L'imaginaire : Gustave Doré au musée d'Orsay
de Damien Delille

critiqué par JulesRomans, le 16 mars 2014
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Gustave Doré : l'imaginaire au bout pouvoir de représentation
Voici un livre d’art dont la particularité est de n’offrir quasiment que des illustrations pleine-page ou sur double-page. Le texte n’est composé que du contenu des cartels que l’on trouve dans les musées, il est bilingue (anglais/français) et d’une longue introduction d’environ 3 000 mots dans chaque langue.

Le contenu permet de redécouvrir un Gustave Doré graveur mais aussi de le percevoir peintre. De nombreux musées des villes suivantes ont fait des prêts : Belfort, Ottawa, New-York, Londres, Strasbourg, Londres, Chicago, Grenoble et Clermont-Ferrand.
Les commentaires ne permettent pas seulement de mieux approcher l’ensemble des œuvres de Gustave Doré mais aussi autorisent une meilleure compréhension du conte du "Chat botté". En effet on oublie bien souvent de donner la morale proposée par Charles Perrault :

« L’industrie et le savoir-faire valent mieux que les biens acquis »

Cet hymne à la bourgeoisie conquérante est à mettre en lien avec "Le communisme en tableau" une histoire en images de Gustave Doré paru peu après les Journées de 1848 qui avaient fait apparaître une revendication sociale.

Bien entendu ce sont les représentations des lithographies et gravures qui ont une place de choix dans cet ouvrage. Certaines sont d’actualité comme cette tache rouge qui commence l’ouvrage "Histoire de la Sainte Russie" pour rappeler le martyre que les occupants (comme les Mongols) ou les dirigeants (nombre de tzars et d’impératrices) ont fait subir à la population de ce pays.
Par ailleurs les représentations que fait Gustave Doré de Londres peuvent tenir lieu de reportage sur la misère ouvrière dans les centres urbains vers 1870 ou sur les distractions comme "The Derby at Lunch".

Sans une reproduction du "Petit Poucet", "Chat botté", , du "Don Quichotte" et de "L’enfance de Pantagruel", nous n’aurions pas saisi ce que Gustave Doré a apporté à des œuvres du patrimoine littéraire et combien ses représentations influencèrent l’évolution des histoires en images qui retravaillèrent le sujet. L’ouvrage, que nous présentons ici, fait d’ailleurs un clin d’œil aux journaux illustrés de l’époque et en particulier à "L’Illustration".

Il est à noter que ce catalogue porte une exposition "L'imaginaire: Gustave Doré au musée d'Orsay", qui après s’être tenue du 17 février au 11 mai 2014 au musée d’Orsay, se tient à partir de juin 2014 à Ottawa.

Pour une adaptation contemporaine de l’esprit des gravures de Gustave Doré, on dispose de l’ouvrage "1, 2, 3 l’effroi "par Albert Lemant sorti chez L’atelier du poisson soluble en 2012. "Gustave dort" est l’ouvrage qu’ Albert Lemant a conçu pour les jeunes afin d’accompagner l’exposition "L'imaginaire: Gustave Doré au musée d'Orsay".