La faute au midi
de Jean-Yves Le Naour (Scénario), A.Dan (Dessin)

critiqué par JulesRomans, le 6 avril 2014
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Messimy étale un petit Gervais du fait d'un mensonge de Joffre
Cet album de BD "La faute au Midi" est une adaptation de l’étude menée par son scénariste l’historien Jean-Yves Le Naour dans un livre "La légende noire des soldats du midi" présenté sur Critiques libres.

Par ailleurs une exposition "La faute au Midi. Soldats héroïques et diffamés" sera proposée gratuitement du 25 mars au 5 juillet 2014 aux Archives départementales des Bouches-du-Rhône d'Aix-en-Provence et sera ouverte du lundi au samedi de 9h à 18h (sauf le mardi matin).

Rappelons que les soldats français envoyés au combat baïonnette au canon, sans préparation d’artillerie se firent en grand nombre massacrer par les canons boches sans avoir vu la silhouette des Allemands. Ceci est particulièrement vrai en Lorraine où, contrairement à la Belgique, les troupes françaises sont dans l’esprit de l’offensive.

Si lâcheté il y eût ce fut, non celle de Castelnau et de ses troupes, mais celle de Joffre qui masqua son échec stratégique par une médisance à l’encontre de régiments composés en grande partie de Provençaux. Aux yeux du ministre de la guerre, qui lui demande des comptes, Joffre se défile. Messimy (d’origine lyonnaise et député de l’Ain), pourtant ancien officier, accepte cette explication et va au-delà puisque il demande à Auguste Gervais un Parisien (élu d’Issy-les-Moulineaux) de ses amis sénateur et par ailleurs journaliste de populariser cette idée dans le grand quotidien qu’est "Le Matin". Évidemment l’image de Tartarin de Tarascon est portée par le texte même si elle n’est pas sollicitée directement par Auguste Gervais.

L’album "La faute au Midi" s’attache plus particulièrement au destin d’un Corse Joseph Tomasini du 173e RI et d’un Varois Auguste Odde (né à Six-Fours) du 24e régiment des chasseurs fusillés le 19 septembre 1914. L’historien scénariste a remarqué que les traits donnés par B. Chavannaz au soldat marseillais invitant les habitants de la cité phocéenne à souscrire à l’emprunt de guerre en 1917 et portant en provençal la phrase : « Marsihès fai toun devé » sont quasiment ceux d’Auguste Odde alors que, détail important, l’homme en question est en uniforme de chasseurs. Ce genre d’informations et d’autres sont dans un dossier documentaire de huit pages en fin de volume. On notera que Foch n’a pas, contrairement à Castelnau, mis en doute la stratégie de Joffre qu’un autre général résumait en «Attaquons, attaquons comme la lune».

Les paysages urbains, ruraux ou de combats sont particulièrement bien croqués, trois pages entières sont proposées sur un village de la Corse-du-Sud et ses abords, plusieurs pages montrent la guerre au nord de Nancy. Par ailleurs, dans "La faute au Midi", sont mis en scène des personnages historiques comme des généraux, des ministres ou des parlementaires et pas seulement du Midi puisque ardent avocat du contrôle des conseils de guerre, Paul Meunier, un député aubois est dessiné (sans être présenté page 45). Nous avions critiqué l’ouvrage qui était consacré à ce dernier, à savoir "Paul-Meunier, un député aubois victime de la dictature de Georges Clemenceau" d’ Yves Charpy.