Le Chant de Salomon
de Toni Morrison

critiqué par Romur, le 16 mars 2014
(Viroflay - 51 ans)


La note:  étoiles
Ceux qui savent voler
Voici un des premiers romans de Toni Morrison.
Démarrage dans les années 40. Macon Mort Jr (surnommé Laitier) est le troisième enfant et premier fils de Macon et Ruth Mort et fait partie de la bourgeoisie noire : sa mère est fille de médecin, son père s’enrichit dans la location immobilière (« Je vais te dire la chose la plus importante que tu auras jamais besoin de savoir : possède des choses. » déclare-t-il à son fils. « Un nègre dans les affaires, c’est une chose terrible à voir » constate une vieille femme qu’il a expulsé). En grandissant, il va progressivement découvrir l’histoire et les tensions familiales, transgresser un interdit en allant rencontrer la sœur de son père (un de ces personnages de femme à la Toni Morrison, forte et marginale, un peu folle un peu sorcière). Trop riche pour s’intégrer aux noirs, trop noir pour fréquenter les blancs, Laitier développe un lien fort avec son unique ami, Guitare.
Au trois-quarts du roman commence la deuxième partie, où Laitier devenu adulte se lance dans une quête au trésor qui va devenir une quête de ses origines et de celles de sa famille. L’ambiance s’imprègne un peu de magie et de fantastique, tandis que Guitare, devenu aigri par sa condition et affolé par l’odeur d l’or, rôde comme un spectre menaçant.

Quête d’identité, quête des origines, quête d’amour. Renoncement pour se libérer. Ce livre est riche du témoignage social qu’il porte et de l’humanité qui l’habite.
Magique 9 étoiles

Le chant de Salomon c’est l’histoire d’une famille noire américaine plutôt aisée mais pleine de secrets et de ressentiments. Macon, le jeune garçon du foyer, plongé dans cette atmosphère étouffante, essaiera de trouver sa place dans le monde. Pour cela, il partira pour un voyage qui le mènera bien plus loin qu’il ne l’aurait imaginé au départ. Une superbe histoire peuplée de personnages forts.
Outre le fait que Toni Morrison dépeint merveilleusement bien et sans concessions la condition des Afro-Américains, cette grande dame de la littérature est une experte qui sonde l’âme humaine avec une acuité qui force mon admiration. Elle excelle dans la description des sentiments, des blessures et des failles de ses héros en y ajoutant une petite dose de magie et de rêve qui décuple la force de ses récits. C’est pour cette raison que je la classe parmi mes auteurs préférés.

Kabuto - Craponne - 64 ans - 6 septembre 2014