la mentalité des Mädels nazie. La mère ressemble à Ursina Ladi dans le film « Lore » de Cate Shortland, froide, dure, toujours prête à servir le führer.

La grand-mère de Rosy est toute aussi grave avec elle, elle lui fait bien sentir qu’elle lui a été imposée dans son foyer, et fière d’être française, elle reporte sa haine des allemands sur la petite, comme le reste du village qui la traite de Gretchen et de boche. Elle reste le symbole de la résistance face à l’envahisseur, elle fait d’ailleurs passer des lettres secrètes dans les autres villages. Son dialecte mi-français, mi-lorrain est attendrissant, par exemple page 92 « une pien cholie raupe » pour une bien jolie robe.

Aux deux antithèses féminines font place Peter, le père absent mais qui vit par les accès de colère de Mutti : « tsigane », il l’a "ensorcelé avec son violon" et il est parti avec une « négresse » , (quelle claque pour la nazie pure aryenne qu’elle est ! ) et l’oncle Edy, le frère de Peter, qui ne se soucie pas de la nationalité de la petite et joue son rôle de père remplaçant aimant, jusqu’à ce qu’il parte en 1939 comme soldat.

Et puis, en 1940, la Lorraine redevient Lothringen. Après l’annexion, les professeurs des écoles et les programmes changent, les élèves apprennent l’histoire à l’allemande, Rosy devient la meilleur élève et certains anciens ennemis de classe lui lèchent les bottes. Là, l’exil et l’arrestation des juifs commencent. En 1944, les bombardements débutent, les américains arrivent, les portes des abris restent fermées pour elles ("nous sommes deux sales boches, tout juste bonnes à crever").
Finalement, que restera-t-il de cette éducation nazie ? Mein Kampf, symbole, sera mangé (schwere Kost) et partira en fumée…

Ce livre est l’histoire d’une vraie amitié au-delà des frontières, de la guerre et les secrets qui coupent les familles et de la région qui pendant un siècle n’a cessé d’être annexée et de souffrir des deux côtés.

L’auteur jongle entre mes deux langues, et représente l’écart des deux cultures ennemies, le style est extrêmement bien travaillé.

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