La démocratie des crédules
de Gérald Bronner

critiqué par Elya, le 19 mars 2014
(Savoie - 34 ans)


La note:  étoiles
Croyances individuelles et collectives ; importance de connaître les biais cognitifs nous y amenant
Gérald Bronner, sociologue, a écrit différents ouvrages de vulgarisation portant sur les croyances individuelles et collectives. Dans cet essai, il explore les causes de la forte répansion de ces croyances de nos jours. Il cherche à montrer, dans un premier temps, la massification de ce qu’il nomme le « marché cognitif », lieu d’informations sur le vrai et/ou le bien. Internet, chiffres à l’appui, serait le lieu où ce marché se développe le plus.

Mais c’est surtout la deuxième partie de son argumentaire qui m’a plu. Il y expose de nombreux biais cognitifs, mis en évidence par des travaux expérimentaux depuis la deuxième partie du XXème siècle. Ces biais cognitifs, auxquels nous sommes tous sujets, expliquent pourquoi les individus croyants ont tendance à s’enliser toujours plus dans leur croyance, quelle ques soient les informations qui leurs sont présentées (biais de confirmation). D’autres biais s’appliquent lorsque l’individu, encore irrésolu, est confronté au même type d’informations.
Bien sûr, Gérald Bronner n’est pas le premier à diffuser ces biais (voir par exemple les ouvrages de Jean-Léon Beauvois, Robert-Vincent Joule, Ahmed Channouf etc.). Mais dans ce domaine où même les statisticiens et les plus connaisseurs se font avoir, des piqûres de rappel ne sont jamais mal venues. D’autant plus que la façon dont Gérald Bronner les agence et les illustre est attractive.
L’auteur nous présente aussi des expériences qu’il a menées avec ou auprès de ses étudiants, pour tenter d’apporter des preuves expérimentales à ce qu’il avance. C’est ainsi qu’il montre de manière simple et reproductible comment, sur internet, des informations erronées et pseudoscientifiques ont tendance à être plus disponibles que des informations valides.

Gérald Bronner rapporte que pour diminuer la crédulité collective, de nombreuses personnes rétorquent qu’il suffit d’améliorer le niveau de connaissance globale. Il démontre en quoi cela lui paraît erroné et propose plutôt l’enseignement répété de l’esprit critique et de la méthode scientifique : « Il faut creuser le sillon de la pensée méthodique pour que chacun soit en mesure de se méfier de ses propres intuitions, d’identifier les situations où il est nécessaire de suspendre son jugement, d’investir de l’énergie et du temps plutôt que d’endosser une solution qui paraît acceptable : en un mot, de dompter l’avare cognitif qui est en nous tous. » (p314)
Pour retrouver une certaine liberté de pensée 10 étoiles

Pour reprendre du recul vis-à-vis de la circulation des idées sur internet et pour comprendre nos biais de raisonnement, il faut absolument lire ce livre.
A partager largement autour de soi

LaVillatte - - 49 ans - 31 janvier 2015


Peut-on penser droit ? 10 étoiles

Cet ouvrage va vous expliquer impitoyablement les biais psychologiques qui nous font nous tromper dans nos raisonnements, les effets collectifs qui limitent la « sagesse des foules », comment Internet accélère la propagation des idées fausses et des superstitions, pourquoi les journalistes sont enfermés dans un système qui les pousse à donner la parole à n’importe qui et à ne faire preuve d’aucun recul critique, pourquoi l’éducation ne permet pas nécessairement de faire reculer la crédulité…

Pour tous ceux qui ont le sentiment que le monde marche parfois sur la tête et qui se désolent d’entendre les contre-vérités se propager, la lecture soigneuse de cet essai va vous dévoiler la mécanique implacable qui est à l’œuvre dans « démocratie des crédules ». Et en dépit des pistes proposées en dernières pages pour y remédier, on finit avec une inquiétude et un goût amer dans la bouche.

Pour essayer de penser droit, je vous conseille aussi "Statistiques, méfiez-vous" qui traite d'une sous-partie de la large problématique balayée par Bronner.

Romur - Viroflay - 51 ans - 6 août 2014


vers la démocratie de la connaissance 9 étoiles

L'auteur décortique les croyances urbaines et démontre comment elles prolifèrent en s'appuyant sur le fonctionnement du cerveau humain qui, à défaut d'être mis en garde et entrainé , se laisse facilement berner, et comment la démultiplication de l'accès à l'information mais surtout la démultiplication de l'apport d'information et de données et d'avis grâce aux nouvelles technologies favorise non seulement leur diffusion mais aussi les renforce.
Il s'appuie sur des exemples concrets et les démonstrations sont convaincantes. Ainsi il s'attaque aux thèses de complots qui ont proliféré après le 11 septembre en obtenant un certain succès ainsi qu'aux rumeurs qui finissent par passer au 20 heures ( affaire Baudis notamment) Il démonte tout cela mais il n y a pas que les thèses farfelues qui sont démontées. D'autres sujets, comme les OGM, le danger du nucléaire sont abordés et il montre les biais qui sont en jeu .
Bref, cet essai bien documenté et étayé par des expériences convaincantes, est salutaire afin que la technologie soit réellement au service de la démocratie et de la connaissance

Teacher1 - - 58 ans - 4 juin 2014