Le monde futur
de Wang Xiaobo

critiqué par Bertrand-môgendre, le 23 mars 2014
(ici et là - 69 ans)


La note:  étoiles
Mais qui est qui ?
Quatrième de couverture.

Roman en deux parties, Le Monde futur commence par l'histoire de "Mon oncle", un écrivain qui n'a jamais pu se faire publier de son vivant, et dont le narrateur, historien de formation, entreprend de restituer le passé à sa manière, en déjouant la méfiance des autorités toujours promptes à traquer les sous-entendus. S'ensuit un récit où la vérité demeure constamment insaisissable, et dans lequel les jeux amoureux deviennent une figure ambiguë des rapports de domination. Contre toute attente, cette biographie peu conventionnelle est largement plébiscitée. Mais on ne peut, dans la Chine totalitaire, s'octroyer de telles libertés narratives et la sanction ne tarde pas à tomber. Ainsi s'ouvre la seconde partie de ce livre : privé de son ancienne identité et soumis à une procédure de réinsertion, le narrateur devient "écrivant" aux ordres de la Société générale d'administration de l'ordre public. Il voit alors sa vie sombrer dans un cauchemar que seuls ses traits d'humour noir viennent éclairer. Métaphore de la condition imposée aux intellectuels sous le régime communiste, ce roman à l'humour caustique aborde cette période sur le mode de l'absurde et de l'onirisme, en y mêlant une touche d'érotisme à la frontière du sadomasochisme



Mon commentaire.

Il est des romans où le lecteur cherche sa place.
Il est des romans où l'auteur change de rôle emprunte celui de son personnage principal, l'oncle, qui écrit lui-même un roman, tout en inventant une autobiographie qu'un neveu jaloux écrirait en prenant la place du narrateur...
Vous avez compris ?
C'est vrai qu'il n'est pas aisé d'aborder « le monde futur » sans prendre du recul, sans connaître le passé de Wang Xiaobo.

Je repense à la phrase de Ma Jian dans « chemins de poussière rouge »,
… L'écriture est moins risquée que la peinture pour moi. Je peux me cacher dans un labyrinthe de mots, parmi les détails de la vie des gens ».

Avec Wang Xiaobo, le labyrinthe prend toute sa dimension.
C'est au lecteur de dévider un fil d'Ariane pas facile à saisir. Est-ce là la force de cet écrivain ? Je pense que nombre d'étudiants fan de l'auteur ont compris ce qui me paraît flou.

Malgré ma volonté de découverte de la culture chinoise, il me reste bien des murailles à franchir pour comprendre leur désir de s'exprimer.
En m'inspirant du Zhuāngzǐ (ouvrage écrit par un philosophe chinois communément appelé Zhuāng Zhōude la fin du quatrième siècle avant Jésus Christ) à propos de la littérature chinoise, je peux paraphraser une pensée :

le crapaud au fond de son trou ne saurait discourir sur la mer ;
Le moustique dans sa grande humidité ne saurait philosopher à propos du gel ;
Le modeste lecteur que je suis ne saurait disserter sur la littérature chinoise, prisonnier du peu que j'ai lu des auteurs de ce pays.